Non, naître princesse n'est pas un privilège comme on pourrait le croire. Non naître princesse ne rend pas spécialement heureuse. Pourtant tout le monde le croit. Naître princesse c'est pas seulement avoir tous les cadeaux possibles et inimaginables. C'est également être privée de toute vie privée, être photographiée sans arrêt, devoir se marier avec un inconnu uniquement parce qu'il est riche héritier lui aussi. C'est tout un tas d'obligations dont personne n'a idée. Mais c'est avant tout servir son pays, être là pour la population et surtout être accessible à tous. Montrer que le pays n'est pas "dirigé" par la royauté. Bref, naître princesse n'est pas aussi bien qu'on le pense. Bien sûr, jamais je ne me permettrai de me plaindre de ma vie. Au contraire. Je suis très heureuse de ma vie mais il y a quelques points à revoir. Et certains points que je ne pourrai jamais changer. Alors oui, parfois j'ai envie d'être invisible, seule et inconnue. Mais ce n'est pas possible. Je suis née princesse et je dois l'assumer. Et ça, depuis l'enfance.

Oui, dès mon plus jeune âge, j'ai été confrontée à des choix difficiles. École public ou privée? Et même si le choix ne me revenait pas, j'aurais pris la privée. Non pas pour me sentir plus forte que les autres enfants mais parce qu'à l'école public, j'aurais été rejetée, isolée sans aucun doute. C'est pourquoi j'ai grandi dans des écoles uppées, dans des maisons de stars et que j'ai commencé les défilés et gala très tôt. D'où ma passion pour la mode. Mon monde à moi c'était la royauté, les défilés et les cours. Je ne pensais qu'à des galas de charité et à mon défilé de la semaine prochaine. Et à la majorité, d'autres obligations s'ajoutaient. Les interviews, les brunchs, et tout le tralala. Bref, une fille qui ne me lassait pas mais qui me faisait me sentir menée et non libre. Je n'ai jamais été libre de mes mouvement. Je n'ai jamais pris mon indépendance. C'est pourquoi j'ai choisir San Diego. Pour m'isoler un peu de tout ça et au moins là-bas, je suis sûre que personne ne me connaîtrait en tant que princesse. Voilà, juste pour voir ce que ça donne. Mais ça n'a pas été aussi facile que je ne le pensais. Ce n'est jamais facile en réalité, les départs.

Parce que oui, on ne sait pas pourquoi, mais les choses sont toujours si compliquées. Peut-être est-ce simplement nous, qui cherchons à faire compliqué. Ou peut-être est-ce le destin qui s'acharne sur nous sans aucune raison valable. Pour moi, je dirais que la première solution me correspond mieux. Je cherche toujours la complication. Je veux me dépasser, me rendre dingue en faite. J'ai toujours été comme ça et lors de mon départ, les choses se sont passées exactement pareilles. J'avais donc décidé que ça serait San Diego et pas une grande ville comme New York ou Los Angeles. J'en ai marre de ces clichés, j'ai envie de faire partie de la population. De me fondre dans la masse. De me faire oublier. Faire oublier à tous que je suis une princesse et surtout, j'avais envie de fuir mes obligations. Mes parents m'avaient appris que je devrais choisir mon futur mari d'ici la fin de l'année. Et pas choisir par amour comme le font toutes les femmes sur terre. Non le choisir parmi une liste de dix hommes, friqués, beaux et héritiers surtout. La liste était toute prête et je n'avais même pas choisi un seul de ces hommes. Bref, autant dire que tout ça me dégoûtait et qu'il était hors de question que je ne choisisse pas mon futur mari. C'est pourquoi j'avais décidé de prendre la fuite. Mais pour prendre la fuite, j'avais besoin d'une personne en particulier. Une personne qui a toujours été, pour mes parents, quelqu'un d'inintéressant et de pauvre surtout. Ronan est mon meilleur ami depuis très longtemps et partir sans lui ce n'est pas possible à mes yeux. Alors j'ai passé ce coup de fil. Ce coup de fil qui a tout changé dans ma vie. Cela m'a fait réaliser que Ronan était bien plus que mon meilleur ami. C'est mon échappatoire, mon bonheur, ma moitié, tout en fait. Mais jamais je n'oserais lui dire ce que je ressens. De un parce que je n'en aurai jamais le courage, de deux parce que je ne veux pas briser notre amitié. Et surtout, parce que dire oui à Ronan serait dire non à mon trône. Et je ne suis pas encore prête à faire ce genre de concession. Mais qui sait, cela changera peut-être. Tout ce que je sais c'est que Ronan est mon cœur, mon oxygène et la personne dont j'ai le plus besoin au monde. C'est pour ça que j'avais tant besoin de lui, à San Diego. Et bien sûr, Ronan m'a encore une fois prouvé que je pouvais compter sur lui. Il m'accompagna à San Diego et c'est le plus beau des cadeaux qu'il ait pu me faire.

Nous voilà donc, fraîchement débarqués, à San Diego Ronan et moi. Ici, je ne serais qu'Isalyne Grimaldi et pas Isalyne Princesse de Monaco. Ici, personne à part Ronan ne connaîtrait mon passé. Ici je serais nouvelle, quelqu'un d'autre et quelqu'un qui profite de sa vie. Ici je pourrais faire le stylisme comme je le désire et pas seulement être princesse. Et même si j'exercerai mon travaille de Princesse à distance, je resterai Isalyne la nouvelle styliste de San Diego. Je ne pourrai utiliser ma royauté pour me faire une place dans le stylisme. Non, je me donnerai corps et âme pour mon métier. Et surtout, je me donnerai corps et âme pour me faire plaisir et être heureuse. À San Diego, je serai moi. Et même si mon passé risque de bien vite me rattraper, je profite de chaque instant comme je peux.