•• Les grasses matinées, c'est sacré. Alors, vous allez sans doute vous demandez ce que je fous debout à huit heures du matin hein ? :nahmého: Eh bien c'est la faute à Buck. Faut dire que mon cher chien, une fois qu'il est réveillé, il ne trouve pas ça normal que toute la maison ne le soit pas vous voyez ? Donc forcément, monsieur a dû se réveiller tôt ce matin allez savoir pourquoi, et il est venu sauter sur mon lit – et sur moi par la même occasion – un peu avant huit heures. Y a des moments comme ça où je le déteste ce chien. Pourquoi est-ce qu'il s'appelle Buck ? À cause de l'Âge de Glace. Comment ça on s'en fout ? Bon ok. Maintenant, monsieur réclame son petit déjeuner. En grognant – à croire qu'il me contamine et que je me comporte comme un chien aussi – je me lève, me trainant jusqu'à sa gamelle que je remplis. Puis, je file à la cuisine pour découvrir qu'il n'y a plus de pain. Plus de toasts, plus de pain de mie, plus rien quoi, c'est la crise. Je pousse un soupir si profond que Buck relève les yeux de sa gamelle vers moi avec méfiance. « Non t'inquiètes j'vais pas te bouffer tes croquettes. » Je file sous la douche. Ça me mettra à peu près de bonne humeur au moins. Et puis c'est comme ça, les cheveux encore humides et ébouriffés que je sors dans la rue, laissant Buck chez moi. C'est vers la boulangerie que je me retrouve face à une jeune demoiselle que je n'ai jamais oublié, malgré les années, et malgré la distance. Et malgré son départ soudain. « Artémis. » je murmure alors, la dévisageant comme si ce n'était pas elle. Je me souviendrais toujours de ce mois d'août que l'on avait passé ensemble. Hors du temps, comme deux amants, ne s'avouant jamais ce qui pourtant, battait en moi pour elle. Je me mords la lèvre. J'ai trop peur de la laisser filer. « Euh.. j'allais m'acheter un croissant là, ça te dit qu'on prenne un café ensemble ? » Je lui fais mon sourire innocent, auquel elle ne pourra pas résister. Je constate ses cheveux détrempés, et son maquillage léger, et ensemble, ça lui donne un air décalé. Je la trouve encore plus belle que lorsqu'elle est soudainement partie.

Le sort s'acharnait vraiment sur Artémis. Non seulement elle venait d'être réveillée, une énième fois par son réveil qui me marchait décidément pas et en plus, elle rencontra Castiel juste en bas de chez elle alors que la blondinette venait de sortir de la douche. Bon sang de bonsoir, elle aurait pas pu prendre le temps de se sécher juste les cheveux et de se maquiller un peu plus ? Bon, d'habitude elle ne se maquillait pas comme les filles pots de peinture hein, rassurez-vous. Mais bon quand même, c'était Castiel, l'ange déchu du ciel. :broken: - Oui je regarde Supernatural, et alors ? - Bon bref, là n'était pas le problème, le problème c'était que le brunet se trouvait face à Artémis. Elle ne savait plus vraiment quoi dire car la dernière fois qu'elle l'avait vu, c'était en France, fin août. Elle était partie, du jour au lendemain, sans même lui donner un numéro de téléphone. Pourquoi avait-elle fait ça ? Non pas parce qu'elle aurait adoré le voir souffrir sans aucune raison, certes, elle le faisait à quelques personnes mais en aucun cas elle n'aurait voulu voir Castiel dans ce cas-là. Elle était littéralement tombée amoureuse de lui mais n'avait jamais osé le lui avouer, ce n'était pas dans sa nature d'être sentimentale et elle fuyait tout genre de sentiments qui seraient susceptible de la rendre plus faible. Se sentant alors complètement moche sur le coup avec ses cheveux mouillés, Artémis ne trouva qu'une seule chose à faire, les toucher. Bon ça ne servait pas à grand chose mais quand même. « Et moi j'allais m'acheter un pain au chocolat. » Dit-elle, complètement envoûtée par le charme que dégageait le jeune homme. Elle resta plusieurs secondes bouche bée, hypnotisée. Elle se rendit cependant bien vite compte qu'elle passait pour une folle. « Plutôt directe comme technique de drague, je sais que tu voudrais me récupérer mais tout de même. » Répondit-elle en laissant un sourire en coin s'installer au bord de ses lèvres. La seule manière pour elle de ne pas faire paraître ses sentiments, l'arrogance.

