« Prête moi ton soutif, je te le rends demain. » Mes pupilles noisette se posèrent sur le visage hypra-maquillé de ma collègue qui se hâtait de finir de se préparer. « Et le mot magique ? » Je penchais ma tête sur ma gauche, mimant une moue boudeuse avant de lâcher un las « s'il te plaît Suzy. » qui sonnait telle une gamine. Mon amie vint alors à me tendre le précieux butin que j'agrafais par la suite dans mon dos. J'étais fin prête à me donner en spectacle, fin prête à effectuer des postures lascives face à des hommes en plein extase. Je savais quel effet je faisais envers la gente masculine et m'amusais même à en jouer. C'était une véritable torture pour ceux qui m'avaient en tant que spectateurs. Anyway, j'étais prête à recommencer mon show, une énième fois, pour un homme dont je ne connaissais absolument rien. Le néant. Après m'avoir redonné une dernière touche de blush, je vins à quitter la loge pour me diriger vers la pièce principale et notamment le comptoir du bar afin de connaître la liste des ' clients ' qui risquaient de me rejoindre. « On m'a dit qu'une certaine Jules Monroe travaillait ici. » Écarquillant un instant les yeux, je n'osais pas faire volte-face, de peur d'être confrontée à une personne qui m'avait autrefois été chère. J'avais reconnu sa voix légèrement teinté de français. Mais bordel, pourquoi m’appelait-il Jules ? Personne ne m'appelait ainsi ... Personne sauf lui. « Y a pas de Jules ici. C'est Evidence. » rétorquais-je d'une voix plus ou moins sèche alors que je me tournais enfin pour lui faire face. Castiel ... Ce gamin de douze ans avec qui j'avais noué une très grande amitié. Voilà qu'il se tenait face à moi, avec quelques années de plus cependant. Il n'était pas seulement beau, il était bien plus encore . Pensive, je me rendis soudainement compte que j'étais à moitié nue devant l'un de mes ex-plus proches garçons du collège. Je m'en fichais, il voulait certainement me revoir pour discuter et partir, oui, c'était surement ça

Castiel ... Non ... Roméo. J'en oublierai presque que tout le monde l'appelait Romeo et moi, j'allais faire mon idiote en l'appelant Castiel. Mais heureusement, j'ai limité la casse . Mon regard noisette se posa donc sur ce beau garçon, le dévisageant longuement - et attentivement - tandis que je me remémorai tant bien que mal tous nos souvenirs qu'on avait partagé ensemble. Ca avait été le bon temps ; pas de soucis à l'horizon, rien qu'une sincère complicité et un jeu de séduction qu'on improvisait parfois. Castiel m'avait plu dans le passé, peut-être parce qu'il avait le seul garçon capable de me supporter ? Peut-être parce qu'il avait toujours fait attention à moi et à ce qu'on ne m'abîme pas ou peut-être parce qu'il avait vu que j'étais une fille canon à l'époque et qu'en grandissant, je le deviendrai davantage ? Je me faisais des films. Je restais même immobile face à lui, attendant qu'il me parle, attendant d'entendre ce nouvel accent français que je trouvais si irrésistible. « Eh bien avec moi, ça sera Jules.» Je lâchais un soupir suite à sa remarque avant de garder la liste de mes 'clients' entre mes doigts. Evidemment qu'avec lui ça sera Jules, c'était toujours Jules « Je m'en doutais, t'as jamais vraiment réussi à m'appeler Evidence, n'est-ce pas ... Romeo ? » Petit clin d'oeil à nos prénoms respectifs. Il avait gagné, je l’appellerai de nouveau Roro puisque monsieur le désire. Il planta une nouvelle fois son regard dans le mien, nouvelle décharge électrique de ma part (...) Il se rapproche de moi, s'accoude au bar, me détaille de plus belle. J'avais l'impression d'être dans une foire mais c'était exactement le message que je faisais passer en temps normal. Sauf que là, j'avais à faire à Romeo, mon ancien ami (!), pour une fois qu'il s'agissait d'une jeune homme élégant et non d'un vieux pervers prêt à tout, ça m'allait « Toujours aussi ravissante, à ce que je vois.» Je pinçais les lèvres avant de m'accouder également au comptoir, calant ma chevelure brune contre mon cou avant de jeter un regard furtif en direction de ma liste de clients de la soirée « Toujours aussi séducteur. Ecoute Romeo, j'ai pas vraiment le temps, je dois allé m'occuper de mon premier client et ... » Je buguais sur le premier nom inscrit. Romeo C. Chantelair. Il se foutait de moi ? « Attends, il doit y avoir une erreur, t'es le premier sur ma liste. » Mes pupilles se relevèrent en sa direction et je le vis esquisser un sourire. Sourire qui en disait long sur ses intentions. Merde, je crois bien que j'allais devoir me déhancher pour lui En ce qui concernaient les retrouvailles, elles s'annonçaient plutôt bien.

