« Sur la table, un vieux livre poussiéreux. Une jeune fille trop curieuse. Un coup de vent ; le livre s’ouvre. Les pages tournent et tournent sans que l’on puisse les arrêter. Elle pose les yeux dessus, elle n’aurait pas dû. C’est ainsi que débuta mon histoire. « Il était une fois… » Non. Toutes les histoires ne commencent pas par il était une fois. J’ai trop souvent été dans le cas de cette jeune fille trop curieuse, à demander plus que ce que je ne pouvais avoir. Tous ces contes m’ont empli la tête de rêves éphémères, parce que j’avais fini par y croire, à toutes ces histoires. Au prince charmant et à la princesse submergés par un amour plus puissant que jamais. Et aujourd’hui, voilà où j’en suis :

« désirer est un verbe incompréhensible. C’est ne pas voir. C’est chercher. C’est regretter l’absence, espérer, rêver, attendre. »


Je suis une O'Hills, de la célèbre descendance des O'Hills. Étant fille unique la 5ème génération et doit continuer à porter le nom avec grâce et enchantement. Assister aux cocktails familiaux, être escortée en limousine, voir en hélicoptère. La classe. Seulement, ça l’est beaucoup moins si vous devez supporter la famille qui vous accueille avec tant d’hypocrisie. Alors on essaie de s’habituer, de se dire qu’ils finiront par se lasser de vous et mettre le grappin sur un autre membre de votre famille. Et pourtant non, ce perpétuel harcèlement dure et dure jusqu’à ce que vous n’en puissiez plus. C’est ce qui m’est arrivé. Mes parents ayant une certaine passion pour l’argent et ayant une grande satisfaction à en avoir de plus en plus sans jamais le dépenser m’a rendue folle. Une maison trop imposante, un travail trop bien payé, dans une ville beaucoup trop grande. Je me suis mise à refouler cet argent, à ne pas en vouloir. Bien trop sale, et bien trop destructeur pour moi. C’est en partie à cause de ça que je suis partie faire mes études à Yale, aux U.S.A. Et aussi à cause d’un petit ami (et au passage d’un premier amour volé) aussi hypocrite que les autres. Décidément, tous les mêmes. Mais n’en parlons plus. Je comptais faire ma vie aux Etats-Unis. Après tout, ils parlaient la même langue que moi, et j’étais plutôt fière de mes études de mannequinat (j’étais en deuxième année). Mais mon petit frère, dix ans de moins que moi, a eu de sérieux problèmes. Tentative de suicide. Il devenait aussi fou à lier que moi dans cette maison. Alors je suis revenue pour lui, pour lui tenir compagnie, mais aussi pour me faire pardonner de l’avoir abandonné, et tout cela à mes risques et périls… Maintenant, comprenez-moi lorsque je dis que j’ai eu une peur panique lorsqu’il s’agit de faire confiance aux gens et d’ouvrir mon cœur à quelqu’un. Pourtant, j’ai eu des hommes dans ma vie, oh ça oui. Mais combien sont restés après une nuit d’extase ? J’enchaîne les conquêtes, et les déceptions amoureuses, et je m’enfonce chaque jour plus bas que le niveau autorisé. Mais je n’ai pas l’air dépressive, ou même suicidaire, croyez-moi. A vrai dire, je suis joyeuse, pleine d’énergie, et surtout très malicieuse. J’aime réconforter ceux que j’aime, et j’apprécie également qu’ils me rendent la pareille, évidemment. Mes amis comptent plus que tout au monde. C’est sur eux que je me repose lorsque tout va mal. C’est ma famille. Une famille qui ne me trahira jamais. D'ailleurs, il m'appelle Bambi. Parce que je n'ai jamais regardé le célèbre film de Walt Disney. Mais c'est également un petit rappel pour me dire que mes parents m'ont "délaissés". Évidemment, pas de la même manière que ce petit façon. Je ne suis pas jalouse. Pas possessive. A vrai dire je ne m’en rappelle plus. Pour les amis, ce n’est pas la même chose. Pour mes proies et conquêtes, je ne leur laisse pas le temps de me rendre jalouse et de me mettre hors de moi. Pourtant, j’ai cette envie au fond de moi qui ne demande qu’à trouver une épaule sur laquelle me reposer. Et toute cette histoire durant mon enfance, et mon adolescence m’a rendue très sensible, peut-être même un petit peu trop. Je déteste être vulnérable. Et pourtant, Dieu seul sait combien de fois il m’arrive de l’être… Mon côté lunatique énerve et mon regard charmeur et mes sous-entendus mystérieux et dangereux font tomber à la renverse. Je suis une jeune femme persuasive, je n’en doute pas. Peut-être grâce à ma détermination, et il faut dire que je suis tellement bornée que je finis toujours par obtenir ce que je veux d’une façon ou d’une autre, peu importe le temps que ça prendra. Je me suis rendue compte que j’étais certainement une des filles les plus impulsives que le monde n’ai jamais porté. Et même si je le regrette toujours, je ne prends jamais le temps de réfléchir, et me détruit chaque fois un peu plus en passant. J’ai tellement de facettes que je ne les connais même pas toutes. Pourtant, ce que je sais, c’est que j’ai eu une personnalité tellement compliquée qu’une simple feuille de papier ne serait pas suffisante. Et contre toutes les apparences, je déteste parler de moi.

Et c’est ainsi, que le livre se referme comme il s’est ouvert. La jeune femme du livre n’existe pas vraiment. Elle est dans sa bulle, essayant de fuir loin de ses problèmes, loin de son passé qui la détruit au fur et à mesure qu’elle murît. Et elle n’attend que l’homme qui lui dira que tout ira bien, pour enfin être heureuse… »