FIANCÉE DE SON FRÈRE. ANCIEN PREMIER AMOUR.
... ÂME SŒUR.
1997 à 2003 ♦ «
Arrêêêête !!! Je vais le dire à ma mère ! » Encore une fois X venait de sauver Diane des griffes de son grand frère s'amusant toujours à la pourchasser dans le jardin des Grayson. Les familles Grayson et Swarovski étaient très proches, leur deux pères étant pratiquement des frères l'un pour l'autre, Diane était donc habituée à venir passer des après-midis chez eux. X et Diane n'avaient que deux ans d'écart et ils s'entendaient parfaitement à propos de n'importe quoi : bleu plutôt que rouge, pâquerette plutôt que pissenlit, Mickaël Jackson plutôt que Madonna, monopoly plutôt que télévision, ... «
En fait, t'es un peu mon prince charmant... Parce que tu me sauves tout le temps du grand méchant ! » X avait rigolé à sa remarque. «
Donc... tu es ma femme alors ? » «
Mais non ! Il faut se marier pour ça ! » Alors ils s'étaient rendus loin de la maison, tout au fond du grand jardin des Grayson et s'étaient mariés : les bagues avaient été faites avec des brins d'herbe et des pâquerettes, le bouquet consistait en une rose blanche que X avait arraché de l'un des rosiers de sa mère et le prêtre était... le chat de X qui ne cessait de les suivre dans leurs aventures d'enfants. «
X... Tu sais on est pas obligé d'avoir un enfant. Parce que moi j'aime pas quand les bébés ils pleurent... » «
D'accord. Mais est-ce que tu veux bien qu'on ait un chat alors ? » «
Oh oui ! Et on pourra dire qu'on est des âmes soeurs alors ! ...Maman dit que je serais mariée avec elle, avec mon âme soeur ! Donc c'est toi ! » «
Oui, mais je m'habille pas en fille ! »
Pendant des années ils ne purent se passer l'un de l'autre, leur monde enfantin se construisait autour de l'autre et même si les années passèrent leur complicité ne changea pas, au contraire elle se renforça.
2003 à 2005 ♦ «
Je dois partir Diane. » «
Quoi ? Tu veux plus jouer au monopoly ? » «
C'est pas ça... Je vais avoir 14 ans. D'après papa il faut que j'aie une bonne éducation comme mon frère. Je vais aller en internat. » Au début, ce fut compliqué pour Diane, âgée de 12 ans, de vivre sans avoir son compagnon d'aventures auprès d'elle. Elle pouvait l'apercevoir le week-end, lors de visites chez les Grayson, mais la plupart du temps M. Grayson lui disait gentiment en lui caressant la joue que X était grand maintenant et qu'il devait travailler dans sa chambre. Seul.
Deux ans plus tard, en 2005, Diane suivit sa mère en France après le divorce de ses parents. Finalement, les adieux furent moins douloureux que si la rupture avait été soudaine : ces deux années d'internat les avaient déjà peu à peu éloignées.
