L'air était doux en cet après-midi de mai, Diane portait une jolie robe à motif liberty. Il y avait tout juste assez de soleil pour se permettre d'oublier son parapluie à la maison. Aujourd'hui, Diane avait décidé de passer la journée seule. Cela faisait si longtemps qu'elle n'était pas venue dans ce parc. La dernière fois devait être l'année de ses dix-sept ans... La jeune femme avait ressenti l'envie de retrouver certains lieux qui lui étaient chers dans son enfance et c'était une chose qu'elle avait souhaité faire seule. Cela pouvait aussi être considéré comme une excuse pour échapper à l'entourage familiale de son fiancé, et pouvoir ainsi réfléchir au calme, faire le point.
Ce jardin était typiquement anglais, les fleurs y poussaient par milliers. C'était un endroit reposant pour Diane, elle avait toujours aimer s'y promener dans le silence : écouter les oiseaux chantés, observer les différentes teintes de fleurs, s'asseoir dans l'herbe et toucher la texture agréable de l'herbe sous ses mains. Aujourd'hui elle choisit plutôt un des bancs en bois qui bordaient les allées, ils semblaient flambant neufs. C'était étonnant, il n'y avait jamais beaucoup de personnes dans ce jardin, peut-être que l'adjectif "romantique" faisait fuir la plupart du monde ? En tout cas, c'était presque un secret pour certains privilégiés. Diane avouerait sans hésitation que ce jardin est un avant-goût du paradis.

Diane avait certainement avoir l'air béa sur son banc, car personne n'osait la déranger pourtant elle surprenait certains regards amusés. Dans sa petite robe à fleurs, les jambes se balançant sous le banc, elle eut l'impression de retrouver ses douze ans. Elle venait ici avec sa mère. Elles passaient des après-midi à lire les petites pancartes pour connaître le nom de toutes les fleurs. Quelques années plus tard, Diane avait fait découvrir ce petit paradis à un être qu'elle affectionnait énormément. Son premier amour. Ils s'étaient baladés, mains dans la mains, dans ce jardin. Ils savait tout deux qu'ils ne risqueraient pas de croiser la famille de l'un comme de l'autre. C'était l'un de leurs lieux fétiches pour vivre leur amour sans penser aux regards des autres. A ce souvenir, Diane sourit. D'autres souvenirs affluèrent : elle se rappela le jour où il lui avait cueilli une fleur voulant bien faire et s'était fait passé un savon par l'un des gardiens, ou bien cet fin d'après-midi durant laquelle ils avaient gravé un coeur sur le tronc d'un arbre...

Ces derniers temps, tout ce chamboula dans l'esprit de l'anglaise, se demandant même parfois à quoi rimait sa vie, quel était le plan de Dieu pour lui mettre sur sa route tant d'imprévus . Pas forcément croyante, elle se surprenait bien souvent à penser à Dieu tout de même, se posant sans cesse les mêmes questions telles que "pourquoi lui avoir arraché son mari ?" "Pourquoi l'avoir poussé dans les bras de son colocataire ?" " Pourquoi avoir rencontré ce gars complètement paumé ?"... Tant de questions, si peu de réponse mais finalement rien qu'en les formulant elle était apaisée. Apaisée de savoir que peut-être on lui répondait par code, par signes et la jeune femme s'évertue donc à les suivre. Se posant des questions mentalement, elle laisse le hasard ou l'acte céleste guider ses pas. Si je croise un homme en blanc c'est que oui, il m'est destiné, si c'est une femme en noir, non. Et de là j'irais de là où il vient. Ce genre de phrase était les phrases typique fusant dans son cerveau en ce moment même et aussi surprenant que cela puisse paraître, elle croisa un homme en blanc à sa droite et c'est sans hésiter, un petit sourire aux lèvres qu'elle tourna donc à droite. Non Kirby n'était pas folle, loin de là, elle s'aidait comme elle le pouvait, elle tenter d'avancer du mieux qu'elle était capable et ses pas la conduisirent dans ce jardin typiquement anglais. Exactement le genre de jardin qui se trouvait non loin de chez elle. Le genre d'endroit qui lui manquait réellement. Effleurant une fleur du bout des doigts, elle approcha son visage de celle-ci pour en savourer la senteur et se posait une énième question. "Pourquoi l'avoir conduite ici ?" Question anodine et pourtant la réponse la frappa de plein fouet. À cause de lui, bien sûr. Souriant de plus belle, elle avança, sans réussir à se retenir de sentir fleur par fleur, retrouvant les parfums d'une enfance un peu trop loin.

