C’était une nuit des plus sombres pour avoir envie de mettre le nez dehors, bref c’était une parfaite nuit pour sortir et hanter chacune des ruelles de San Diego. Bah quoi ? Après tout c’était la ville de Paranormal Activity enfin ça, je n’en avais absolument rien à… battre parce que cette saga n’était qu’une pure connerie et que ça me permettait uniquement de faire la sieste pendant plus d’une heure et demie au cinéma, enfin bref, là n’était pas là question. Il était minuit passé et j’étais en train de marcher dans les ruelles d’Hillcrest Est afin de me rendre dans une boite de nuit, lieu où j’avais rendez-vous avec quelques uns de mes amis. Après tout, j’avais bien du temps à leur consacrer maintenant que la saison de basket était terminée pour les Clippers de Los Angeles éliminés par les Spurs de San Antonio il y a plus d’une semaine de cela. Enfin bref peu importait car cela me permettait de consacrer une bonne partie de mon temps libre à ma mère adoptive gravement malade. Je n’avais pas été trop présent pour elle mais je n’avais jamais cessé de voyager entre Los Angeles et San Diego pour venir prendre soin d’elle, une chance pour moi d’avoir été recruté par les Clippers, bien que j’aurais enfin préféré réaliser son rêve… Mais pas le moment pour y penser, je marchais avec mon casque sur les oreilles, musique à fond et casquette de travers. Un vrai gangsta en l’occurence. Bien qu’arrivé il y a dix ans de cela à San Diego, je n’avais rien perdu des habitudes qui m’avaient collés à la peau pendant bien des années à Los Angeles et je ne me gênais d’ailleurs pas pour faire quelques pas de hip-hop sur le rythme de ma musique alors que la ruelle que je venais à emprunter était totalement déserte, du moins, c’est ce que je pensais jusqu’à ce que je passe devant une jeune femme, à moitié couchée contre un mur, emmitouflée dans un énorme pull-over. Mon regard ne se posa que durant une fraction de seconde sur cette dernière tout en continuant ma route, mais finalement je m’arrêtais et finis par tourner les talons en baissant mon casque. « CAT’ ?! », hurlais-je presque.

Aujourd’hui était un jour comme les autres. Je me levais au rythme du soleil, trainais dans les rues de San Diego, comme je pouvais le faire à Los Angeles, sans aucun but précis. Je ne savais pas ce que je voulais faire de ma vie, ni même si je m’en sortirais un jour, tout ce que je savais c’est que j’adorais vivre comme cela. Non pas dans la rue mais au moins, j’étais libre, aucune règle ne m’était imposer. Ce que je voulais par-dessus tout c’était le meilleur pour mon enfant et, comment pouvais-je faire pour réaliser mon vœu le plus cher ? J’allais travailler et faire des économies. C’est ce que je faisais depuis quelques jours. Quelques contacts de ma ville natale m’avaient mise sur des coups, je faisais des courses comme toujours parce que c’est ce que j’aimais. Je savais que ce n’était pas super bon pour le bébé, je veux dire autant d’adrénaline mais, c’était ma passion, je ne pouvais pas y renoncer. J’avais du fric mais, pas assez pour me payer un hôtel de luxe et de quoi vivre pour plusieurs années. Je préférais garder mon argent pour plus tard, quand le petit en aurait réellement besoin. J’avais besoin de cet argent ! Aujourd’hui, je n’avais qu’un seul et unique coup et malheureusement, les paris étaient beaucoup moins élevés ici. A croire qu’ils n’avaient pas tripes ! Bref, ce que je gagnais, je le gardais pour plus tard et profitais de la douce brise d’été qu’offrait ces magnifiques rues peu éclairées, sombres. Etre enceinte, ce n’était pas de tout repos. Certes, cela ne faisait que quelques semaines et pourtant, je me sentais déjà mal et fatiguée. Je fermais donc les yeux un court instant, jusqu’à ce qu’une voix familière me sorte de mon sommeil. J’ouvrais donc les yeux pour y découvrir Carter et, c’est surprise que je me levais d’un bond pour le saluer. « Hey Carter, comment tu vas ? T’es pas censé être à Los Angeles à cette heure-ci ? » Demandais-je d’un ton naturel en tapant un coup sur sa casquette pour qu’elle descende. A vrai dire, cela faisait plusieurs semaines que je ne lui avais pas donné de nouvelles et je me sentais assez gênée… De plus, il allait rapidement découvrir mon petit secret puisque dormir dans la rue n’était pas une action fréquemment pratiquée par les habitants de la ville. Bref, je souriais comme si de rien était, c’était la seule chose à faire.