2006 à l'été 2008 ♦ Diane ne remit pas les pieds à San Diego durant une année. Puis, elle accorda à son père un peu plus de temps et vint passer les vacances chez lui. La plupart du temps au travail, Diane avait décidé de retrouver un ancien ami pour oublier son ennuie. Au début, ce fut étrange de retrouver X après cette année sans nouvelle. Pourtant, dès les premières paroles échangées ce fut comme s'ils n'avaient jamais été séparé par l'internat du jeune homme, ni par l'Atlantique. Diane revenait de plus en plus durant les vacances scolaires. Elle raconta à X sa vie à Paris, combien la ville était merveilleuse, qu'il fallait absolument qu'un jour il vienne la voir là-bas. Chaque été ils ne passaient pas une journée sans qu'ils ne se voient. Un jour, Diane lui raconta une histoire d'origine européenne. La légende de Tristan et Iseult. Tristan blessé à de nombreuses reprises était toujours guéri par la belle Iseult. Destinée au roi, Iseult se maria, mais c'est Tristan qu'elle aima à jamais. Découvrant cela, le roi bannit Tristan. Iseult ne le revoit pas jusqu'à ce qu'il demande son aide, étant blessé mortellement. Mais Iseult arrive trop tard : se croyant abandonner par la femme qu'il aime, Tristan se donne la mort et c'est de chagrin que la belle meurt à son tour. C'était l'une des légendes favorites de Diane, d'une part cela l'avait réconcilié avec son second prénom et d'autre part elle trouvait cette légende tellement belle et triste à la fois. «
Tu sais, t'es un peu ma Iseult en fait... » «
Comment ça ? » «
Et bien... c'est toujours toi qui m'as sauvé, tu te rappelles ? » «
Oui, en effet. Mais je préfère être Tristan, sa mort est un acte d'amour. Il ne peut vivre sur terre sans l'amour de Iseult, même si en contre-partie elle doit vivre auprès d'un autre homme... » La suite avait peut-être été écrite dans cette même légende : après tout n'avaient-ils pas tout deux comme second prénom Tristan et Iseult ?
L'été des 17 ans de Diane et des 19 ans de X fut différent des autres étés. Les douze mois passés avaient permis à Diane de changer physiquement : elle était devenue une femme, une élégante et séduisante jeune femme. Alors lorsqu'elle lui relut à l'ombre d'un cerisier la légende de Tristan et Iseult, X ne put s'empêcher de déposer un baiser sur les lèvres de la jeune femme. Ce fut certainement le plus bel été de ces deux jeunes gens. Il se fut assez naturel de passer de cette amitié fusionnelle à cette amour passionnel. Leur amour resta secret. C'était leur petit truc à eux, personne ne pourrait le leur prendre. La maison des Grayson était la plupart du temps déserte : son père travaillait, sa mère s'occupait en ville et son frère n'était pas à la maison durant l'été, alors la maison devint leur petit nid douillet. C'était la première fois que Diane ressentait le besoin d'être toujours auprès de quelqu'un, et elle savait qu'elle pouvait avoir confiance en lui, et vice versa. C'est ensemble qu'ils découvrirent leur sexualité. Les jours passaient et lorsque la mère de X rentrait le soir demandant quelles avaient été leurs activités, ils répondaient simplement qu'ils avaient joué au monopoly (même si à 17 et 19 ans cela était légèrement passé de mode, cependant on les avait toujours considéré comme deux petits anges).
«
Tu sais que... tu sais que mon coeur sera toujours dans tes mains. Alors gardes-le au chaud. » «
Ne pars pas. Reste ici... Pour moi ! » Diane n'avait pu se remédier à rester avec X à la fin de l'été, elle était alors trop attachée à sa vie parisienne et puis les vacances allaient vite venir, ils garderaient contact.
septembre 2008 à 2012 ♦ Au départ, les lettres se suivirent d'une semaine à l'autre. Puis la distance, les études et les amis prirent de plus en plus d'importances pour X comme pour Diane. Puis les vacances devinrent synonymes de révisions, d'un moyen de voyager dans le monde là où ils n'étaient jamais allés. Ainsi, X et Diane cessèrent leur correspondance, cessèrent de se voir et cessèrent d'espérer retrouver les mêmes sentiments chez l'autre.
mai 2012 ♦ Cela faisait longtemps que X n'avait pas entendu de nouvelles de Diane, quelques mois auparavant il avait cru comprendre qu'elle ferait visiter Paris à son frère. Aujourd'hui, ses parents lui annonçaient qu'elle allait leur rendre visite. Une pointe de nostalgie avait alors pointé le bout de son nez, mais elle s'effaça rapidement après tout cela faisait partie du passé.
