Il y a des gens qui passent leurs vies à bosser pour gagner au final presque rien et se bousiller la santé, et ceux qui naissent avec une cuillère en argent dans la bouche et qui ont tout ce qu'ils désirent en claquant simplement des doigts. Toi, tu fais partie de cette seconde catégorie. Chanceuse, va. En effet, ton grand-père, Richard Hildebrand a bâti son empire par lui-même, étant devenu à la fin de sa vie le propriétaire de nombreux hôtels et restaurants de luxe implantés un peu partout dans le monde. Il avait travaillé sans relâche, durant de longues années, sans jamais perdre patience, et c'est à sa mort, tout naturellement son fils unique, William, qui en a hérité. William, c'était le portrait craché de son père. Il aimait bosser ; et après avoir été diplômé de l'université d'Oxford, il avait pris la direction des chaînes de restaurants et hôtels appartenant à Richard. C'était un homme respectable, de haute stature, très apprécié. Lors d'un voyage d'affaires en Russie, il est tombé éperdument amoureux de cette belle brune, la fille du patron de la boîte avec qui ils avaient conclu un marché. Elle aussi a été très impressionnée par ton père ; il faut avouer qu'il étaiit beau, avec son physique presque parfait, ses beaux yeux bleus. Alors, ils ont commencé à se voir pendant les moments libres de William, décidant rapidement de sortir ensemble. Puis, ils ont fini par se marier, deux ans plus tard. C'était un mariage entre personnes aisées, très bourgeois. La femme de ton père, et celle qui allait devenir ta mère ? C'était une jeune femme pourrie gâtée, plus-capricieuse-tu-meurs, qui voulait absolument tout dans la minuite qui suivait. Elle avait terminé ses études de management dans une école privée russe, et après qu'ils se soient installé à Londres avec son mari, elle a mené une vie de jet-setteuse, buvant du champagne aux milliers d'euros toute la journée, à faire des tours en yatch avec ses amies plus stupides les unes que les autres, et à commérer sur tout et n'importe quoi. Pas vraiment la personne idéale pour devenir une mère. Et pourtant, elle a décidé qu'elle en souhaitait un, de préférence une fille afin de pouvoir la pouponner. Et c'est exactement ce qui se passa ; elle tomba enceinte, nouvelle qui ravit leurs familles respectives, avant d'accoucher neuf mois plus tard, le douze avril quatre-vingt onze dans une cliniqué privée londonienne, de toi, petite fille, qu'ils décidèrent de nommer Sixtine Lila-Grace Hildebrand. Voilà, tu étais arrivée au monde.

Déjà petite, tu étais une gamine plutôt turbulente, en plus d'être hyperactive. Tu ne tenais jamais en place, cassait tout ce qui se trouvait sur ton passage, et tu en as bien fait baver à ta mère ainsi qu'à tes gouvernantes qui s'occupaient exclusivement de toi. On cédait à tous tes caprices, tes moindres envies étaient comblées, on se pliait en quatre pour te faire plaisir et éviter tes crises de pleurs. Pas franchement l'enfant rêvé. Mais tu étais tellement mignonne, avec tes deux minis chignons que l'on te faisait, qu'il était difficile de te dire non. Tu avais des tas de poupées, de nombreux jouets, mais ça n'était jamais suffisant, tu en réclamais toujours plus. Tu étais insatiable ; d'ailleurs, tu l'es toujours. Le pire fut quand ils t'envoyèrent à l'école. La terreur de la classe. Tes maîtresses te détestaient vraiment, te qualifiant de 'sale chipie', et tu en as montré de toutes les couleurs à tes camarades. De plus, tu n'aimais pas ça, l'école. Et plus tu grandissais, plus tu détestais encore plus. C'était ennuyant, et tu avais trop de facilité. Parce que oui, tu récoltais bizarrement toujours de bonnes notes même sans réviser ; mais les appréciations ne suivaient pas. Tu te faisais souvent virer de cours, récoltait de nombreuses heures de colle et commetait des infractions. Mais tu n'en avais que faire car tu savais que ta famille était influente, et qu'elle trouverait toujours un moyen pour te sauver la mise. Toi ce que tu aimais, c'était sortir avec tes amis. Faire la fête, ça tu étais toujours la première partante. Danser comme une folle jusqu'au petit matin, boire jusqu'à ne plus savoir qui on est, fumer comme un pompier, profiter de la vie, voilà ce que tu aimais. Mais ça, ton père n'appréciait pas. C'était quelqu'un de strict, ton père, et tu as passé une grande partie de ton adolescence à t'engueuler avec lui. Et encore aujourd'hui, vos relations ne sont pas au mieux. Mais ça ne t'as jamais empêché de faire tout ce que tu voulais.

En fait, toi t'es qu'une garce. Vraiment. Arrogante, prétentieuse, honnêtement tu es détestable. D'ailleurs, si tu ne provenais pas d'une famille aussi aisée, personne ne t'aimerait. Si tu n'étais pas aussi jolie, également. Parce que oui, tu es belle. On te le dit fréquemment, d'ailleurs. Et tu en es consciente, tu en joues. Mis à part ta maman et tes proches amis, tu n'aimes presque personne. La méchanceté gratuite, ça ne te dérange pas, bien au contraire. Il n'empêche que tu étais une adolescente pleine de vie ; tu as pratiqué des tonnes d'activités, comme la danse, la natation, le surf, le théâtre. Mais ta véritable passion, c'était le shopping. Tu pouvais en faire tous les jours, sans t'en lasser. Tu dépensais des milliers d'euros, étant donné que le côté financier n'a jamais été un problème chez vous. Dès qu'une nouvelle collection d'un grand créateur de mode sortait, tu filais l'acquérir. Une véritable accro au shopping. Puis, à la fin du lycée, tu as obtenu ton baccalauréat, avant de décider d'aller étudier aux États-Unis, comme tu en rêvais. A San Diego, plus précisément, dans le domaine du stylisme. Cela fait maintenant deux ans que tu tentes de t'habituer à la vie américaine.