Je ne savais pas comment réagir face à la situation dans laquelle nous étions actuellement. J’aurais dû tout lui raconter dès le départ, lui dire que j’avais quitté Los Angeles parce que j’avais besoin de prendre du recul mais, que tout me ramener à lui. J’aurais sans doute dû lui dire que je vivais ici, dans la rue parce que j’étais enceinte et que j’avais besoin de faire des économies pour plus tard, que je ne pouvais vivre dans l’excès. Mais non, tout ça, c’était s’apitoyer sur son sort et ce n’était pas mon genre. Je trouvais toujours des points positifs, dans n’importe quelle situation et aujourd’hui encore j’allais devoir jouer de ce magnifique sourire. Je croisais les bras en le fixant alors que mon sourire s’agrandit pour ne rien laisser paraitre. « Mh… Disons que c’est… Ma maison provisoire. » Oui après tout, je ne comptais pas vivre ainsi jusqu’à la fin de mes jours, j’allais attendre un peu et m’offre un vrai appartement, un appartement dans lequel ce bébé pourrait grandir normalement, comme tout le monde. En attendant, je ne lui mentais pas, je cachais seulement quelques détails dans le but de le protéger, lui et son avenir. Je ne voulais pas le mettre mal à l’aise et encore moins qu’il me prenne en pitié ou qu’il s’inquiète pour moi puisque j’allais bien. Me tournant vers ce petit coin de rue, je déclarais naturellement comme toujours… « Avoue que c’est mignon quand même ?! »

Lui dire la vérité ? Mentir ? Lui cacher des choses ? Je ne pouvais pas expliquer la situation en restant sérieuse, c’était beaucoup trop dur. Je ne pouvais lui avouer la raison pour laquelle je l’évitais un maximum ces derniers temps. Je ne pouvais non plus lui mentir, je ne l’avais jamais fait et je ne le ferais sans doute jamais. Il ne me restait qu’une fois et unique solution, tout faire pour cacher le pourquoi de cette disparition totale dans sa vie. Cela m’avait fait mal, de l’ignorer, lui et ses appels. C’était dur et encore plus en le revoyant, j’avais envie de tout lui dire mais malheureusement, j’en étais incapable. En tout cas, ma tentative pour détendre l’atmosphère échoua totalement puisque cela le redis encore plus sérieux. Il avait une fois de plus raison. Je baissais alors la tête en soupirant avant de lui avouer un léger sourire aux lèvres : « J’avais besoin de prendre du recul. » Et ce n’était pas faux. C’était la raison pour laquelle j’avais quitté Los Angeles, que je les avais tous quitter alors qu’ils étaient prêts à m’aider autant les uns que les autres. A cet instant, j’aurais eu besoin d’eux parce que je me sentais incapable de le dire moi-même à Carter. Je me sentais mal mais, je n’arrivais pas. J’entrouvrais la bouche, prête à tout lui dire mais, cette dernière se referma immédiatement. Je levais le regard en sa direction avant de lui plus sérieusement, posément et avec beaucoup de certitude. « Ecoute Carter, ma vie en ce moment est plutôt… Compliquée. Je voulais pas te mêler à tout ça. » Et pourtant, je le devrais bien. Il avait le droit de le savoir, c’était lui le père après tout. Je sais que retarder les choses était une mauvaise idée mais je n’arrivais à fonctionner autrement. Son regard m’empêchait de prononcer un mot de plus.