•• C'était pas prévu. Pas prévu du tout du tout. Si j'avais su, en me levant, que j'allais croiser Artémis... eh bien je me serais sans doute recouché. Pas que je ne l'aime pas. Non, bien au contraire. C'est même tout le problème, en fait. La détester serait plus simple. J'aurais dû ressentir une rancœur à son égard. Elle est partie sans rien me dire. Ne me laissant aucune chance de la retrouver. Aucun numéro, aucune adresse, aucune destination. Rien à quoi je puisse me raccrocher. Du jour au lendemain, elle s'est envolée. Disparue. Me laissant croire que le mois idyllique passé avec elle n'avait jamais existé. Je lui en avais beaucoup voulu, m'étant toujours imaginé lui rabâcher tout ça si j'avais l'occasion de me retrouver face à elle. Mais là, notre rencontre me laisse entièrement pris au dépourvu. Je n'ai rien pu préparer, et je sens quelque chose se rallumer à moi. Dire que je m'en étais entiché... Moi, Roméo, m'amouracher de quelqu'un ; du jamais vu quoi. C'est peut-être pour ça que je n'avais rien osé lui avouer, à l'époque. Elle m'observe et je ne me lasse pas de le faire aussi. Nous devons avoir l'air un peu cons sur le moment. Un pain au chocolat ? Cool. Elle reprend rapidement les bonnes vieilles habitudes, m'attaquant directement. Comme technique de drague ? Peut-être, peut-être pas. Un sourire amusé s'étire sur mes lèvres et je lui fais signe de me suivre. « Allez viens, on va s'acheter notre p'tit dej. » C'est en faisant la queue pour la boulangerie que je me tourne vers elle, cherchant son regard fascinant. « Bon alors... t'es là en vacances, ou t'es genre vraiment là ? Et tu vas disparaître d'un coup comme la dernière fois ou tu comptes me laisser quelque chose cette fois ? » À peine une légère trace de venin dans mes mots. De toute façon, je suis bien incapable de lui en vouloir pour quoi que ce soit. Faible, faible, Castiel.

Comment ça Castiel était en Amérique ? Et qui plus est, à San Diego, la ville dans laquelle vivait Artémis ? Il y avait une chance sur des milliards qu'ils se retrouvent et il fallait que cette chance tombe sur eux, deux personnes qui ne s'étaient pas forcément quittées en bon terme. Enfin du moins, ça c'était de la faute d'Artémis. Pourquoi il avait fallu qu'elle parte comme ça du jour au lendemain sans lui donner le moindre indice sur sa prochaine destination ? Elle l'aimait, en fait, c'était pour ça. Elle fuyait l'amour, ce sentiment qui la rendait si vulnérable aux yeux des hommes. Et le revoir en bas de chez elle, avant d'aller chercher leurs petits-déjeuner ne pouvait que faire mal à Artémis. Une boule au ventre apparaissait dès qu'il prenait la parole et elle ne pouvait pas nier qu'elle ressentait toujours un petit quelque chose pour lui. Sinon, elle n'aurait pas besoin d'être arrogante pour ne pas lui montrer qu'elle pouvait être faible en sa présence. L'amour, c'était tellement compliqué. Mais non finalement, c'était un sentiment comme les autres, comme la jalousie, la tristesse, mais ce sont les gens qui le complique. « Je te suis. » Dit-elle, soudainement plus douce. Si elle voulait avoir une chance de se faire pardonner pour peut-être, reprendre de là où ils s'étaient arrêtés, autant se montrer gentille. Tous deux firent la queue à la boulangerie et en attendant leurs tours, Castiel posa une question à la blondinette. Une question qui sonnait plus comme un reproche d'ailleurs. Mais ça, Artémis devait s'attendre à en recevoir. « Je vis ici, depuis quelques mois, et je ne compte pas partir, comme j'ai fait à Paris. D'ailleurs, j'en suis .... Désolée. » Elle eût du mal à prononcer la fin de sa phrase, tout simplement car elle n'avait pas la bonne habitude de s'excuser. Mais Castiel en valait la peine.