Le jour de la visite de la jeune femme, X était arrivé en retard. Lorsqu'il entra dans le salon, apercevant Diane son coeur se serra et il dû se rappeler de respirer. Des sentiments étranges se mélangèrent en lui : à nouveau c'était comme s'ils n'avaient jamais été séparé. Mais le pincement au coeur et le malaise qu'il ressentit furent sans aucun doute l'effet qu'avait la bague de fiançailles à la main de la jeune femme lorsqu'il l'aperçut. «
Félicitations. On dirait bien que tu sois devenue vitale pour quelqu'un. » C'était un compliment, qui sonna peut-être comme une pique pendant une seconde à peine. A nouveau X perdit ses moyens, voyant son frère embrasser Diane et lui confirmer que oui, elle était devenue vitale à quelqu'un. X sentit comme un écroulement de terrain dans son corps ou bien était-ce son coeur qui se brisait en milles morceaux ? Diane n'avait réagi à aucune parole du jeune homme pas plus qu'aux autres... trop occupée à retrouver l'homme qui détenait son coeur elle était alors complètement perdue.
«
Alors tu es amoureuse... » avait-il pu lui demander une fois Diane pour lui seul. «
Oui. » Si elle avait pu elle aurait ajouté "je suis amoureuse... seulement de qui ? Du quel ?". «
Bien. Tu as finalement trouvé ton âme soeur. » Diane s'était alors excusée, se dirigeant vers le jardin. Sa tête lui tournait, son coeur lui disait de faire quelque chose et sa raison lui demandait de faire autre chose. Le grand frère... ou le petit frère ? Même si cela s'est passé il y a quatre ans, c'est comme si effectivement elle avait récupéré son coeur dès que son regard avait croisé celui de X.
X commençait à accepter cette situation. Elle aimait son frère, ils allaient se marier. Diane semblait vraiment heureuse, elle ne montrait aucun intérêt pour lui, le passé était bien du passé. Alors X faisait de même, tentant d'oublier ce qu'il pouvait ressentir pour elle.
Un soir il intercepta Diane sur le pas de sa porte. Elle semblait avoir été prise sur le fait, surprise de se retrouver face à X alors qu'elle savait pertinemment que c'était sa chambre, que c'était la chambre. X s'était amusé de cette situation et avait dit sur un ton amusé : «
Ouh... Je te déconseille de t'aventurer dans cette pièce, elle est pleine de tentations. » Diane avait alors rougi, le regardant désespérément, elle sembla vouloir formuler une phrase, mais au lieu de cela elle prit ses jambes à son cou. La seule réaction qu'eut X fut de s'exclamer : «
Iseult ? ». C'était un code entre eux, il était son Tristan, elle était sa Iseult. Au plus grand étonnement de X, Diane s'était retournée hésitante, mais avait ensuite repris sa course pour sortir de la maison.
C'était le signe que l'un et l'autre attendait. Diane aimait encore X, même si sa raison lui dictait de rester auprès de l'aîné des Grayson, son coeur la harcelait pour qu'elle se jette dans les bras de X. Il avait changé. Il était encore plus beau que dans ses souvenirs, il avait développé sa musculature et semblait plus viril. La réaction de X fut la même que Diane. Ces quatre années n'avaient pas effacé l'amour qu'il lui portait. Alors un soir, après le dîner, il était allé déposer dans les affaires de Diane, dans la chambre qu'elle partageait avec son fiancé dans la maison des Grayson, un petit sachet. Il contenait une bague faite d'herbe sèche et de petites pâquerettes abîmées par le temps. Dedans avait été glissé un petit mot : «
Te souviens-tu de cette journée où tu es devenue mienne pour toujours ? Réécrivons notre légende... » X faisait tellement d'allusions à des scènes marquantes de la vie de Diane, qu'elle ne pouvait ignorer tous ces sous-entendus : le fait qu'elle soit déjà en quelque sorte la femme de quelqu'un, le fait qu'il détienne son coeur et le fait qu'il ne veuille pas qu'elle ou lui meurt de chagrin. Réécrire la légende de Tristan et Iseult...
La situation est complexe et les deux jeunes gens ne se simplifient pas la tâche tentant d'ignorer l'un, puis baissant ses barrières, puis redevenant distant, pour finalement avoir ce genre d'intention pour l'autre...