Cette foutue positivité, c’était presque comme une maladie. De temps en temps, j’avais envie de montrer ce que je ressentais réellement ou même craquer comme tout le monde mais, j’étais bien trop fière pour cela. Je n’arrivais pas et encore moins devant Carter. J’étais mal, je ne savais comment réagir face à la situation, face à lui et pourtant, bien qu’il avait l’air assez remonté contre moi, essayant de comprendre ce qu’il se passait dans ma tête, je me montais calme, souriante et en ne peut plus sereine. Une personne normale aurait sans doute fondu en larmes, se serait inquiétée mais pas moi. Je voulais encore y croire, y croire toujours et ça même si j’étais à la rue en ce jour. Je fronçais les sourcils quand il fit allusion à la bande parce que jamais rien auparavant n’avait pu nous séparer et, c’est rapidement que j’hochais la tête négativement en faisant de gros yeux comme si c’était improbable, inimaginable. « Non, absolument pas ! Je… Ils voulaient vraiment que je reste mais… » Mais je ne réussis pas à finir ma phrase car, lui dire que c’était mon choix d’être ici actuellement aurait été pire que signer un pacte avec le diable. Il m’aurait sans doute traité de petite naïve ou encore d’irresponsable et, j’étais loin d’y être. Je ne voulais pas non plus qu’il me tue sur place, je tenais un minimum à ma vie. Bref, ses mots sonnèrent comme un appel ou une trahison je ne sais pas trop. Jamais dans le passé je n’avais fait une telle chose. Je lui disais tout, absolument tout et pourtant aujourd’hui, j’étais tout bêtement en train d’essayer de camoufler une partie de notre passé qui avait bientôt devenir présent. Tout se mélangeait dans ma tête et j’étais incapable de savoir ce que je devais dire ou non. Je lui coupais presque la parole trouvant cela un peu trop dur à entendre. « T’es mon meilleur ami Carter et c’est justement pour ça que je ne t’ai rien dit. Je ne veux pas que tu m’abandonnes ou que tu m’en veuilles. Si ce n’était pas pour ton bien, tu crois vraiment que je te l’aurais caché ? » Je l’aurais caché. Encore une fois, j’essayais de contourner le sujet mais malheureusement, je ne sais pas si pouvait tenir encore longtemps face à son ton froid et le fait qu’il pense que je n’ai plus confiance en lui ou autre chose du genre.

Il fallait que je fasse quelque chose. Je savais que d’une seconde à l’autre, Carter pouvait craquer et s’énerver comme jamais. Je crois que l’on ne s’est jamais disputé tous les deux ou en tout cas, je n’en avais pas le souvenir alors, ça ne devait pas être bien grave et plutôt rare. En fait, je m’apprêtais à lui dire toute la vérité, rien que la vérité mais, ses mots me rafraichirent. J’en pris un coup ça, c’est sûr. Au début, je ne savais que dire. Ça me surprenait qu’il pense cela mais après tout, j’avais changé, j’avais changé en lui cachant des choses alors je n’avais pas le droit de lui en vouloir. Je pris une grande inspiration pour me calmer, pour me pas m’énerver or, les mots sortirent seuls. « Va te faire foutre Carter ! Je n’ai jamais fait ça et je ne le ferais jamais ! » J’avais eu des difficultés dans le passé mais, jamais je n’étais tombée aussi bas, j’avais ma fierté et j’y tenais bien plus que tout. Quand j’avais besoin d’argent, j’étais prête à tout, sauf à cela. Je ne lui voulais pas. C’était en partie sa faute, sa faute et la mienne et pourtant, j’endossais nos actes moi-même. Je n’aurais jamais dû me laisser aller de la sorte, sans cela, sans cette nuit qui avait tout de même était parfaite, je ne serais pas ici en ce jour. Je serais encore à Los Angeles avec le reste de la bande. Bref, je finis par baisser la tête alors qu’il continuait son discours sur un ton plus calme et, c’est sans même la relever que je murmurais tout bas comme honteuse de lui avouer la cause de ma venue ici. « Je dois garder mon fric parce que je… Je suis enceinte. » J’avais eu du mal, j’avais hésité et pourtant, j’avais fini par tout lui dire. Maintenant, il ne me restait plus qu’à attendre pour savoir qu’elle était sa réaction.

