« You Only Live Once. »
Voilà qui résumerait bien ma vie. Je suis né à Boston, le 14 septembre 1988. Mes parents… Je le ne les jamais connus. Trop jeunes pour assumer un bébé, ils préfèrent me confier aux bons soins d’un orphelinat. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, j’y ai passé de merveilleuses années. Nous étions comme une grande famille. Nous nous protégions les uns les autres, nous étions là les uns pour les autres. Mais comme on dit, même les bonnes choses ont une faim… Sinon, je passerais mon temps à manger… Enfin bref ! Chacun avait son rôle, moi j’étais plutôt le genre casse-cou. Je sautais partout, en fait, je ne tenais pas en place. C’était plus fort que moi. Et puis, j’aimais faire rire ceux qui m’entouraient donc je passais mon temps à faire l’idiot. On m’appréciait pour ma bonne humeur et ma douce folie.
Je passe assez rapidement sur mon enfance car elle est assez banale. Donc, lorsque j’eus 12 ans, je quittais l’orphelinat pour les joies d’avoir des parents adoptifs. Des gens tout à fait charmants. Le mari, Matthew Emmett, était comptable dans une banque réputée et sa femme, Claire, était une jeune instructrice. Le modèle des parents parfaits… Aux yeux du service des adoptions. En réalité, ce charmant couple voulait avant tout un futur héritier pour être sûr que leur argent n’irait pas dans les poches de l’état. Ils avaient vu en moi le receveur idéal, allez chercher pourquoi. Ni l’un ni l’autre ne voulait avoir d’enfants. Ils n’avaient ni le temps ni même l’envie de s’occuper d’un bébé. En plus, Claire voulait avoir une ligne parfaite, hors de question qu’un bambin vienne tout gâcher. Pourtant, il fallait bien qu’il ne soit pas trop vieux, sinon, il ne pourrait jamais l’élever selon leur conception et leurs principes. Si vous avez bien suivi, j’avais parlé un peu plus tôt d’avoir un héritier. A ce moment –là, mes parents adoptifs n’étaient pas très riches mais ils avaient dans l’espoir de l’être car la grand-mère de Matthew était à l’agonie. Etant son petit-fils préféré, il espérait qu’elle le coucherait sur son testament. Il avait, avec l’aide de sa femme, manipulé sa grand-mère afin d’être l’unique et heureux héritier d’une colossale fortune. Quelques semaines après mon arrivée, j’assistais à l’enterrement de ma grand-mère adoptive. Matthew avait réussi son plan. Il avait hérité de la fortune de sa grand-mère. Il l’avait isolé, une fois seule, elle ne pouvait compter que sur lui. Naïvement, elle pensait qu’il était le seul membre de la famille Emmett à s’inquiéter pour elle et ses dernières volontés. Lui, ne pensait qu’à l’argent. Nous étions donc riches… Hourra, me direz-vous… Et je vous réponds, ou pas ! Ca ne changeait pas grand-chose. Mes parents adoptifs ne s’occupaient pas pour autant de moi. Enfin si, ils s’occupaient de mon éducation mais uniquement de mon éducation. Le reste ne les regardait pas. Ils s’en foutaient royalement. Ils étaient trop occupés. En fait, l’argent les avait complétement changé. Ou plutôt, l’argent avait dévoilé leur véritable nature et je connaissais alors tous leurs secrets.
J’avais 16 ans. Pour mon anniversaire, mes parents adoptifs m’avaient payé une superbe villa à Los Angeles et j’avais pu organiser une fête monstrueuse avec deux cent invités, dont je ne connaissais pas la moitié mais pour un mec aussi délirant que moi, c’était vraiment le pied. Depuis que nous étions devenus riches, je m’étais isolé dans mon coin. Par rapport à mes parents. Jugeant mon éducation finie, ils me laissaient vivre comme je l’entendais. Je sortais, je voyageais, je faisais de nouvelles rencontres. Je ne tombais même pas dans la débauche ou dans le gâchis. Non, je restais assez simple, je savais me contenter de très peu. Contrairement à Matthew et Claire. Matthew était alcoolique. Il picolait plus que de raison, se payait une prostituée de luxe ou deux et… La suite, lui et ses amies intimes la connaissent. On aurait pût croire que Claire serait raisonnable… La bonne blague ! Je découvris qu’elle était actrice porno. En réalité, Matthew et Claire s’étaient rencontrés, non pas dans un gala de charité pour les enfants désœuvrés, mais dans les rues mal famées de New-York, la nuit où Claire se prostituait. Elle le faisait pour se payer de la cocaïne. Pendant un moment, ils avaient cessé de mener leur vie vénale… Mais l’argent leur montait à la tête et ils étaient bien pire qu’à leur rencontre. Souvent, je fuyais la maison, prétextant un voyage ou autre pour ne pas à rester avec eux. Je ne supportais plus toutes leurs frasques. Je préférais de loin m’adonner à ma passion : la danse. Je pouvais danser pendant des heures dans une salle, face au miroir. C’était dans ces rares moments que je souriais vraiment par pur plaisir. Je dois vous avouer que c’était aussi grâce à la danse que je rencontrais de nombreuses belles et talentueuses jeunes femmes… Mais je n’en étais pas pour autant un Don Juan. La collection de femmes n’était pas dans mes habitudes. Lorsque je ne m’entraînais pas aux cours de danse, j’allais en boîte danser. A mes 18 ans, j’intégrai une troupe de danse assez connue. Parfois, je servais de chorégraphe pour certaines célébrités mais je préférais être danseur, à leurs côtés.
