Je n'en peux plus de rester cloîtrer dans cette stupide chambre. La porte close, mes parents pensent me punir, me donner une bonne leçon en m'enfermant ainsi, sauf que bien au contraire, ça ne fait que m'éclaircir les idées sur ce monde dans lequel j'ai grandi, sur eux, sur les méfaits de l'argent sur un être humain. Depuis ma naissance je suis enfermée dans cette spirale infernale avec eux. Ils ont beau avoir les plus beaux appartements, les plus belles voitures, les diamants les plus chers, ça ne change rien au fait qu'ils ne sont pas libres. Ils sont dépendants des petits billets verts. Personnellement, je m'en passerais bien. Je pourrais vivre sans ses artifices. Mon rêve ? Prendre mes affaires et partir faire le tour du monde avec uniquement un sac à dos. Sauf que cela m'est impossible, car je suis retenue comme prisonnière dans cette tour d'ivoire. Heureusement que j'ai quelques alliés comme Allie, ma nourrice. Elle me comprend et me soutient dans mes objectifs. D'ailleurs encore aujourd'hui, après avoir fait une énième connerie et alors que je me retrouve enfermée dans ma propre chambre, j'entends toquer à la porte. Après un cliquetis de clé, la poignée se tourne et je vois apparaître le visage de mon petit blondinet. Souriant, comme d'habitude, il pénètre dans ma chambre avec discrétion avant de refermer la porte derrière lui. « Allie m'a laissé entrer, elle est vraiment cool ! ». C'est vrai, elle l'est. Il me rejoint sur mon lit et s'allonge à mes côtés. Son sourire me fait littéralement fondre, sauf qu'il est mon meilleur ami. Je le connais depuis que j'ai cinq ans et on ne s'est jamais quitté. On partage tout, on se dit tout. En somme, nous sommes comme inséparables. J'avoue l'apprécier un peu plus, mais je préfère garder ce flot de sentiment pour moi, car je ne voudrais pas briser le lien si fort qui nous unis l'un à l'autre. Une amitié pareille ça se conserve. Dès que mes parents me privent de sortie, il trouve toujours le moyen de venir me tenir compagnie. Sa présence m'apaise, ses mots me soulagent. Le hic, mes parents le déteste. Ils disent qu'il n'est pas comme nous. C'est-à-dire riche. Il est vrai que c'est un jeune garçon qui vit dans une famille modeste, pas très attentif en cours et passionné de musique (d'ailleurs, il rêve d'en faire son métier). Il n'empêche que même cette barrière que pose mes parents, ça ne nous empêchera pas de nous retrouver. Nous sommes des aimants qui s'attirent l'un vers l'autre. Je crois bien que je ne pourrais pas vivre sans et pourtant (...)

Il est parti. Quel lâche, il m'a abandonné pour sa stupide passion. Une tournée, mon cul ouais. Je le déteste tellement, je lui en veux de m'avoir laissé. Heureusement que depuis le temps j'ai changé, évolué et j'ai pu prendre ma vie en main. Mes parents m'ont envoyé à berkeley pour que je suive des études. Stupide. Ils m'ont laissé un peu de liberté, j'en ai profité pour les abandonner. Je suis partie sans laisser un mot, une trace de mon existence. Je ne leur manquerais pas de toute façon. J'ai pris le peu d'affaire que j'avais et je suis partie. Le pouce en l'air, j'ai pu enfin réaliser mon rêve. Voyager. J'ai ainsi pu faire le tour des états-unis. Cette expérience m'a changé, m'a fait mûrir (ou quoi que). Mais tout cela c'est grâce à un homme. Un vrai, un dur. Il m'a prit en stop et nous avons parcouru ensemble un bout de chemin. Au départ tout nous opposait. On se détestait, voir haïssait. Il me traitait de gamine pourrie gâtée et moi de vieux soûlard. L'ambiance était électrique entre nous, on s'engueulait souvent. Finalement la passion et l'attirance ont prit le dessus. Un soir nous sommes allés plus loin et j'ai passé la nuit la plus torride. Nous avons réitéré l'expérience. Nous n'étions pas un couple, ni de simples amis également. Au final notre relation était indéfinissable. Nous étions juste heureux et nous profitions de l'un et de l'autre. La petite fille ambitieuse est devenue teigneuse et légèrement manipulatrice. Un brin loufoque, timbrée, mais toujours aussi douce et gentille. Deux personnalités qui s'opposent dans un seul corps. Après notre voyage, nous nous sommes arrêtés à San Diego. J'ai trouvé un job, celui de vendre des beignets et lui, comme mécanicien. Entre nous les choses commençaient à se poser, comme un petit couple. Et je crois bien que c'est ça qui sonna la fin de notre histoire. On devenait comme tout le monde. Les disputes se sont multipliées et au final, nous nous sommes séparés. Je ne veux plus le revoir car je sais que s'il était de nouveau face à moi, je ne pourrais m'empêcher de lui déchirer ses vêtements et de lui sauter dessus. Entre nous, ça a toujours été bestiale. Je repense donc a cette histoire alors que je continue de vendre mes stupides beignets. Quand soudain (...) je me stoppe. Je suis à la limite de la crise cardiaque. Il est là, devant moi et il me sourit. Quel enfoiré. J'ai envie de sauter par-dessus le comptoir pour lui foutre mon poing dans la gueule, mais d'un autre côté j'ai aussi envie de le serrer fort dans mes bras tellement ça fait longtemps. J'hésite puis je me lance. Je sors de mon stand et l'enlace. C'est tellement bon de le retrouver. Mais le revoir, ne va faire que me chambouler un peu plus. Quelle merde.