Les excuses de Carter étaient étonnantes et pourtant, je ne les relevais pas, bien trop occupée à réfléchir. Je savais qu’il était temps pour moi de lui dire la vérité avant qu’il ne le découvre par lui-même. Après tout, on ne pouvait pas cacher une grossesse éternellement ! Il avait le droit à des explications surtout que cela le concernait… En partie. Les mots sortirent seuls, sans que je ne fasse aucun effort mais, tel un murmure que de nombreuses personnes n’auraient pas perçu. J’étais vraiment mal pour lui et à la fois gênée de lui annoncer la nouvelle de cette sorte. Je soupirais alors qu’un silence s’était installé entre nous. Je ne savais plus où me mettre tout ce que je souhaitais à cet instant c’était retourner à Los Angeles. Je n’avais pas pensé à mentionner le fait qu’il était père ou encore que l’on puisse faire la relation entre le fait que je sois enceinte et la soirée que l’on avait passé tous les deux quelques jours auparavant, alors que je lui avais rendu visite à San Diego. Oui, pour moi tout cela était évident et je n’arrivais à en dire plus à ce sujet pour le moment. Je levais la tête et, au même instant, Carter ouvrit la bouche pour me demander si je plaisantais. D’accord, ça devait lui faire un choc mais tout de même, il me connaissait, je ne rigolais pas sur des choses aussi importantes. Je levais les bras au ciel l’air de dire « pitié dis-moi que tu te fous de ma gueule là ! » mais à la place, je lui répondis d’un ton plutôt distant et mal à l’aise. « Bien sûr Carter, j’adore déconner avec des sujets comme celui-ci ! » J'aurais voulu prendre la fuite suite à mes propos mais, il était mon meilleur ami alors, s'il voulait en parler, j'allais être présente comme je l'avais toujours été malgré que ce soit une conversation quelque peu délicate.

Carter me connaissait mieux que personne, il savait que je n’en faisais qu’à ma tête, que je démarrais au quart de tour sans même réfléchir et que cela m’avait, à plusieurs reprises, causé des ennuis. Mais malgré toutes mes erreurs, j’avais toujours réussi à m’en sortir avec le soutien de tous. Je savais que je l’avais à Los Angeles, ils étaient prêts à tout pour que je sois heureuse et là, ce qu’il me fallait, c’était du recul, une nouvelle vie parce que ce n’était pas un environnement pour élever un bébé. Ils l’avaient parfaitement compris et m’avaient laissé partir. Maintenant, je m’attendais à ce que Carter comprenne tout cela parce que c’était celui à qui je disais tout, celui qui avait toujours été présent pour moi et bien sûr, il m’avait toujours compris mieux que personne. Sa réflexion me fit un choc et malgré le fait que je restais de marbre, j’étais réellement blessée par ses propos. « Wahou ! Tu sais quoi ? Je n’ai pas de comptes à te rendre alors je t’en prie, fais ta vie et je ferais la meilleure au mieux. » Si j’étais là, c’était en parti pour lui… Parce qu’aux dernières nouvelles, c’était lui le père bien que je ne lui ai pas dit clairement et, j’avais vraiment besoin de lui, de mon meilleur ami. Mais bon, comme il n’arrivait à faire le rapprochement entre tout cela, je préférais tourner les talons et continuer à mener ma vie comme bon me le semblait…. C’était la meilleure chose à faire. Pour le bébé, pour Carter et également pour moi. Il était tant que je grandisse, que je regarde la vérité en face au lieu d’être naïve au point de croire que l’ancien Carter était quelque part à l’intérieur de cette star du basketball.

