•• Mes yeux bleus-gris balaient les ruelles à la recherche de ma proie. Comme un chasseur, j'étudie chaque mouvement, chaque visage. Je sais qu'elle doit passer par ici ce soir, parce que je sais qu'elle passe ici pour rentrer chez elle. Que voulez-vous, ça a aussi ses avantages d'être flic. Soudain, une silhouette gracile se détache du commun de ces ombres qui, à côté, semblent bossues et cabossées. Il a beau faire nuit noire, je la reconnais parfaitement ; même démarche gracieuse que le jour où je l'ai vue sur scène. La tête baissée, je marche en biais pour la croiser et dès que je suis à proximité d'elle, je l'encadre de chaque côté de son visage pour la faire doucement reculer vers le mur. Je ne sais pas pourquoi je n'ai pas su profiter d'elle avec la désinvolture dont je fais preuve avec d'autres. Quelque chose me retient. Ce regard doux, peut-être ? Cette allure presque fragile, comme si je pouvais la briser en un regard malsain, en un toucher déplacé ? Mais c'est au contraire peut-être ce qui provoque cette attirance. On désire toujours plus ce qui nous semble inaccessible. « Bonsoir, mademoiselle. » je lui murmure alors d'une voix chaude, plongeant mon regard dans le sien.

•• Mais non, je ne suis pas un violeur, un tueur en série ou un kidnappeur, voyons. D'accord, j'ai toute l'allure d'un chasseur qui considère les autres comme des proies mais tout de même. Je ne suis pas méchant. Sauf quand c'est mérité. Elle me répond d'un sourire enjôleur. J'suis pas dupe. Avec tout ce que la vie m'a fait vivre, la naïveté c'est loin d'être mon truc mais je choisis plutôt de me prendre à son jeu et lui rend son sourire provocateur. Ce genre de pratique ? De quoi donc, draguer ce qui me passe sous la main ? C'est même devenu une habitude. Je fronce les sourcils car ce comportement ne ressemble pas beaucoup à la petite danseuse que je connais. Mais je suis prêt à prendre le risque. « J'adore les secrets. » Qu'elle prenne ça comme une réponse positive, car j'attends, patientant alors que sa bouche est à quelques centimètres de mon oreille. Je glisse distraitement mes mains sur ses hanches, la gardant bien piégée entre le mur et moi. Je plonge mon regard pénétrant dans le sien. Rah, sérieux, on dirait un sorcier qui veut hypnotiser sa victime...

désolée pour cette réponse archi-nulle.

+ Je sais pour quel genre de type elle me prend. Pour le genre de requin avec un QI sous la moyenne qui vit sa petite vie tranquille du matin au soir sans se soucier des autres et des soucis qui l'entourent, n'est-ce pas ? Au fond, n'ai-je moi-même alimenté cette image ? Ne me permet-elle pas de mieux me cacher derrière ? Rien que d'y penser, l'alliance à mon doigt me brûle. Dans mon regard bleu ne se voient donc pas les failles profondes et douloureuses qui me coulent petit à petit, à petit feu comme pour mieux me torturer de mes souvenirs ? À croire que non. Ce jeu bluffe n'importe qui. Il faut dire que c'est une image facile. Au moins, personne ne peut voir celui qu'Aurore a connu et enterré avec elle. Elle me chauffe, me cherche, et en apparence, je me prends au jeu. Je sens mon souffle qui se heurte quelque peu. Il y a quelque chose qui cloche et je le sais. Ce n'est pas la Sinsley que je connais. Ses paroles pourtant achèvent mon hésitation et je plaque brusquement mes lèvres contre les siennes, si proches, appuyant doucement mon corps contre le sien. Faut pas me chercher trop longtemps non plus hein, je reste un mec.

(évite juste de le jouer à ma place comme pour ses réactions, please. )

•• Je scelle enfin nos lèvres, elle me tente trop et je ne suis pas d'humeur à résister ce soir. Je ne sais pas pourquoi elle se montre si entreprenante et si... si différente de d'habitude, mais au fond, je m'en fiche. On verra après. Là maintenant, j'ai bien trop envie d'elle. Mais soudain, tout m'échappe. Elle rompt le baiser mais reste collée contre moi. Bien sûr qu'elle peut alors sentir l'effet qu'elle me fait. Je frémis tout entier, me demandant ce qu'elle me trame encore. En l'entendant, un rictus figé s'affiche sur mes lèvres. Que lui arrive-t-elle soudain ? Je pose sur elle un regard bleu et sévère, déroutant. Et dérouté. Elle s'échappe comme ça, mais elle croit quoi, que j'vais la laisser filer comme ça en plus ? Je la retiens par le bras, la forçant à revenir vers moi. Je cherche son regard. « Qu'est-ce qu'il te prend ? » Ma voix est vive mais pas agressive. J'veux juste comprendre. Comprendre, elle qui a toujours été si douce...