Alors qu'elle relevait la tête, la jeune femme tomba sur un visage familié. Penchant la tête de côté avec un petit sourire aux lèvres, Kirby se dirigea vers le banc en face d'elle et s'installa, l'air de rien. Elle ne savait pas vraiment quoi dire ni même quoi faire, c'était tellement surprenant de la croiser là que finalement elle n'avait pas dû tomber ici par hasard. « Belle journée hein. » Dit-il à l'égard de Diane dont elle connaissait tout alors qu'elle ne connaissait rien d'elle. Ce sentiment la rendait bien, étrange, mais bien. Un sourire sur le visage, elle tendit sa main vers la jeune femme. « Kirby. Kirby Davenport. Et vous, c'est bien Diane pas vrai ? » Entonna t'elle de sa jolie voix alors qu'un sourire sincère restait scotché à son visage.

Une jeune femme souriante s'installa sur le banc à côté de Diane. Cela ne surprit pas Diane que la jeune femme entame un conversation, ce jardin était merveilleux, on en transpirait littéralement de bonheur et souvent on faisait des choses qu'on avait pas forcément l'habitude de faire : se mettre à parler à des inconnus, sourire à n'importe qui, se mettre à danser comme un petit papillon dans les allées, ... « Belle journée hein. » La toute de suite, sans réfléchir, Diane répondit tout naturellement : « Magnifique même. » Comment ne pouvait-on pas être heureuse entourée par un tel paysage ? La jeune femme brune semblait tout comme Diane conquise par ce jardin presque féerique. Celle-ci se présenta et Diane serra la main que celle-ci lui tendait : « Kirby. Kirby Davenport. Et vous, c'est bien Diane pas vrai ? » Diane écouta ses informations, un peu surprise que la jeune femme, Kirby la connaisse... Elle venait seulement de revenir de Paris. Après tout, ça famille était plutôt connue à San Diego, d'ailleurs cela aurait été étonnant si Kirby n'était pas au courant du prochain mariage de Miss Swarovski ! Ce prénom n'évoquait rien dans la tête de Diane, Kirby était une jeune femme très souriante, mais il ne lui était pas familier. C'est avec politesse que Diane répondit à son interlocutrice : « Diane, tout à fait, enchantée Kirby. Devrais-je me torturer la mémoire un peu plus pour savoir d'où je suis sensée vous connaître ou bien allez vous m'aider ? » Non, elle ne voyait pas du tout. Son nom, son prénom, son visage, il était rare que Diane oublie quelqu'un comme cela : elle avait une très bonne mémoire.

Spoiler:

Le destin avait conduit les pas de Kirby en direction de Diane. On lui lançait un message c'était évident. Non non elle n'était pas folle, j'vous assure, juste qu'elle avait besoin d'un peu de croyance parfois, pour faire des choix, avancer dans la vie et là, tomber sur quelqu'un qu'elle n'avait vu qu'en photo et dont pourtant elle connaissait tout ou presque. Assise à ses côtés, elle se présenta de manière formel sans pour autant se défaire de son sourire bienveillant, rassurant même. Kirby le voyait, Diane était prise au dépourvu et chercher qui elle pouvait être, ce qui était au fond normal, elle aussi aurait agi de la sorte. Une inconnue s'installe à vos côtés, connaît votre prénom et vous à côté de ça vous vous semblait stupide à ne pas vous souvenir d'une personne que vous n'avez jamais rencontrée en réalité. Assez spéciale comme situation... « Hummm j'hésite là... » Répondit-elle avec un large sourire avant de finalement lâcher le morceau. « Non en réalité on ne se connaît pas, j'ai simplement entendu parler de vous par un ami. Un ami proche de vous comme de moi d'ailleurs. » Éluda alors Kirby en se passant une main dans les cheveux, l'air gêné. Elle savait qu'il ne serait guère content de cet échange, mais comment faire autrement ? Elle qui avait tant de fois entendu parler de Diane ne pouvait pas passer à côté d'une telle opportunité... Elle avait l'air si douce, si gentille que Kirby ne voyait aucune raison pour refuser cet échange. Au pire, elle se contentera de s'excuser auprès de l'ami en question. Voyant le regard interrogateur de la jeune femme, car il est clair qu'elle ne devait pas savoir de qui Kirby parlait, celle-ci détourna le regard assez gêné. Finalement peut-être que ce n'était pas une si bonne idée... « Si je vous dis le frère de votre fiancée ? » Dit-elle, hasardeuse... Faut dire que ce n'était pas bien compliqué à deviner vu qu'il n'avait qu'un frère et elle qu'un fiancé. Son sourire avait un peu perdu de son éclat, mais elle voulait soutenir le regard de Diane. Elle qui avait imaginait leur rencontre plein de fois ne pensait pas que celle-ci serait en réalité aussi compliqué.