C’est vrai que je m’étais emportée rapidement, ne lui laissant pas même le temps de répondre. C’est vrai que j’étais impulsive mais, c’était mon caractère et je n’arrivais à le contrôler, surtout en ce moment. Alors oui, il avait raison ! Oui, j’étais totalement inconsciente face au danger de la rue mais après tout, cela avait été notre quotidien à Los Angeles et, jamais rien ne m’était arrivé… Pourquoi est-ce que ça changerait ? J’étais assez grande pour me débrouiller, assez grande pour m’occuper de moi. Je marchais donc dans la direction opposée à la sienne, la tête haute, le cœur battant à cent à l’heure si ce n’est plus. J’étais naïve de croire que je pouvais continuer ainsi pendant des kilomètres encore puisqu’il ne fallut que peu de temps à Carter pour me rattraper. Je me retrouvais brusquement face à lui alors qu’il m’avait agrippé le bras et, écoutais ces paroles tête baissée. Je n’espérais pas qu’il me laisse fuir parce que, cela voudrait dire que nous étions en froid et que notre amitié était compromise or, il en était hors de question. J’avais toujours eu confiance en Carter, je lui avais toujours tout dit et ce n’est pas aujourd’hui que ces choses devaient changer. Un silence s’installa pendant plusieurs seconds mais, je n’arrivais à trouver les mots justes et, je pense qu’il le comprit car il reprit la parole. A cet instant, je me savais que faire, les larmes commencèrent à me montrer aux yeux alors comme un réflexe, je le pris dans mes bras en murmurant : « Je suis désolée… » Et je l’étais vraiment, pour tout ce que j’avais pu lui faire endurer aujourd’hui comme dans le passé.

C’était bel et bien ça qui m’avait manqué au cours de ces dernières années, pouvoir me dire que Catalina serait toujours à mes côtés et que je pourrais toujours et encore veiller sur elle car oui, c’était la promesse que je m’étais faite bien avant que je ne sois placé dans une famille d’accueil se trouvant à San Diego. J’avais toujours pensé que je resterais dans les rues de Los Angeles avec la bande, qu’on se soutiendrait encore après vingt voir trente ans d’amitié mais voilà que tout était tombé à l’eau suite à mon départ. D’accord, j’aurais pu les retrouver mais il fallait avouer que ma famille d’accueil avait été la famille qu’il m’avait toujours manqué et je m’étais vraiment accroché à eux après tout ce temps. C’est d’ailleurs eux qui m’avaient encouragé dans mes études, qui m’ont vraiment lancé dans le basket et qui m’ont permis d’intégrer une grande équipe au jour d’aujourd’hui. Mais malgré tout, il y avait toujours eu un vide en moi, ce vide qui s’était instauré depuis mon départ de L.A et qui ne s’était jamais en allé, hormis peut-être lorsque Cat’ était venue ici pour passer ses vacances à San Diego. Ca, ça avait ravivé une petite flamme en moi mais cela n’avait duré que quelques jours. Je me sentais à nouveau vivre en quelque sorte au moment où la jeune femme vint à se blottir dans mes bras et je n’hésitais pas à la serrer un peu plus contre moi à cet instant. « Tu n’as pas à l’être, tu n’as rien fais de mal, c’est moi qui m’emporte bien trop vite. C’est moi qui suis désolé. » Je pris une longue inspiration suite à cela me sentant désemparé par les derniers événements et je n’arrivais toujours pas à me faire à l’idée qu’elle était à nouveau ici et que d’ailleurs, elle n’était pas venue seule. Du moins, en quelque sorte.

