« Ma chérie, cache-toi. » qu'elle te dit, elle, ton seul parent, celle qui t'a mise au monde, il y a maintenant quelques seize années. Cache-toi. Tu ne bouges pas, tu lui serres la main, tes ongles s'enfoncent dans sa peau. Tu es terrifiée, morte de peur, peur de la perdre, de mourir, peur tout simplement, mais c'est normal non? Des hommes armés vous entourent, leur armes pointées sur vos tempes. Quelle idée stupide d'aller retirer de l'argent en ce jeudi matin hein? Vous saviez pas attendre quelques heures? Si vous aviez attendu, tout serait différent. Oui, TOUT. Un homme s'approche de toi, et t'aboie dessus, il veut que tu te lèves, soit disant, t'es trop près de ta mère. Ta mère. Putain. Elle se lève, et toise l'homme, se mettant devant toi. Tu vois la main de cet homme se lever, et il la gifle. Ton cri sort tout seul, et tu veux te lever, mais soudain, tout ralentit. Tu te fais pousser en arrière, et ton crâne s'écrase avec violence sur le sol marbré de la banque. Tu vois ta mère qui veut se précipiter vers toi, et soudain, tu entends un bruit, une détonation. Le coup part. Tu vois la petite balle noire dans l'air, puis s'engouffrer dans le corps de ta mère, qui s'écrase à tes cotés au sol. Elle se vide de son sang à une allure horriblement rapide, et tu n'arrives pas à empêcher ça. Une larme nait au coin de son oeil, elle est à moitié consciente. Plus moins que plus. « Je t'aime ma rose. » qu'elle dit, ses derniers mots. Après ça, son souffle s'arrête, tout comme son coeur, et te voilà orpheline. Le corps inerte de ta mère git entre tes petits bras tremblants, et des larmes strient ton visage décomposé. Ton coeur saigne, tu es seule. Seule pour toujours.
Tu te réveilles en sursaut. Ça te prend souvent ça. Tu revis cette matinée, dans ton sommeil, sous la forme de terribles cauchemars. Tu vois encore le regard froid de cet homme, ses yeux bleus qui te toisent avec satisfaction, alors qu'il vient d’ôter la vie de ta mère. Tu secoues la tête, pour chasser ces quelques images, et passes ta main sous ton oreiller. Le contact glacé de ton arme te détend. Ouai, t'as pas la conscience tranquille toi, pas du tout. C'est pour ça que tu dors avec, sous ta tête, ton arme, chargée. Ton souffle se calme, et les battements de ton coeur aussi. Tu te lèves de ton lit, et files dans la cuisine à pas de loups, tu allumes ta cafetière et tu attends, essayant de contrôler les tremblements de tes mains. Ton café prêt, tu vas devant ton ordinateur, que tu allumes. Partir, c'est ce que tu voudrais depuis longtemps. Et c'est le moment idéal. T'as besoin de t'éloigner de ton boulot, de ta ville. De ta vie. Parce que ta mère n'est pas le seul être que tu as perdu. Tu aurais pu sauver cette autre personne, t'es devenu flic pour ça en plus ! Pour protéger les autres, et empêcher les 'méchants' de faire du mal. T'es surtout devenu flic pour retrouver ces bâtards qui t'ont pris le seul être que tu aimais. Et leur planter une balle dans la bouche. Mais bref, ne parlons pas de ça, ou tu vas ressentir le besoin de taper dans quelque chose hein... Cette vengeance, tu la prépares depuis 8 ans, depuis le jour, où c'est arrivé. Mais passons. Cette autre personne, c'était une petite fille, qui a bouleversé ta vie. Alice, qu'elle s'appelait, et elle se faisait battre par ses parents. T'avais été mise sur l'affaire, et t'as fait l'erreur de trop t'impliquer, de t'attacher à cette gamine. Un soir, t'es allé chez elle, et tu l'a retrouvée sans vie, elle était morte suite aux trop nombreux coups qu'elle avait reçu de ses propres parents. Sur le coup, t'as pas beaucoup réfléchis, t'as sorti ta belle arme de son petit couffin, et t'as tiré. Bam. Touché en plein coeur. Ce dont le père de la petite Alice manquait cruellement, sans aucun doute. Ce soir-là, t'as tué pour la première fois. Sans regret. Juste beaucoup de culpabilité. Cet acte, c'est ton vilain secret, c'est ta bête noire. Parce que tu sais que t'hésiterais pas si tu devais le refaire. Par moments, tu es comme ça, tu vois noir, et tu te fous du reste, t'as juste besoin de créer une équité dans ce monde. Et tu le fais, sans réflexion. C’est pourquoi t’as beaucoup de mal à trouver quelqu’un qui peut supporter tout ça, te supporter, supporter tes problèmes personnels, et tes bagages… Y’a bien eu un homme, mais il t’a quitté après deux ans pour une blondinette sans cervelle. T’y étais attachée à cet homme, mais tu l’aimais pas, pas vraiment. Alors ça a été. Partir. Tout cela c’est passé il y a un an. T’avais commandé ton ticket pour Londres, c’était loin de San Diego, c’était parfait. Mais à l’aéroport, quelque chose se produisit. Rien en perceptive, mais en faite, si… Un homme te bouscule, et avec ta délicatesse habituelle, tu l’insultes, râlant un peu. Qui a dit que t’étais sociable hein ? En ces quelques petites secondes, vous échangez vos portables. Les mêmes. Sauf pour le contenu. T’as tout dans ce portable. TOUT. Vous vous échangez des textos, et les semaines passent, et tu commences à fouiller la petite machine. T’es flic après tout hein ! Sauf que lui aussi, il s’est mis à fouiller, et il a déterré ce vilain secret. Le meurtre que t’as commis. Six mois, c’est le temps que vous avez passé à vous déchirez par textos, à faire comme si vous vous détestiez, alors qu’au fond, ce n’était peut-être pas le cas. Tu restais à Londres, lui à San Diego, t’avais un nouveau travail là, et pourtant votre correspondance continuait.
Mais un jour, tu t’aperçu, tu t’aperçu que lui parler devenait un besoin, que t’étais comme en manque quand tu ne lui parlais pas, alors t’as tout arrêté, petite fille effrayée. Tu lui as renvoyé son portable, et quelques jours après, le tien t’as été retourné. Tu as essayé de l’oublier, de vraiment l’oublier, sans réel succès, et dés que tu pensais à Alice, tu relisais vos conversations. Vous ne vous connaissiez pas vraiment, et pourtant, vous savez des choses sur l’un l’autre, vous connaissez vos peines, vos pires secrets. Il y a deux mois, t’as été mutué pour San Diego, t’as pas dit non forcément, mais tu lui as rien dit, même si tu mourrais d’envie de le voir, de lui parler. T’as cherché ou il habitait, tu l’as vu un bon nombre de fois sans jamais osé l’aborder, et pourtant, tu vas le faire, tu ne supportes plus ça, t’as besoin de lui parler, comme avec les sms… Ta vie prendrait-elle un nouveau tournant ? Nouveau job, nouvel appartement, nouveaux sentiments ?...