Enième soupire de ma part, avant de poser mon bras sur l'accoudoir et me servir de ma main droite comme appuie tête. « Ecoute Rafaël, tu as vingt-deux ans et il est grand temps que tu murisses ! » S'exclama mon paternel en me pointant du doigt. « C'est toi qui te bornes à penser que je ne suis pas mûr. Si je ne l'étais pas, je ne serai pas pompier je te signale ! » M'exclamais-je littéralement blasé. Mon père m'avait une nouvelle fois appelé pour que je vienne lui rendre visite à son bureau. Soit disant qu'il avait besoin d'avoir une grande conversation avec moi. Je savais à l'avance de quoi il s'agissait : de son entreprise à la con dont je me contre fiche royalement. Mon père me jete un regard noir avant de commencer à faire les cent pas derrière son grand et luxueux bureau. « Combien de personne aimerait être à ta place sincèrement ?! Tu ne te rends pas compte de la chance que tu as ! Tu n'es qu'un égoïste, pourri gâté voilà tout ! » Me dit-il à bout de nerfs. D'un bond je me levais de ma chaise. « Ah parce que c'est moi l'égoïste maintenant ?! Grande nouvelle ! Qui est-ce qui harcèle son fils pour qu'il reprenne sa putain de boite, sans se préoccuper de ce dont il a envie hein ?! C'EST TOI ! Alors ta morale à deux balles tu te la fourres là ou je pense ! » Hurlais-je à mon tour. D'un geste rapide j'attrapais ma veste afin de l'enfiler sous les yeux ahuris de mon géniteur. « Rafael ! Qu'est-ce que tu fais ?! » Question parfaitement stupide. « Je me casse ca ne se voit pas ? » Lançais-je avant de m'en aller en claquant la porte. Même à l'extérieur du bureau j'entendais mon père hurler depuis l'autre bout du couloir. Alors que j'affichais un air quelque peu gêné aux secrétaires présentes, je ne perdais pas une seconde de plus pour m'engouffrer dans l'ascenseur. Ce qu'il pouvait m'énerver à s'entêter de cette manière là ! Jamais mon père et moi n'avions eu de complicité et ce n'était pas prêt d'arriver. Je n'irai pas jusqu'à dire que je déteste mon propre père, cependant il m'insupporte totalement. Il a toujours été là, à s'immiscer dans ma vie personnelle ou bien professionnelle. Inspirant un grand coup afin de me calmer les nerfs, je sortais de la boite métallique direction le hall, et plus précisément la sortie. Adressant au passage un sourire à l'hotesse d'accueil. Il fallait être complètement maso pour accepter de travailler avec mon père. Une fois dehors, je sors mon paquet de cigarettes et m'en allume une. Au bout de quelques secondes je recrache un nuage de fumée et reprends ma route. Après quelques minutes de marche, mes pas me guident près du Starbucks. Hum. Je jète la fin de ma cigarette au sol et l'écrase à l'aide du talon droit de ma chaussure. Passant la porte du café, je constate qu'il y a pas mal de monde en ce milieux d'après midi. Lorsque mon tour arrive, je me commande un simple café. A vrai dire la discussion – ou devrais-je dire énième engueulade ? - que j'ai eu avec mon père m'a quelque peu coupé l'appétit. Mon café en main, je décide d'aller m'installer à une table près de la vitre.

Mon père était la personne la plus imbuvable que je n'avais encore jamais connu. Il avait toujours été cet homme imbu de lui même, se prenant pour le maitre de l'univers et se croyant tellement supérieur à tout le monde, qu'il pensait avoir le droit de donner des ordres à tout le monde. Quel imbécile. Parfois je me demandais réellement comment ma mère faisait pour le supporter, pour être restée avec lui depuis plus de vingt ans. L'amour me direz vous. Quelle connerie ! Ma mère méritait tellement mieux que lui. Ca me rendait malade. Assis près de la vitre du Starbucks, je serrai tellement le carton contenant mon café, que j'en aurai presque fait jaillir le contenu si je ne m'étais pas rendu compte que je ne maitrisais plus ma force. Poussant un long soupire, je desserrai mes doigts du gobelet et passait une main sur mon front, avant que cette dernière ne s'égare dans ma chevelure. Alors que j'étais totalement perdu dans mes pensées, voilà qu'une voix féminine que je reconnaitrai les yeux fermés, se fit entendre. « Salut, je peux m'assoir avec toi??  » Je relevais alors le regard vers la personne concernée et m'infligeais une claque mentale afin de ne pas sortir de mes gonds. C'est bien connu, les emmerdes n'arrivent jamais seuls. Je suis bien resté quelques secondes à la fixer droit dans les yeux, surpris qu'elle vienne me parler après tout ce temps. Jayleen, autrement dit l'ancien amour de ma vie. Jolie brunette pour laquelle j'aurai fait absolument tout et n'importe quoi. Qu'est-ce que j'avais eu en retour ? Le droit de me faire plaquer pour une raison qui m'étais totalement inconnue, ainsi qu'un amour propre littéralement détruit. Génial. « Je t'en prie.  » Lui dis-je sur un ton plutot sec, tout en lui désignant d'un signe de la main la chaise. Je n'avais pas la moindre idée de ce qu'elle me voulait, mais tout ce que je désirai, c'était qu'elle abrège ma souffrance vite. Depuis notre séparation je ne l'avais pas revu et le temps m'avait appris à ne plus penser à elle. Ou presque. Cependant, la revoir, là, dans ce bar me faisait un drôle d'effet. Quelque chose de parfaitement inexpliqué. « Alors, tu as quelque chose à me dire ? » Cinglais-je dans la foulée. Certes, j'étais loin d'être aimable, mais je ne savais tout simplement pas comment agir face à elle. Je détestais me comporter de cette façon là, mais j'éprouvais toujours de la rancune envers elle.