La gare. Un fourmilier géant en somme. Là où tout les Hommes convergent, là où toute les cultures se croisent. Sauf qu'ici, tout le monde courent, personne ne prend le temps. Nous sommes Vendredi , jour où toutes les idées, les rêves convergent vers le voyage, qu'importe le lieu, la destination tant qu'il est loin des soucis, loin de la réalité. Un train, c'est tout de même plus rassurant que l'avion, il faut l'avouer. Ça a ce don de rester proche de la terre tout en ayant l'illusion de survoler, de survoler nos soucis, mais si l'oeil se fige sur un élément il refait surface. Je ne suis pas venue chercher l'évasion , juste en bon enfant du siècle, venue pour abuser des transports dans un but totalement individualiste, et stupide : faire du shopping. Je souris. C'est bête, même moi j'en ais conscience, mais bon, c'est vrai qu'acheter des babioles n'est franchement pas si mal pour remonter le moral. Je me posta devant le panneau géant, levant les yeux, celui qui impose sa tyrannie des arrivées et des retards. Oui celui avec lequel tu ne peux pas mentir. Je pencha la tête sur le côté, et me tata à prendre celui de 18 Heures. Après tout j'ai le temps, me suis-je dis. Je me détourna du tableau et traversa la foule, comme si celle-ci voulait savoir dans quel destin elle allait être plongée, puis elle se dissipe, décidée à suivre celle-ci .
Qu'allais-je faire pendant tout ce temps? Je regarda mon portable, puis je releva la tête , en soufflant. Mes yeux s'égarèrent parmi cette masse, cette foule, pourtant dans celle ci mon regard s'arrêta sur une personne, un jeune homme. Incrédule, je fronça les sourcils, me demandant moi-même pourquoi cet arrêt. Il était accoudé, portable à la main, justement très concentré sur celui-ci. Il est bien trop loin pensais-je ... Je n'arrivais pas à mettre un nom sur cette silhouette. Car en effet elle me disait quelque chose, une vielle connaissance, un client, ou je ne sais quoi. Mais je ne sais pourquoi je me retrouvais comme attirée vers ce visage inconnu. Arf, je suis de nature curieuse, c'est normal, me dis-je en bonne conscience. Balançant mon regard à droite puis à gauche, je tenta de m'approcher de lui. "Mademoiselle!" . Je me retourna, et une femme vêtue d'un costume de chef de gare me sourit "Avez-vous besoin d'aide ? Puis-je vous indiquer un lieu précis ?" Mes yeux ne suivirent que ces pas, je ne regarda même pas mon interlocuteur et lui dit "Heu ..Non , non merci." Je la regarda enfin en souriant "Ça ira..." . Puis je tourna ma tête vers le jeune homme. Un minute... Ma tête tourna de gauche à droite. Ma coeur sans que je ne sus pourquoi battit de plus en plus vite.... Je venais de le perdre.

Je rigola. Quelle idiote! Voilà ce qu'il arrive lorsqu'on est trop curieux pensais-je. Mes yeux s'abaissèrent comme, vous savez, ces enfants, qui après avoir fait un bêtise n'osent plus regarder leurs parents en face. Sauf qu'à l'instar d'eux, j'étais plutôt en train de me demander si je n'avais pas encore rêvé. Voila quelques semaine déjà que mon passé me hante; ma mère, mes amis, tout ceux que j'avais quittée, et que j’espérais revoir... On ne peut jamais revoir les défunts. C'est la règle du jeu. Seulement, il me semble que ces rêves, ces illusions sont plus douces que la vie en elle-même. Mon regard devint vide. Que faire quand des êtres vous manquent, quand ... vous savez que, tous, autour de vous s'empresse d'aller les voir, ces personnes sujettes à leur manque. Je souffla doucement, puis leva la tête. Ironiquement, devant mes yeux, une affiche, une publicité ventait les mérites d'une veste pas chère - 99$-, doublée et totalement dans l'air du temps. C'est parfois plus attrayant le monde matériel. En plus lorsqu'un objet se pourrit, il suffit, comme d'un coup de baguette, d'en acheter un autre, et Pouf! Vous l'avez de nouveau. Sans la moindre illusion.
Non je l'ai perdu, songeais-je. Je fis quelques pas, sans grandes raisons. Mes yeux s’arrêtèrent pourtant là où il fut. Qui est-ce? Ce n'étais pas un rêve... je .. je l'ai bien vu. Allons, je dois bien savoir qui est-ce... Je pris mon portable et entra dans mon répertoire. Tous ces nom défilèrent devant moi, comme la vie défile devant vous. Et avec eux les souvenirs, un parfums, un rire.... Je rangea mon portable. Pour une fois, c'est à ma mémoire que je m'en remets. Devant moi, la chef de gare avait trouvé un client plus compatissant. Elle déplia son bras ,long et fin. Son interlocuteur, suivit la direction indiquée, la fixa un moment puis souri. Voilà, elle avait accompli sa mission. Elle le suivit du regard, comme une mère suit son enfant aller à l'école , puis s'en alla, à la recherche d'une autre âme errante. J'aurais voulus l’interpeller, lui dire : " Excusez moi je cherche quelqu'un et ..." Et. M'arrêtant net, elle m'aurait souri. Un sourire artificiel sans grand réconfort. Après tout, combien de personne dans mon cas, aurait-elle vu? ... Allons, Allons... Je suis sur que j'ai son nom sur le bout de la langue. Je croisa mes mains sur ma poitrine. Nans , Théo, Yannis...
-Euh... Salut, je... C'est pas un plan drague débile, hein. Mais je suis certain de t'avoir déjà vue.
"...Gabriel? " soufflais-je. Je le regarda. Plus un son ne sortit de ma bouche. Je resta interdite, comme incrédule devant l'aveux que je venais de faire. Je l'avais reconnu de manière si soudaine, que je me demandais si je ne rêvais pas... pas encore une fois.