•• Cela faisait plusieurs jours que je n'arrivais à rien niveau mode. Mes doigts ne faisaient plus rien de bon. Aucune nouvelle robe crée, aucune veste. Rien. Mais c'est souvent le cas quand quelque chose me tracasse, me chagrine. Et là, en l’occurrence, il y avait quelque chose d'important à mes yeux. Ou plutôt quelqu'un d'important à mes yeux qui m'évitait sans arrêt ; Tobias. Il ne répondait plus à mes textos ni à mes appels. J'avais même essayé de passer chez lui mais personne ne m'avait répondu. Et pourtant dieu sait qu'il y a toujours quelqu'un de présent chez lui. Je désespérais à l'idée qu'il ait tout appris ou que bêtement j'ai dit/fait quelque chose qu'il n'a pas apprécié. Je décida donc de me rendre aux collines. Un endroit qu'on apprécie tous les deux et où nous avons déjà été ensembles, de nombreuses fois. Après avoir enfilé une tunique, je mis mes bottes et pris ma voiture, roulant jusque là. La vitesse et l'énervement s'accordait. J'étais loin de respecter la vitesse autorisée. Mais peu importe, je n'étais pas d'humeur. Arrivée à la colline, je vis une tête brune que je ne connaissais que trop bien. Tobias. Il était là et il n'avait pas l'air de m'avoir vu. Je me rapprocha, sans faire trop de bruit de peur qu'il prenne la fuite. Bah oui, je ne sais plus à quoi m'attendre avec lui. Je me posta juste à ses côtés. « J'ai l'impression de voir un fantôme. » dis-je parce qu'au fond, je ne savais pas trop quoi dire. Je repris, sans agression, sans rien car au fond j'étais quand même heureuse de le voir. « Tu vas me dire qu'est-ce que j'ai fait un jour ou pas? » Je me posa sur le sol, comme nous le faisions habituellement.

•• Certes j'avais menti à Tobias. C'est mon meilleur ami depuis assez longtemps et je sais très bien que c'est une personne de confiance. Je sais très bien qu'il n'aurait révélé mon secret à personne mais c'est que.. j'ai l'impression que bien trop de gens le savent déjà. Et si d'autres personnes l'apprennent, ça remontra d'office aux oreilles de mes parents. Mes très chers parents qui prenaient chaque décision à ma place. Qui m'obligeait à mettre telle robe à telle occasion. Qui m'obligeait à me rendre à telle réception/brunch alors que je n'en avais aucune envie. Hors de question d'être malade ou en colère. Une princesse se doit d'être respectable et respectée. Pour mes parents, un faux pas et je pouvais dire au revoir à mon trône. Et je ne voulais pas abandonner Monaco. Ma ville est importante pour moi tout autant que sa population. Ma population. Je ne peux pas les laisser tomber, beaucoup de gens ont fondé de grandes attentes en moi. Et pourtant, pourtant j'avais dû quitter le pays, précipitamment sans rien dire. J'avais sûrement déçu mon peuple et je m'en voulais beaucoup. Peu de gens s'imaginent ce que c'est réellement d'être une princesse. Mis à part les belles robes et la nourriture gastronomique, il n'y a pas que des avantages à être née avec du sang royal. Mais ici, à San Diego, tout le monde me voyait différemment. Je pouvais faire des bêtises et des erreurs, à Monaco ça n'était pas possible. J'ai fait l'erreur de mentir à Tobias alors que je sais qu'il déteste ça mais je ne pouvais pas faire autrement. J'aurais dû lui faire confiance et je le sais. Mais le problème c'est que j'ai tellement peur de perdre la seule chose positive dans ma vie ; la fierté que j'ai vis-à-vis de mon peuple. L'accès au trône qui pend sous mon nez dès que mon mariage sera annoncé. Un mariage, mais avec qui? L'homme que j'aime ou l'homme que mes parents ont choisi. La deuxième solution sera sans doute la bonne. Même si je refuse de m'abaisser à un mariage forcé. Bref, j'avais déçu le jeune homme et j'en avais conscience. Mais comment pouvais-je faire pour me faire pardonner?

Je m'étais rendue sur cette colline avec l'espoir de le trouver. Mon souhait s'était exhaussé et il était là, assis sur l'herbe, le regard dans le vide. Il n'était pas du tout prêt à me revoir. Mais si je ne le brusquais pas, nous reverrions-nous un jour? J'imagine que non. Tobias à l'air vraiment remonté contre moi et rien que le ton de sa voix me fait frémir. Il n'a jamais été si froid et si sec avec moi. Il prononça le mot princesse. Je jeta un rapide coup d’œil autour de nous, personne. Il n'imagine pas les conséquences que ça peut avoir sur ma vie. Et encore plus depuis que Poisoned Candies est revenue. Je le regarda, timidement et demanda un peu honteuse. « Ne prononce pas ce mot ici, s'il te plaît. » demandais-je avec une légère insistance. Alors c'était donc ça, il était au courant. Comment, je n'en avais pas la moindre idée. Je me posa à ses côtés, n'osant même pas le regarder dans les yeux. Alors je me contenta de regarder l'herbe bien verte et de commencer mon monologue. Car oui, je n'attends pas une réponse et j'imagine qu'après ça, il ne me pardonnera sans doute pas plus mais qui sait? « Je sais que j'aurais dû te le dire mais ça ne se dit pas comme ça. Écoutes, mes parents ne savent pas que je suis ici alors même si j'ai une confiance aveugle en toi, je n'ai pas osé. Je tiens bien trop à .. tout ça et j'ai réellement peur de perdre la seule chose que j'ai vraiment accompli dans ma vie. » Il m'était impossible de prononcer le mot 'princesse'. Pas ici. Certes, j'ai commencé des études de stylisme mais je n'ai pas l'impression de pouvoir en être fière. Alors que mon trône, même si c'est par héritage, j'y tiens. J'ai fait beaucoup de choses pour me faire respecter ; les galas de charité, les dons pour des associations n'ont plus de secrets pour moi. Alors renoncer à tout ça, ça m'était impossible. Même pour Tobias.