Kirby avait l'air d'une jeune femme pleine de vie, son sourire était vraiment chaleureux et Diane comprit qu'elle avait aussi un certain humour, lorsqu'elle dit : « Hummm j'hésite là... Non en réalité on ne se connaît pas, j'ai simplement entendu parler de vous par un ami. Un ami proche de vous comme de moi d'ailleurs. » Un ami proche. Wouah ! Ca l'avançait vraiment ! Diane conserva son sourire, l'air légèrement perplexe elle regarda les promeneurs passer devant elles. Cherchant dans sa tête qui pouvait bien être cet ami proche qu'elles avaient en commun. Qui aurait bien pu lui parler d'elle, à tel point qu'elle la reconnaisse comme ça juste d'un coup d'oeil. Cela pouvait tout à fait être Paisley, sa meilleure amie, la distance qui les avait séparé avait été pénible pour les deux jeunes femmes, peut-être avait-elle ressenti le besoin de parler à quelqu'un de Diane ? C'était tout à fait plausible, mais Kirby cessa ses allusions et cracha le morceau. Diane aurait dû le voir venir. Kirby avait changé de comportement, elle semblait moins sûre d'elle et ouvertement heureuse, elle sembla peser le pour et le contre avant de dire : « Si je vous dis le frère de votre fiancée ? » Les deux jambes que Diane balançaient sous le banc s'arrêtèrent de bouger et elle déposa la pointe de ses pieds au sol. La phrase de la jeune femme résonna dans sa tête le frère de votre fiancé. Tristan avait parlé à Kirby de Diane... Il avait dû lui montrer une photo d'elle pour qu'elle la reconnaisse aussi facilement. Pourquoi avait-il fait ça ? Que lui avait-il dit ? Tant de questions affluaient dans la tête de la jeune femme, mais elle se rappela de se contenir, de conserver une "façade". Diane posa délicatement ses mains sur ses genoux et un sourire aux lèvres, hochant la tête elle répéta : « Le frère de mon fiancé... ». Ok, c'était complètement inutile de répondre en répétant la phrase de Kirby, mais que voulez-vous qu'elle répondre : ah oui, Tristan ! Bien sûr ! Ca ne m'étonne pas qu'il vous ait parlé de moi, normal ! Diane croisa le regard de Kirby et regarda autour d'elle, tellement de choses affluaient dans sa tête : principalement des questions, mais aussi des souvenirs : quels souvenirs avaient-ils pu partager avec Kirby à son propos ? Jusqu'à présent seul lui, Diane, Paisley savaient à propos de leur histoire, maintenant Kirby était au courant. A qui d'autre avait-il pu en parler ? Le silence était légèrement pesant, reprenant la parole toujours souriante, Diane reprit la parole : « Et comment le connaissez-vous ? » "Le", Diane ne pouvait même pas prononcer son prénom à haute voix. Sa voix l'aurait certainement trahie. Il était évident que Diane était confuse, elle tentait de le cacher mais si Tristan avait décrit le caractère de la jeune femme à Kirby elle devait être grillée...