J’étais touchée au final. Des excuses de la part de monsieur Rider, c’était tellement rare et inattendu. Je n’en demandais pas tant car en effet, j’étais plutôt fautive dans l’histoire. J’aurais dû l’appeler ou même passer plus tôt, lorsque j’avais appris la nouvelle pour que l’on en parle comme deux adultes responsables face à une situation plutôt compliquée. J’avais toujours tout partagé avec Carter, mes ressentis, mes problèmes mais cette grossesse, c’était vraiment de trop et je n’avais pas su lui en parler. Prise au dépourvu en ce jour, j’avais fini par cracher le morceau et c’est en prenant une grande inspiration que je vins me blottir dans ses bras pour me faire pardonner de tout et notamment de cette soudaine disparition. « J’aurais dû te le dire quand je l’ai appris… J’ai paniqué, je savais pas quoi faire et je savais pas non plus comment t’allais réagir… » Après tout, ce n’était pas comme si j’étais en couple avec Carter, c’était mon meilleur ami de toujours et ces événements étaient vraiment… Bizarre. Je finis par me reculer et souris légèrement. Après tout, il n'avait pas changer, il me pardonnait toujours tout et je pouvais donc compter sur lui comme je l'avais toujours fait.

J’avais fini par fermer les yeux alors que je tenais presque fermement Catalina dans mes bras afin qu’elle ne vienne pas à s’en aller une fois de plus. Je ne voulais pas qu’elle refasse demi-tour et que cette fois-ci, elle vienne à s’enfuir pour de bon, qu’elle se décide à repartir à Los Angeles en coupant une fois de plus les ponts avec moi. J’entendais ses paroles et une espèce de déclic vint à se faire sentir au fond de mon estomac, comme si je venais enfin de comprendre quelque chose de très important. Je ne sus pas mettre tout de suite le doigt dessus car dans ma tête, c’était le bordel total avec les nombreuses questions ou idées qui s’y bousculaient. C’est lorsqu’elle vint à reculer et à me sourire que je me rendais vraiment compte de la situation. Je ne savais plus quoi dire à cet instant et je cherchais les mots pour ne pas la blesser alors finalement, se fut une simple question qui vint à s’échapper de mes lèvres sur un ton plutôt… embarrassé, voir presque appeuré. « Attends… et c’est qui le père ? » , demandais-je soudainement. Je connaissais la réponse, du moins, au plus profond de moi parce que mon esprit avait assemblé les morceaux du puzzle alors que mon cœur faisait tout pour ignorer cet appel qui provenait du fin fond de mon estomac. La peur ne m’envahit pas tout de suite parce que je n’étais pas totalement sur de la réponse finale et que tout pouvait encore arriver et c’est sans aucun doute pour cela que je réussis à rester aussi calme face à la situation actuelle. Je restais en face de Cat’, fixant cette dernière droit dans les yeux, attendant qu’elle vienne répondre à ma question.

Pour moi, tout était logique. Je n’avais couché qu’avec un seul et unique homme ces derniers mois, chose que de son côté Carter n’avait pas dû faire ou du moins, il ne se rendait pas compte de sa position dans l’histoire. Je ne savais pas comment lui dire à vrai dire, j’étais vraiment mal à ce moment précis et, tout en me mordant la lèvre je le fixais sans rien dire, d’un air désespéré. « Oh merde non… J’ai cru que t’avais compris je suis désolée. » Mais encore une fois, les mots ne vinrent pas. Pour moi, c’était clair et net, Carter était le père mais, je ne pouvais pas lui annoncer. C’était mon meilleur ami ! Je détournais le regard quelques secondes pour essayer de retrouver mon calme et garder un total contrôle sur la situation jusqu’à ce que les mots me viennent d’eux-mêmes. « C’est juste provisoire Carter, le temps que je me trouve un emploi stable, un petit appartement pas cher et je te demanderais rien je te promets, je gère la situation. » Oui, c’était le moins que je puisse faire. Je débarquais comme ça, à San Diego pour refaire ma vie, il me proposait son aide et bam, je lui apprenais que j’étais enceinte… C’était vraiment moche de ma part mais, je voulais cet enfant, je le voulais vraiment et ce quel qu’en soit le prix à payer. On devait bien trouver du travail ici tout de même !

