Il était tôt ce matin quand Anastasia poussa les portes de la cafétéria de l'établissement universitaire de San Diego. Elle s'était levée en torpille et après un rapide passage dans sa salle de bain suivit d'un rush express dans son dressing, elle n'avait même pas eu le temps d'avaler quoi que ce soit qu'il fallait déjà qu'elle saute derrière le volant de sa voiture sous peine d'être en retard à son premier cours de la journée. Elle l'aurait d'ailleurs été à coup sûr si son professeur n'avait pas été absent, laissant une classe entière d'étudiants orphelins pour les deux heures à venir. Beaucoup d'élèves décidèrent de rentrer chez eux, probablement pour finir leur nuit, ou alors d'aller faire une petite promenade dans le parc, autour de la fontaine histoire de profiter de la douceur hivernale de cette matinée. Anya, elle, opta plutôt pour le California Break parce qu'elle avait grandement besoin de remplir son ventre et de se booster pour la longue journée qui l'attendait. Face à l'employée derrière le comptoir de la salle, elle commanda un chocolat chaud et un croissant puis s'installa sur un tabouret haut à une petite table ronde située juste derrière une grande fenêtre. Le ciel était grisonnant mais il faisait doux, c'était comme ça que l'on définissait l'hiver dans l'ouest américain. Bien sûr il arrivait qu'il neige de temps à autre mais cela restait très exceptionnel. Rien à voir donc avec les hivers rudes de Russie auxquels elle avait été habituée dans sa plus petite enfance.
Les yeux rivés sur le sentier extérieur, la grande blonde remuait son chocolat chaud avec une petite cuillère en plastique lorsque son téléphone vibra pour lui annoncer un message. La surprise lui arracha un mouvement brusque qui déversa le lait chaud au sol et fit chuter le gobelet dans la marre chocolatée. Dans la précipitation elle se leva et c'est là qu'elle percuta quelqu'un qui passait... chouette début de journée ! « Aïe... » Anya leva le regard et constata l'ampleur des dégâts. « Oh non, mon délicieux chocolat à 65 cents... » ironisa-t-elle, toutefois dégoûtée d'avoir renversé une partie de son petit-déjeuner sur le carrelage de la cafétéria. Elle se tourna finalement vers la personne bousculée, confuse. « Je suis vraiment désolée, tu n'as rien ? J'espère que tu n'es pas tachée ou quoi que ce soit ! » s'enquit-elle en inspectant la tenue de la jeune femme. Elle leva le regard et fixa un moment son visage qui lui disait étrangement quelque chose... Son regard persistant aurait d'ailleurs pu paraître incorrect si elle n'avait pas brusquement secoué sa tête pour sortir de sa torpeur. Après tout dans une même université, pas étonnant de se dire que certaines têtes vous reviennent plus que d'autres.