•• J'crois avoir battu les records des retrouvailles à San Diego. Ils se sont tous donnés rendez-vous en fait, j'suis sûr. Juste for me. Non, sérieusement, ça me fait bizarre de me retrouver face à elle. Elle est l'une des seules filles pour qui j'ai eu des sentiments. Et à voir comment je me comporte avec elle, avec cette petite angoisse à la fois folle et délicieuse, il m'en reste encore. Maudit soit l'amour. Sa présence me scotche toujours autant, son sourire m'éblouit toujours aussi, son regard me transperce toujours également. Troublant. On marche alors jusqu'à la boulangerie. De bon matin comme ça, il y a pas mal de monde qui semble être à court à de croissants et pains au chocolat comme nous, et nous nous retrouvons alors à faire la queue simplement. Je ne peux empêcher ma voix de tourner en reproche, même si ce n'est pas vraiment volontaire. Quand elle me répond, je la regarde droit dans les yeux. Elle s'excuse, ce qui me surprend, car je ne m'attendais pas à autant. Comme coupable de l'avoir poussée à s'abaisser, je détourne brièvement mon regard brun et ambré, avant de revenir le poser sur elle avec une lueur déjà plus chaleureuse. « C'est du passé, d'accord ? » Au moins, ça veut dire que je lui pardonne. C'est plus fort que moi. J'ai trop de mal à lui tenir tête, à lui résister, à lui en vouloir. « Tu es ici depuis quand alors ? Je m'attendais vraiment pas à te revoir, enfin, pas ici quoi. » Je me demande si c'est ici qu'elle s'est enfuie lorsqu'elle a quitté Paris du jour au lendemain alors que j'y étais en vacances pour voir d'anciens amis. J'avance de quelques pas pour conserver ma place dans la queue et c'est notre tour de commander. Au moment où Artemis va pour payer, je l'en empêche. « C'est moi qui offre. » je murmure à son attention, tenant un billet pour nous deux, ressortant avec un sachet contenant notre petit déjeuner. « Tu veux qu'on aille manger ça où ? »

D'un côté, Artémis était heureuse de revoir Roméo, mais d'un autre côté, elle en était honteuse. Oui, honteuse. Après ce qu'elle lui avait fait, elle avait de quoi se reprocher des tonnes de choses. Elle l'avait laissé, comme on laisse traîner des vulgaires choses au bord de son lit alors que c'était un homme extraordinaire. Comment avait-elle pu se montrer aussi odieuse envers lui ? Sûrement parce qu'elle avait peur de ce qu'elle pouvait ressentir pour lui, elle fuyait tous les sentiments qui pourraient la faire basculer du mauvais côté. C'est en partant sans même lui dire où elle allait qu'elle s'était dit que c'était une bonne idée. Le pauvre avait dû souffrir et rien que pour ça, elle s'en mordait les doigts. Heureusement, il n'était pas vraiment rancunier puisqu'il venait de lui pardonner, du moins il s'en donnait l'air. « Je... Oui, du passé. » Bégaya-t-elle, gênée de se sentir coupable. Elle paraissait si gentille avec lui, il avait ce don de la rendre aimable, c'était incroyable. « Depuis quelques moi seulement, et toi ? » Lui retourna-t-elle la question en esquissant un léger sourire. Et voilà qu'elle se mettait à avoir un sourire sincère maintenant. « Merci Castiel... » Murmura-t-elle également, ressortant à ses côtés sans rien dire. Ce n'était pas possible, il avait un pouvoir hypnotisant ce Castiel ? Une fois dehors, elle inspira une grande bouffée d'air et essaya de revenir à la réalité, la vraie, celle où Castiel pourrait lui en vouloir encore. « Chez moi ? C'est à deux minutes, et puis on sera au calme. » En fait, ce n'était pas une question, aussitôt, elle lui prit la main pour l'entraîner dans la rue où elle résidait. Ce fut comme un automatisme ce geste qu'elle venait d'avoir envers lui, et elle n'était pas sûr que ça lui plaise.