Je n’arrivais pas à croire que tout cela était vrai, je devais me faire des idées en fin de compte parce que c’était totalement impossible que j’ai un quelconque rapport avec tout cela. Mais c’est alors que je me souvenais de ces vacances pas très éloignées, ces vacances où une seule soirée avait suffi pour que je couche avec Catalina et c’est alors que je pris peur. Mes entrailles tout entier vinrent à serrer et j’aurais très bien pu me lâcher dans mon pantalon tellement j’avais la trouille. Du calme Carter, tout cela n’est pas vrai, elle va tout simplement te répondre que c’est un pauvre type de L.A… ouais sauf que ce pauvre type, c’était bel et bien moi. Ce n’était pas une véritable annonce mais je l’avais compris de par sa réaction et tout ce que je réussis à faire alors que j’étais sous le choc de cette annonce, c’était un simple pas en arrière. Je laissais trainer un long silence car après tout, que pouvais-je dire ? Je lui avais promis de ne jamais la laisser tomber, peu importe la situation et elle savait bel et bien que j’étais un homme de paroles, jamais encore je n’étais passé à côté de l’une de mes promesses. Finalement, je l’entendais reprendre la parole alors que j’avais l’impression de ne plus être trop présent à cet instant, comme si j’étais doucement en train de m’élever dans les airs ou tout du moins, un truc dans le genre. En tout cas, je n’avais plus les pieds sur terre et je ne trouvais plus les mots pour m’exprimer, peut-être étais-je devenu muet entre temps ? « Tu gères ? Tu gères quoi ? Rien du tout ouais. Tu crois que c’est en ayant un petit boulot en tant que serveuse ou un truc du genre que t’arriveras à gérer ce gosse ? » J’étais en train de sortir de mes gongs et je le savais, c’est pour cela que je me détournais afin de passer mes deux mains sur mon visage, dépassé par la situation.

Dire clairement à Carter qui était le père, c’était impossible. J’avais envie de lui expliquer clairement tout ce que j’avais vécu ces derniers jours, mes choix mais également mes peurs… Sauf que je n’arrivais à le faire. J’étais à la fois gênée face à la situation dans laquelle on était et énervée par ses réactions. A croire que c’était ma faute si on en arrivait là aujourd’hui, je ne l’avais pas fait seule ce môme. Le pire restait le fait qu’il me pense incapable à gérer un enfant seule. Je fronçais les sourcils en le fixant, prête à mettre toutes les chances de mon côté. « Je gère je te dis ! Je me suis toujours débrouillée, je ne vois pas pourquoi ça changerait aujourd’hui ! » Croisant les bras, j’essayais de me calmer mais, c’était bien trop dur. Il fallait que je mette les choses au clair et, c’est ce que j’allais faire ! « Et arrête de m’engueuler, j’essaye de te rassurer et toi, au lieu de m’encourager tu me gueules dessus. » J’avais dit cela d’un ton des plus calmes contrairement à ce qu’on aurait pu penser. C’est vrai, je ne lui demandais rien, absolument rien hormis son amitié comme auparavant. Après tout, c'était moi qui allait prendre des kilos ! Moi qui voulait garder cet enfant, ce n'est pas comme si je lui demandais de l'élever ! Je pouvais le faire seule, il suffisait de le vouloir !

