Tout a basculé ce soir d'automne. Nous avions tout pour être une famille heureuse ; j'avais un père fier de son fils qui l'emmenait toujours avec lui en forêt. Et une mère dévouée qui s'occupait à longueur de journée de ses enfants pour les rendre le plus heureux possible. Et j'avais Amy. Ma petite sœur adorée pour qui j'aurais tout fait. Cela faisait quelques semaines qu'Amy n'était pas au top de sa forme. Je me souviens avoir été à son chevet, chaque nuit pour lui donner à boire si elle avait besoin. Je voulais l'aider comme je pouvais. Nous n'avions pas de grands moyens financiers et il nous était impossible d'aller chez le médecin. Alors j'ai fait ce que je pensais et j’empruntai de l'argent à un type louche. De toute façon, on ne pouvait pas faire autrement si on voulait faire hospitaliser ma Amy. Je menti à mes parents en leur racontant que j'avais mis cet argent de côté au cas où il nous arriverait quelque chose et ils n'en demandèrent pas plus. Au fond, je suis persuadé qu'ils savaient d'où venait cet argent mais pour ma sœur, ils n'ont rien voulu savoir. Et je les comprends tout à fait, sauf que c'est ma vie que je mettais en danger à présent.

Il était clair que je n'arriverais jamais à rembourser cet argent mais peu importe je devais le faire pour Amy. Elle fut hospitalisée la semaine suivante. Les feuilles mortes tombaient et s'écrasaient sur le sol, un peu comme Amy en faite. Son état empirait de jour en jour et les médecins ne prédisaient rien de bon. Jusqu'à ce que le diagnostic tombe ; elle n'en avait plus que pour un mois et puis le cancer la vaincrait. Parce que oui c'était un cancer. Le cancer commençait tout doucement à se généraliser et pour qu'Amy ne souffre pas trop, on a dû prendre la décision de la faire partir doucement. Elle reçut les soins palliatifs et quelques jours plus tard, elle ferma les yeux définitivement. Jamais je ne pu me remettre de son décès, jamais. Elle était ma vie, mon cœur, ma sœur adorée. Et depuis qu'elle est partie, je ne fais que pourrir mon existence et je ne serai sans doute plus jamais heureux.

Du moins je pensais ne plus jamais être heureux. Jusqu'à ce que je rencontre cette magnifique brune ; Ayliah. Mais commençons par le commencement, la mort d'Amy. Je dû organiser moi-même son enterrement et c'est sans aucun doute la pire chose que j'eus à faire de ma vie. Mes parents n'étaient pas assez forts pour surmonter tout ça alors je dû me charger de tout. Ma mère ne se présenta par à l'enterrement. On comprenait bien que ce serait sans doute trop difficile pour elle mais on ne s'imaginait pas du tout ce qui nous attendait en rentrant. En rentrant de l'enterrement, mon père l'a trouva, pendue dans leur chambre. Et à partir de là, on perdit la famille qu'on avait fondé autrefois. Cette famille heureuse même sans argent. Mon père sombra dans l'alcool et je ne pardonna jamais à notre mère cet abandon. Très vite, mon père et moi nous avons dû vendre notre maison. De toute façon, elle ne me rappelait que la mort de ma mère ; cet abandon qui m'avait encore plus brisé le cœur en mille morceaux. Je nous trouva un petit appartement pas trop cher un peu éloigné de la ville. L'alcoolisme de mon père n'arrangeait rien et je ne pouvais rien faire pour l'aider. Nous n'avions plus assez de sous pour nous nourrir alors je commença à dealer. Cela gagnait bien et assez pour que je rembourse mes dettes. Je rendais notre vie un peu plus confortable. Enfin, la vie de mon père. J'ai essayé de le faire hospitaliser pour traiter son alcoolisme mais il s'en allait du centre à chaque fois après une semaine. Alors j'ai laissé tomber, lui apportant une bouteille le soir quand je revenais du "boulot". Si je ne lui ramenais pas, il allait en voler au supermarché et il était hors de question qu'il m'abandonne lui aussi mais au fond, ce n'était pas ce qu'il faisait déjà?

Et là, mon chemin croisa le sien. Un ange descendu du ciel. Je rencontra Ayliah au supermarché. Elle me raconta qu'elle enchaînait les petits boulots pour aider sa mère qui était veuve. Elle me raconta tout ça autour d'un verre car j'avoue lui avoir forcer la main. Mais je voyais en elle beaucoup de ressemblances avec Amy. Je tomba très vite raide dingue d'elle et c'était réciproque, heureusement pour moi. Seulement, elle ne voulait pas fonder un couple avec moi si je n'arrêtais pas mes "magouilles". Je fus obligé d'accepter et de rentrer en centre de désintoxication. Je n'imaginais pas ce qui m'attendait. Comme je n'étais plus sur le marché du "travail" les fournisseurs à qui je devais de l'argent m'envoyèrent des menaces. J'en parla à la police mais ils ne pouvaient pas faire grand chose. Ils menacèrent de s'en prendre à Ayliah mais elle refusait que je sorte du centre pour la protéger. Et là le pire arriva ; elle fut tuée en voiture. Quelqu'un bousilla ses freins alors qu'elle venait me voir et là ma vie s'écroula en un fragment de seconde. Il était hors de question que je replonge dans la drogue ; j'avais promis à ma belle brune. Mais il me faudrait plus que ça pour oublier et c'est comme ça que je débarqua à San Diego.


Voilà six ans que j'ai débarqué à San Diego et mon bonheur ne s'est pas amélioré. Après Amy, je pensais ne plus jamais être heureux seulement Ayliah m'avait montré le contraire. Notre amour n'a pas duré longtemps mais il était assez fort pour me montre qu'à présent il est clair que je ne serais plus jamais heureux. Voilà quatre ans que je me consacre pleinement à mes études. Je suis en quatrième année de médecine et je ne lâcherai jamais mon avenir ; mes études. Je tiens bien trop à tout ça pour tout laisser tomber. San Diego ne m'a pas aidé à oublier mais à supporter. Ce qui m'a davantage aidé c'est les soirées cocktails et filles à volonté. Il est clair que je ne serai plus jamais amoureux alors je me "sers" des filles pour combler le manque. Je combine mes études et un petit boulot de vendeur pour payer mes études. Je ne rends presque plus visite à mon père qui vit sur la société. Il ne veut pas se faire soigner ; tant pis pour lui. J'ai tout de même un peu de remords mais il est clair que si je restais je m'auto-détruirais et je le détruirais en même temps. Tout ce que je touche vole en poussières alors il est hors de question que je recommence à m'attacher à qui que ce soit. Je ne vis que pour moi, peu importe si je ne retrouve jamais le bonheur.