Masquerade

Il faisait nuit. J'étais toute seule dans un jardin où il faisait nuit. Et pas une nuit rassurante comme dans les histoires pour enfants, non, vous croyez quoi. Une nuit bien noire, idéale pour tuer une pauvre petite rousse en détresse qui se promène dans la forêt avec un masque sur les yeux. En plus, il y avait le la neige, Ô bonheur ultime. Et je portais des talons, et une robe. Une robe. Une robe ! Je tiens à dire qu'on m'a forcée. Je voulais venir avec une chemise pas à moi et un vieux jeans, mais ç'aurait été "Ridicule, laid, et pas adéquate à la soirée" paraît-il. Mais ça aurait changé quoi, que je vienne habillée en fille ou pas, hein ? C'est un bal masqué, on ne m'aurait pas reconnue !
J'avais froid. Je portais une jolie robe noire, aux manches courtes, et descendant jusqu'au genoux, resserrée à la taille, et ample ensuite. Je me sentais presque jolie dedans, ce qui était un véritable exploit. J'avais des collants aussi, noirs également. Mais ma tenue ne suffisait pas à me réchauffer, et je frissonnais, mais il était hors de question que je retourne dans le château tout de suite. Il y avait trop de monde, trop de regards, trop de parfums, et de lumières. Mon passage de la porte vitrée donnant sur les jardins à ma ballade dans la forêt, je ne m'en souviens étonnement plus. J'ignore pourquoi j'ai voulu aller dans la forêt. C'est sans doute le coin le plus calme, de toute façon.
Mais là, je me sentais tellement seule. Il faisait si noir, et si froid ! Je me suis mise à chanter. À tue-tête. C'était ridicule. Puérile, même. Mais la musique avait toujours chassé les ombres, le froid et la solitude.
Je me suis mise à danser. J'ai fermé les yeux. Comme pris de folie. Les gens - s'il y en avait du moins - devaient me prendre pour une cinglée. Moi, j'étais dans ma bulle. J'y étais bien.