J'en oubliais presque que j'avais combien déjà ? Deux/Trois ans de plus que lui. Je me fichais un peu de notre différence d'âge, ça ne s'était jamais remarqué de toute façon. Quoique si, peut-être à l'époque, je faisais plus âgée que lui mais vu que Roméo me dépassait de deux têtes - au niveau de la taille, bien sur - disons que ça ne s'était jamais bien vu. « Tout à fait, Jules. » Il insistait. Il cherchait à me mettre en rogne dès nos retrouvailles ou quoi ? Qu'importe, j'allais rapidement l'expédier d'où il venait - c'est-à-dire la France et .. Paris - et reprendre mon train-train quotidien. C'est pas lui qui allait me faire changer mes habitudes . C'est lorsque mes pupilles se posèrent sur le morceau de papier sur lequel était griffonné quelques noms que je compris que le Roméo m'avait bien mené en bateau depuis les dizaines de minutes qui s'étaient écoulées « Non, aucune erreur. » qu'il me lança, esquissant un sourire radieux. Me redressant quelque peu, je finis par effectuer un pincement aux lèvres avant d'orienter mon visage en sa direction alors qu'il reprit la parole. Je le coupa peut-être, arrivé la fin de son récit, et renchéris. « Je suis une danseuse de charme Romeo, j'excite les hommes en me déhanchant devant eux. C'est vraiment ça que tu veux ? » Je braquais mon regard noisette sur le sien, lui lançant comme un regard de défi. Son silence voulait tout dire Mine de rien, je me faisais déjà un plaisir de 'l'exciter' le Roméo (a). Alors, lui agrippant le poignet, je le fis pénétrer dans l'espace réservé aux membres et le conduit jusqu'à la dernière porte du corridor. Le relâchant, je le fis entrer dans ce salon intime où trônait simplement un canapé très spacieux, quelques rideaux en soie et pour finir, une lumière tamisée s'était installée, baignant la salle dans une couleur légèrement mauve. « Même si t'as payé, on peut encore te rembourser et tu pourras partir. » Enfaite non, j'aurai pas du lui dire ça car son argent allait être MON argent et je me faisais toujours une joie de voir un nouveau client dans le club Par contre, ma tentative de dissuasion s'avérerait probablement un échec puisqu'il ne comptait pas partir ... Je le savais

J'avoue qu'il m'a surpris. Insister de la sorte quand on me connait, ça passe mais si l'inverse s'était produit, difficile de dire comment j'aurai réagi Je l'avais coupé dans son élan, prenant la parole afin de lui faire comprendre qu'il n'était pas dans une boite de nuit ce petit garçon. L'avait-il saisi ? « C'est de la danse quand même. » Apparemment non. Je savais qu'il était danseur, je l'ai toujours su à vrai dire. Quand on était gamin, il n'arrêtait pas de me dire qu'un jour il serait le danseur le plus talentueux du monde. Je faisais mine que j'y croyais mais dans le fond, je sais pas vraiment ce qu'il allait donner en tant que danseur J'étais sympathique comme amie, oui oui. Suite à sa remarque, je ne rétorquais rien, me contentant de lui lancer un regard qui en disait long sur mes intentions. Je vins alors à le diriger vers une petite salle confinée et ne pus m'empêcher de scruter mon reflet dans un miroir. J'étais canon même en petite tenue « Je suis sûr que tu n'as pas envie que je parte. » Il s'était rapprochait, m'avait murmuré ces quelques mots avec mystère. Hum ... Ta voix me fait toujours craquer Roméo, tu le sais ça ? (a) « Je le fais uniquement pour l'argent, c'est tout. » soufflais-je en arrangeant un noeud de mon soutien-gorge. « Y a pas un supplément champagne, histoire qu'on partage un peu une bouteille ? » Il voulait boire maintenant ? De toute façon, c'était compris dans le show donc il n'avait pas à s'inquiéter. Je n'eus qu'à claquer des doigts pour qu'une ravissante demoiselle nous apporte une bouteille de champagne, du Moët celui des stars , et des flutes avant de repartir comme par enchantement. « Satisfait ? » lançais-je au beau Roro :cho: « Le règlement stipule que je suis aux ordres de mes clients lors de mes shows. » .. et ça m'embête bien aurai-je pu rajouter. Je lui jetais un nouveau regard avant de prendre la bouteille de champagne en main et de commencer à y verser le contenu dans les coupes.