Un soir, après j’eus été à une soirée avec mes parents adoptifs, il se passa un évènement qui marqua toute ma vie. Matthew, comme à ses habitudes, avait bût. Après s’être ridiculisé, il décida qu’il était temps de rentrer. Claire voulu conduire mais il refusa, décrétant qu’il n’était absolument pas ivre. Elle insista mais il se montra violent. Elle se soumit. Ce n’était pas la première fois… Il était arrivé que Matthew la frappe après une journée à boire, parfois, j’y avais le droit. Je me défendais mais je me refusai de le frapper. Donc, le voyant d’humeur violente, je ne tentai même pas de le dissuader. Son regard menaçant était très explicite. Je m’installai donc à l’arrière en silence. Matthew conduisait et malgré son état, il ne nous envoya pas dans le décor… Un autre s’en chargea. En arrivant à un carrefour, un chauffard grilla le stop et nous percuta violemment. Je perdis connaissance quelques minutes. Lorsque j’ouvris les yeux, il n’y avait personne évidemment. Je ne sentais plus mes jambes. Néanmoins, je me débarrassais de ma ceinture, qui m’avait sûrement sauvé la vie. Mon premier réflexe fut d’essayer de rejoindre mes parents adoptifs. Mais l’effort me terrassait de douleur. Donc, je finis par appeler les pompiers. Je perdis conscience à nouveau quelques secondes après leur arrivée.
Deux jours plus tard, j’ouvris finalement les yeux. J’étais dans une chambre d’hôpital et je ne sentais toujours pas mes jambes. La panique me gagnait de plus en plus. J’appelais une infirmière pour savoir ce qui se passait. Matthew était dans le coma, Claire était morte quelques heures après son arrivée. C’était elle qui avait reçu le choc était du côté du chauffard. Moi, j’avais perdu l’usage de mes jambes. Mais elle s’empressa de m’assurer que ce n’était que temporaire. Voilà ma maigre consolation. J’avais perdu ma mère adoptive. Pire encore, quelques heures plus tard, je perdais aussi mon père adoptif. J’étais vraiment attristé car malgré leurs déboires et leur manque d’affection, ils m’avaient accueilli chez eux. Je m’étais attaché à eux malgré tout… J’allais devoir de nouveau assister à un enterrement.
Si vous m’aviez trois mois après l’enterrement, ce serait sûrement dans une salle de rééducation. Je voulais absolument marcher de nouveau. Ca m’était insupportable de rester assis sans rien pouvoir faire d’autre… Devoir dépendre des autres. J’avais toujours eu l’habitude de me débrouiller et d’un seul coup… Je devais demander de l’aide dans chaque geste du quotidien. Mais ce qui était le pire, c’était ce regard de pitié auquel j’avais droit. Affronter la mort de mes parents adoptifs était assez dur comme ça, en plus il fallait que je supporte tout ce cinéma de pitié ! Non, je m’y refusais. J’étais bien trop heureux d’avoir pût m’en tirer avec seulement les jambes paralysées, je ne voulais pas en plus que l’on me voit comme une petite chose fragile incapable de s’en sortir ! Je me battais alors chaque jour pour ne plus avoir à vivre de nouveau ce genre de chose. Parfois, je craquais, comme tout être humain mais, je me ressaisis ensuite et j’avançais. J’essayais de garder mon sourire, de continuer à faire l’idiot, même en étant dans mon fauteuil. Ca marchait plutôt bien.
Ce ne fut que vers l’âge de 21 ans, que je retrouvais totalement l’usage de mes jambes. Je n’avais plus besoin de fauteuil ou de béquilles ou de canne. Je pouvais marcher, danser de nouveau. Le cauchemar du fauteuil était derrière moi. Je pouvais enfin mener un moment de deuil en me sentant entier. Je me rendais souvent sur la tombe de mes parents adoptifs. Comme ils me l’avaient demandaient, je terminais mes études en économie. Mais je ne suivis pas la trace de Matthew, je devins plutôt danseur, comme mon cœur me le demandait. J’avais ce besoin de me dépenser, la danse était mon exutoire. C’était là que je pouvais oublier ma peine. Cette expérience fut pour moi une révélation. Je devais vivre ma vie à fond tant que je le pouvais encore. Quitte à faire les pires folies, YOLO ! Et sur un coup de tête… Je décidai de tout quitter pour aller à San Diego. Voilà maintenant presqu’un an que