Azriël & Louis

Avait-il été suivi ? Non, tout allait bien. Jetant un dernier regard en arrière, un peu plus paranoïaque de jour en jour – la faute à ces saletés de flics et aux médias qui ne trouvaient rien de mieux à faire que de publier sa photo dans tous les journaux – Louis se fraya un chemin jusqu’à l’immense bâtisse. Il avait même réussi à se blesser avec les barbelés jonchés tout autour du bâtiment. Nul doute qu’il était bien en voie de démolition, comme indiquait le panneau au devant de la route. De l’impasse plutôt, qu’il avait emprunté dix minutes plus tôt. Louis avait l’habitude de traîner dans les coins mal famés. Avec son mètre quatre vingt-cinq, aucun loubard n’était suffisamment stupide pour lui chercher des noises. Encore moins avec le regard qu’il leur lançait au passage. Un regard qui disait « Passe ton chemin ou je te jure que tu vas passer un sale quart d’heure. » Mais détrompez-vous, Louis n’a pas toujours été ainsi. Cet homme craint, détesté par les ignorants et les faibles. Autrefois, lui aussi avait une vie, une famille, une maison, un chien. A le voir aujourd’hui, quoique riche au vu de son ancienne profession – les tueurs à gages sont des hommes faits d’argent, vous ne le saviez pas ? – mais terriblement seul, et obligé de se terrer comme un lapin pour échapper à une justice ignoble et ingrate. Il se vengerait, oui, un jour. Un jour il les aurait tous. En attendant, il avait choisi de dormir ici cette nuit. Personne ne soupçonnerait un fugitif dans un bâtiment en voie de démolition, encore moins dans un quartier aussi isolé. C’était sans compter l’ombre qui l’avait suivi depuis plusieurs minutes, et qui venait d’entrer à sa suite, faisant de son mieux pour ne pas se faire repérer. Trop tard, il l’avait déjà dans sa ligne de mire.

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