De toute façon, s'il croyait que je lui dirai qu'un jour il serait 'The' big boss en danse, il pouvait toujours se fourrer le doigt dans l’œil La meilleure dans tous les domaines inimaginables, c'était moi et personne d'autres. J'aimais me surestimer vis-à-vis des autres personnes, c'était très kiffant Je pensais même l'avoir bluffé lorsque je vins à claquer mes doigts et qu'une autre charmante demoiselle nous apporta de quoi boire. Dommage pour Roméo, elle ne restait pas avec nous En faite, je tâchais d'accélérer la cadence, ne voulant pas rester trop longtemps à faire mon show devant lui. C'était quand même bizarre quand on y pensait : j'allais me trémousser face à un ancien copain de collège qui plus est, devenu un véritable canon « Tu sais, à la base, si j'me suis inscris c'était vraiment pour être sûr de t'avoir pour moi. T'es pas obligée de faire quoi que ce soit, j'voulais juste t'avoir pour nos retrouvailles. » Blablabla. C'est pas que je l'écoutais pas, c'est juste que j'appréciais le champagne. Il voulait m'avoir pour nos retrouvailles ? On peut dire qu'il m'a, enfin, façon de parler. Une petite musique d'ambiance vint à s'introduire également dans la pièce, signe que je devais commencer mon spectacle. Merde, pas le temps pour moi d'apprécier le champagne « T'as gagné, tu m'as pour la soirée. » lui soufflais-je. J'esquissais un doux sourire avant de déposer ma coupe. J'attendais qu'il fasse de même avant de le pousser de mon index, sur le canapé. « Je pense qu'on peut commencer. » Il cala son dos contre le canapé et je vins à m'approcher de lui. Me mettant à califourchon au-dessus de lui - sans le toucher, c'est ça avoir de la classe - je vins à onduler mon bassin et ma poitrine tout en effectuant quelques arabesques au-dessus de nos têtes. Je commençais tout en douceur pour ne pas le brusquer :laclass:

Je me doutais bien que je lui faisais de l'effet au Roméo Comme les autres, il n'était pas du genre à se foutre de mes avances, loin de là. Mais Roméo ... C'était encore une autre paire de manches. Il était probablement le plus canon au plus collège ; d'ailleurs, j'avais souvent remarqué que bons nombre de regards se posaient sur lui dès lors qu'il entrait dans une salle - à croire qu'il avait obtenu le grade de Saint - sans parler de mes amies qui voulaient absolument tout connaître de sa vie. En faite, c'était tout autant difficile pour moi quand on y repensait
J'avais commencé mon habituel spectacle. Je devais bien lui faire sachant qu'il avait payé. Bon par contre, fallait pas non plus que je le tente trop car je savais que même moi, je ne pourrai davantage résister J'ondule mon bassin à quelques centimètres de son corps, mon regard se plante dans le sien comme pour le défier car oui, j'aimais défier les gens du regard « Dis, t'es clients ont droit à quelque chose à la fin ou... ils repartent tous avec la même frustration ? » J'esquisse un doux sourire avant d'agripper ses mains pour mieux les positionner sur mes cuisses. « Tu as droit à un bonus. » rétorquais-je en observant ses mains sur mes cuisses. « Estime toi heureux. » lâchais-je avant de commencer lentement à dégrafer mon soutien-gorge. Je ne me retrouvais jamais nue devant mes clients mais souvent seins nus

Il fallait qu'il arrête. Qu'il arrête de me dévorer du regard, je ne pourrai pas me contenir plus longtemps s'il continuait à agir ainsi Ses pupilles se fixaient sur les miennes avant de longer les courbes de mon corps, osant même toucher de nouveau à cette chair si désirable Oh Roméo, pourquoi es-tu Roméo ? Parfois, je me le demandais bien Je continuais ma danse suave, ondulant mon bassin au-dessus de ses yeux de merlans frits. Je me permettais d'esquisser un sourire avant de reposer mes mains sur ses épaules, y prenant appui. Le show devait durer une heure et demie et il ne s'était écoulé qu'un quart d'heure. Pour des retrouvailles, elles étaient plutôt exceptionnelles. Je ne m'étais pas attendue à ce que Castiel en vienne à me retrouver ... ici. Il aurait pu savoir que mon 'véritable' métier était masseuse et non danseuse dans un club. Qu'importe, il me voyait à présent sous l'une de mes professions tout en se demandant probablement ce que je pouvais bien faire ici, à me dandiner pour récolter de l'argent alors que mon compte en banque était déjà bien rempli. J'avais juste envie de faire comme tout le monde, me démerder pour avoir mon propre argent et non celui que m'attribuait plus que généreusement, mon paternel. That's all. « Et j'ai le droit de t'embrasser ou c'est pas un privilège abordable ? » Je me raidis, stoppant ma danse tandis que mon regard se porta de nouveau sur lui. Frissonnant à ses caresses, mes ongles s'enfoncèrent brièvement dans sa peau avant de plaquer mes paumes contre son visage. Bordel Roméo, t'étais pas sensé dire ça « Je ne peux pas t'embrasser. » répondis-je quelques instants plus tard. « Mais toi tu peux. » j'esquissais un mince sourire avant de lui caresser l'arrête de sa mâchoire, songeant à ce qu'il allait se produire durant les prochaines minutes