C'est dans la deuxième plus grande ville de Russie que je suis né et que j'ai passé la majeure partie de mon enfance. J'étais le fils de Ludmila Nikolena Jablokova et du célèbre milliardaire Egor Leonidovitch Chaikovski. J'étais le fils unique des Chaikosvki. Ma mère m'avait toujours dit qu'elle aurait aimé avoir une fille. Mon père, lui disait que moins il avait d'enfants et mieux il se portait. Pour être honnête, mon père ne s'était jamais réellement soucié de moi. Je sais, vous allez vous dire que je cherche à attirer l'attention, à être pris en pitié mais ce n'est pas mon intention. Je raconte seulement les faits et jamais vous m'entendrez me plaindre de l'enfance que j'ai eu.

Mon père était convaincu que l'argent était le mot roi, qu'il suffisait de me gâter de jouets ou de gadgets nouveaux avec lesquels je pouvais frimer à l'école pour me rendre heureux. Le problème est qu'il était souvent absent. Il était rarement là au manoir. Mais je n'étais pas celui qui en souffrait le plus. Je m'étais habitué même si je dois l'avouer, petit, c'était dur de voir que son père s'en fichait de soi. Celle qui en souffrait vraiment, c'était ma mère. Je le lisais dans ses yeux, c'était comme si elle était veuve, comme si elle était une mère célibataire. Le soir, nous mangions uniquement tous les deux. Mon père rentrait tard et mangeait avec ses collègues de travail. J'aimais par dessus tout le borsch que ma mère faisait. Rien ne valait la cuisine de ma mère. Quand il faisait très froid, un peu de borsch n'était pas de refus.

Ma mère soupçonnait mon père de la tromper. Les hommes riches se croyaient capables de tout, elle ne cessait de me répéter. Ma mère était issue d'une classe sociale moyenne. Elle était simple et modeste, à l'opposé de mon père qui ne cessait de se vanter de ce qu'il possédait durant les grandes réunions familiales. Il était né avec une cuillière d'argent dans la bouche. Je m'étais promis qu'en grandissant, je ne deviendrai pas comme lui. Il me décevait beaucoup mais jamais je ne le fis ressentir. J'avais du respect pour lui car quoiqu'il fasse, il restait mon père. Puis, c'était lui qui finançait mon lycée privée, lui qui me donnait des sous chaque fois que je voulais faire quelque chose. Je me comportais comme un adolescent obéissant et reconnaissant. C'est également lui qui avait payé mon école d'arts cinématographiques. Je lui devais beaucoup de choses.

A L'Université, j'étudiais les arts cinématographiques. J'avais beaucoup d'admiration pour ces célébrités américaines que l'on voyait à la télé et j'espérais à mon tour me retrouver à leur place, marchant sur un tapis rouge,signant des autographes, participant à des interviews, j'étais un jeune étudiant plein de rêves. J'ai fait ma dernière année d'étude en Californie, à San Diego. L'intégration n'a pas été facile et parfois, les gens se moquaient de mon accent russe. J'ai du faire des efforts pour améliorer mon accent et faire plus "américain". Après mes études, mon père m'a passé quelques contacts de studios de films américains. J'ai été contacté pour montrer ce dont j'étais capable de faire et..grosse surprise, j'avais été choisi pour incarner un rôle mineur mais je m'en moquais, c'était un bon début. Petit à petit, j'avais de petits rôles dans des séries américaines et aujourd'hui, je suis devenu un acteur assez connu. L'ennui c'est que mon père se fait vieux et qu'il aimerait que j'hérite de son entreprise de vêtements mondains aux prix incommensurables, réservée aux personnes très riches. Ceci impliquerait que je retourne vivre à Saint-Pétersbourg. Ma mère essaie de l'en dissuader mais il n'y a rien à faire. Très récemment, j'ai appris une nouvelle qui m'a bouleversé: ma mère a choisi de divorcer en découvrant qu'elle avait été trompée de nombreuses fois. C'était choquant mais inévitable.

Je vis actuellement dans un gigantesque appartement au coeur du centre-ville, vivant dans un univers de strass et de paillette. Mais j'ai été bien éduqué et je reste modeste. Je n'oublie pas mes valeurs et principes pour autant et je vis au jour le jour. Car, un jour, oui, un jour, il se pourrait très bien que je revienne à la case départ et que la célébrité m'abandonne. Là, commencera pour moi la descente aux Enfers car il n'y a rien de plus fatal que de tomber dans l'oubli. En attendant, je profite pleinement de mon succès et de ma richesse.