Le sourire, la joie de vivre et l'assurance de Kirby s'étaient effacés en un revers de mains et ceux, à cause d'elle-même en plus de ça. Qui aurait cru que la volonté divine la conduirait à Diane et aux emmerdes qui vont avec. Car malgré tout, Kirby connaît l'histoire, sait des choses qu'elle n'est pas sensé savoir et il est clair que rester à regarder sans rien faire n'était pas dans son tempérament. Même si elle respectait beaucoup de choses, sa fidélité amicale et amoureuse ainsi que ses principes passeront toujours en premier. Elle savait le désir qu'éprouve son ami envers la jeune femme et avoir la possibilité de lui parler, la sonder, savoir ce qu'elle ressent derrière des expressions, réactions et autres ne pouvait pas passer à la trappe. Non elle n'était pas sûre d'elle et ne savait pas dans quoi se fourrait, mais la jeune femme préférait mille fois avoir des regrets plutôt que des remords. Face à la réaction de Diane, il est clair que l'annonce ne l'avait pas laissé indifférente, ce qui soulagea assez l'infirmière. Pourquoi ? Car elle savait grâce à cela que Diane pouvait encore ressentir quelque chose pour Tristan. Bien sûr rien n'était sûr, mais elle voulait y croire quand même. Fine observatrice, elle avait rapidement remarqué le calme olympien dont se munit Diane et cela ne put que la faire sourire malgré sa gêne et la situation ainsi que la tourne que tout ça prenait. Elle qui voulait être guidée, la voilà les deux bien dans la boue et ceux, jusqu'au cou car bien entendu, elle posa la fameuse question qui fit remonter bien des souvenirs dans l'esprit et le coeur de la jeune femme... Sa rencontre avec Barry, son amour pour lui, ses sourires, sa voix, son rire, sa façon de la regarder... Son mariage, sa vie avec lui, son bonheur certain et sa mort précoce et précipitée. Insoupçonnable qui la détruisit, consuma complètement... C'est vrai que sans sa famille et Tristan ainsi que d'autres personnes cher elle n'en serait pas là. Elle ne serait que l'ombre d'elle-même. Finis le côté espiègle et heureux, ceci laissant place à une nostalgie et une tristesse relativement marquée bien que celle-ci tente de le cacher par une pirouette bien marquée de sourires voulus attendrissants. « C'est une assez longue histoire... » Commença t'elle, réfléchissant si elle était prête à la conter ou non et la réponse était évidente : non. « Mais pour faire court, on s'est rencontré par hasard et on a sympathisé pour finalement se confier et se soutenir mutuellement. » Lâcha t'elle, souriante malgré tout. Autant sauver les apparences autant qu'on le pouvait.

La jeune femme commença par lui répondre de manière évasif par un : « C'est une assez longue histoire... » mais Diane dû sembler être intriguée, car Kirby ajouta avec un petit peu plus de détails : « Mais pour faire court, on s'est rencontré par hasard et on a sympathisé pour finalement se confier et se soutenir mutuellement. ».
Dans un premier temps, Diane se sentit soulagée. Elle ne sut pas dire pourquoi. Peut-être était-ce juste le mot "sympathisé" et pas "on s'est mis ensemble aussitôt" ou "je suis juste sa sexfriend". Puis deux autres mots l’interpellèrent. L'un déclencha comme une petite alarme dans sa tête : "se soutenir". Diane fut à nouveau perdue, comme en panique : avait-il des problèmes ? Pourquoi avait-il besoin d'un quelconque soutien, elle avait l'habitude de le connaître si courageux et si fort... Peut-être cela avait-il changé ? Alors en quête de réponses, elle posa sans réfléchir la question suivante : « Comment ça "se soutenir mutuellement" ? Il va bien ? retrouvant le contrôle de sa voix, elle ajouta : Je l'ai vu. Il a l'air d'être... heureux ? » C'était presque une question à elle, mais elle espérait que Kirby pourrait lui confirmer qu'il est heureux. Pour rien au monde elle souhaiterait voir cet être malheureux. Il méritait tellement de connaître le bonheur...
Lorsqu'elle l'avait aperçu dans le salon de Grayson, le jour de son arrivée avec laîné de la famille, son fiancé, Tristan avait eu l'air ...assez troublé et troublant. Son visage avait eu de nombreuses expressions que Diane n'avait pas réussies à déchiffrer : un sourire, un visage livide, un rire, des yeux pétillants, un regard perdu, il semblait passer d'une humeur à l'autre au fil de ses pensées. Pendant la discussion, le principal sujet avait été sa vie à Paris, la demande en mariage, leur bonheur et le mariage. Diane avait passé son temps à fuir son regard de peur d'y lire quelque chose qui la rendrait triste ou bien qui lui ferait faire perdre la tête, et parfois elle se surprenait à chercher le regard intense de Tristan, comme en quête d'un signe, d'un message, de quelque chose qui voudrait dire "stop" ou "tu ne peux faire ça", elle avait espéré entendre n'importe quoi de lui dès que leurs regards s'étaient croisés. Tout sauf de bons voeux de fiançailles. Puis la main de son fiancé avait fait fuir certains doutes, lui permettant de ne pas oublier qu'à présent il est son avenir et son seul amour.