A cet instant, Catalina me dégoutait vraiment. Jamais encore je n’avais pensé qu’elle pourrait me faire un tel coup, me cacher quelque chose qui n’était pas qu’un petit secret que l’on pouvait dissimuler si facilement. Il s’agissait ici de quelque chose de bien plus gros, un secret qu’elle ne pouvait garder pour elle puisque au final, j’étais tout aussi impliqué qu’elle, bien qu’actuellement, j’essayais de ne pas être mêlé à tout cela. Mais il s’agissait de Catalina après tout et jamais encore je ne l’avais laissé tomber. A Los Angeles, j’avais toujours été présente pour elle et je savais que même à plusieurs kilomètres de cette ville, je le serais toujours si elle en avait besoin. Alors aujourd’hui, je savais qu’il fallait que je lui montre que rien n’avait changé dans notre amitié mais actuellement, c’était loin d’être évident parce que j’étais pas mal remonté suite à ce qu’elle m’avait annoncé. « Me rassurer ? Putain tu déconnes ? Tu débarques comme ça ici après avoir filtré tous mes appels et tous mes messages pendant des semaines, comment voulais-tu que je réagisse ? Mais tu comprends pas ! Le problème c’est pas que tu sois enceinte, le problème c’est que tu me l’ais caché alors t’étonnes pas si je t’engueule ! » Oui parce qu’après tout, les choses auraient pu mieux se dérouler si Cat’ me l’avait tout de suite avoué au lieu de la trouver en essayant de faire sa vie dans la rue. C’est pour ça que je lui en voulais terriblement, pour cela que je lui râlais après et c’était non pas à cause du fait qu’elle portait mon enfant depuis quelques temps déjà.

Il ne fallait qu’une seule et unique chose, que je lui fasse des excuses, que je lui montre que je m’en voulais de lui avoir caché une telle chose… Ouais, c’était facile à dire mais à faire… Surtout que je ne regrettais rien. Si j’avais fait cela, c’était pour ne pas qu’il s’inquiète, qu’il continue à vivre sa vie et sa passion à fond. C’était pour qu’il me voit encore et toujours comme sa meilleure amie et non un coup d’un soir qui avait merdé. Je ne voulais pas qu’il me voit différemment et c’est là que je me rendis compte de l’ampleur de nos actes… Plus rien ne pouvait être comme avant. J’aurais dû lui dire que j’étais enceinte sans même lui avouer qui était le père. J’aurais dû le laisser en dehors de cette affaire comme je comptais le faire depuis le début. Mais non comme toujours, j’avais écouté mon cœur plutôt que ma tête, je le faisais toujours avec lui, c’était là mon problème. Mais voilà, comme il s’énervait, je faisais de même, j’haussais le ton, remontée contre lui. « Salut Carter, je t’appelle parce que je suis enceinte. Ouais, tu vas devenir papa, félicitations ! Maintenant si on assumait nos conneries ?... Franchement, tu vas me faire croire que tu l’aurais bien pris ? » Oui, j’étais persuadée que dans tous les cas, il m’aurait fait la morale comme si j’étais la seule responsable, comme si je pensais mal à lui cachant la vérité sur ma « disparition » soudaine dans sa vie.

Comment rester calme face à la situation actuelle ? Catalina était en train de s’emballer à son tour alors il était totalement impossible de rester moi-même calme. Une envie soudaine de lui mettre ma main dans sa figure vint à monter en moi mais je me retins en venant tout simplement à croiser les bras contre mon torse, fronçant les sourcils, cherchant des mots moins durs que ceux que je voulais prononcer, mais c’était dur bien évidemment. Je réussis malgré tout à trouver une alternative à cela. « Parce que tu croyais peut-être qu’après deux mois de silence je l’aurais bien pris ? Bah tu vois ma grande, tu t’es foutu le doigt dans l’œil jusqu’au coude. On a toujours été franc entre nous alors pourquoi pas là, hein ? Ca t’aurait coûté quoi d’appeler pour le dire au lieu d’attendre tout ce temps ?! » Bon d’accord, c’était pas très rassurant et pas très gentil mais je n’arrivais vraiment pas à contrôler mes dires, surtout pas après avoir entendu le ton hautain de Cat’ qui m’avait presque fait sortir de mes gongs. Sincèrement, j’aurais préféré qu’elle me prévienne au tout début et surtout pas maintenant alors qu’elle trainait dans les rues de San Diego alors que je la croyais à Los Angeles. Pas juste après avoir appris qu’elle dormait dans la rue afin de garder son argent. Une malade cette fille moi j’vous le dis.