❝ inglourious sisters. ❞

Son téléphone sonne. Elle ne décroche pas, c’est à peine si elle l’entend. Son regard reste rivé sur la carte qu’elle tient dans ses mains. Ca n’avait rien de précieux, un fichu bout de papier, des clowns dessinés dessus et quatre ballons. Cela faisait huit ans jour pour jours que son père avait quitté la maison des Debussy. Ils étaient encore à Los Angeles à cette époque, et les valises qu’avait posé Monsieur Debussy à côté de la porte restaient ancrées dans son esprit. Comme d’habitude, sa mère était trop occupée pour partager un dîner avec Norma. Elle ne se faisait pas d’illusions ; elle ne voulait pas, pas aujourd’hui. Elles n’en parlaient jamais, dès que Norma abordait le sujet, c’était comme si elle parlait à un mur. Il avait été lâche, point barre. C’était ce qu’on lui rabâchait depuis toutes ces années. Alors elle était venue là ce soir, sur un vieux banc où elle s’était assise. Elle avait posé une bouteille d’alcool à côté d’elle, un paquet de clopes et sa si précieuse boîte de tranquillisants. Ca ne faisait pas bon ménage avec l’alcool. Elle ne voulait pas se foutre en l’air, juste oublié quelques heures. Elle commença par en prendre un, puis un deuxième, et recommença l’action trois fois. Elle tourna la carte et relu les mots inscrits dessus. « Ma chérie, aujourd’hui tu as huit ans. Cela ne fait que quelques mois que tu es à la maison avec nous mais je t’aime comme ma propre fille. Ton papa. » Un rire amer sortit de sa bouche, alors qu’elle rangeait ses affaires et gardait seulement sa bouteille en main. Elle prit le volant, c’était une bonne conductrice, on lui avait toujours dit. Elle prit la direction du quartier opposé au sien, et se gara devant un immeuble. Elle coupa le moteur, termina la bouteille et finit par descendre du véhicule. Il était près de trois heures du matin, et elle posa le doigt sur l’interphone, ça sonnait en continue. Azraël Debussy. Un sourire apparu sur ses lèvres.