•• Oui je m'en voulais énormément. Mentir à Tobias est sans doute la pire chose que j'ai fait depuis que je suis à San Diego. J'aurais voulu lui dire que j'avais enfin pu adopter et que ma nouvelle petite fille s'appelait Tatiana. Qu'elle avait une tête d'ange et qu'elle serait sans doute la petite fille la plus gâtée du monde. Mais je ne pouvais pas. Pourquoi? Tout simplement parce que le jeune homme ne supportait plus ma présence. Il n'avait pas supporté que je lui mente et je pouvais le comprendre. Seulement ce qu'il ne comprenait pas lui, c'est que je ne l'avais pas fait par manque de confiance. Loin de là. J'ai une confiance aveugle en Tobias mais j'avais eu peur. Peur qu'il me voit autrement. Peur qu'il pense que je suis une princesse pourrie gâtée sans problèmes. Alors que ce n'est pas du tout le cas. Mais je ne peux pas lui parler de mes problèmes ; car pour la plupart, ce sont des problèmes familiaux. C'était très difficile pour moi de me confier. Et même si Tobias est mon meilleur ami depuis un bout de temps, je n'y étais pas arrivée. Je m'en voulais énormément mais même avec mes mots, je n'arrivais pas à réduire la déception que je sentais dans sa voix. Je posa ma tête entre mes genoux, le regard dans le vide. « Je sais et si tu savais comme je m'en veux Tobias... Je ne sais pas comment faire pour que tu comprenne comment je m'en veux. » Je tourna la tête vers le jeune homme, aucune réaction. Je ferma les yeux comme pour me donner du courage. Il était difficile pour moi de dire à Tobias ce que je ressens réellement pour lui. C'est presque un membre de ma famille, comme mon frère. Le jeune homme est si important à mes yeux que je ne supporte pas son ton froid et dur. Je n'ose pas rouvrir les yeux de peur qu'il soit parti mais au son de sa voix je sursaute. Il est fatigué des mensonges que peuvent lui raconter les personnes qui l'entourent. Et ensuite il prononce ce mot ; le manque de confiance qu'on peut avoir vis-à-vis de lui. Ce n'est pas du tout ça! J'ai envie de prendre sa tête entre mes mains, de plonger mon regard dans le sien et de lui faire comprendre à quel point il est important pour moi. Mais je n'ose pas, alors je reste là sans bouger tentant de prendre la parole sans trop de difficultés. « Tu.. tu ne comprends pas. J'ai une confiance aveugle en toi Tobias! J'avais juste peur que tu me vois autrement. Ce que je vois dans tes yeux quand tu me regardes me rend plus forte, j'avais peur de voir autre chose que de la tendresse et de l'amitié.. J'avais peur de .. te perdre simplement. » J'avais parlé avec énormément de sincérité et j'espérais qu'il puisse enfin le percevoir.

•• Non je ne pouvais abandonner si vite. Je ne pouvais pas laisser notre relation se briser comme ça. Je tiens bien trop à Tobias pour ça. C'est mon meilleur ami et vivre sans lui c'est comme vivre sans mon cœur, sans mon oxygène. Il était hors de question que je m'en aille. Enfin je pensais ça jusqu'à ce qu'il me répondre. Il répondait avec tellement de froideur et avec un ton réellement sec. Je n'avais jamais connu Tobias sous cet angle. Enfin, pas avec moi. Alors supporter le ton qu'il employait devenant vraiment difficile. J'étais prête à m'en aller mais j'attendais un peu, histoire de prendre mon courage à deux mains. Le jeune homme ajouta qu'il ressentait mon mensonge comme un manque de confiance vis-à-vis de lui. Ce n'était pas du tout ce que je voulais, au contraire. « Ce n'est pas ce que je voulais, je te demande pardon Tobias. » J'étais réellement sincère. Prête à m'en aller, je fus étonnée de voir sa réaction. Il me retenu, plaçant sa tête sur mon épaule. Je me blottis dans ses bras avec envie. J'avais besoin de retrouver sa protection, son odeur. Tout de lui m'avait manqué. J'étais réellement heureuse à cet instant précis. Car imaginer ma vie sans lui, c'est carrément impossible. C'est plus que mon meilleur ami, il est comme un membre de ma famille que je n'ai jamais eut. Il est hors de question que je le laisse partir comme ça. J'ai réellement besoin de sa présence. Je ferma les yeux, sentant son odeur. « Heureusement que tu es là, sinon je ne sais pas où je serais à présent. » Non, sans lui, je ne serais rien. Il est mon mentor, celui à qui je peux tout confier. Et pourtant, je n'avais pas osé lui révéler mon secret. Pourquoi ? Au fond, je ne le sais pas. Par peur sans doute. Mais peur de quoi? Je n'en ai aucune idée. J'aurais du lui dire, j'ai été complètement conne et je le sais. Il est hors de question que je nie le fait que j'aurais du lui dire. Et je m'en veux beaucoup. Et ça s'entendait, dans le son de ma voix. Je le regarda, un sourire aux lèvres mais mon sourire s’effaça légèrement lorsque j'entendis sa phrase. « Je ne sais pas pourquoi j'ai pensé ça .. Je sais très bien que tu ne m'aurais pas juger mais j'avais tellement .. peur. » Je baissa à nouveau la tête, me blottissant un peu plus dans ses bras.