Ok d’accord, j’étais arrogante, méprisante et je me dégoutée moi-même. Je n’étais pas du genre à jouer la petite prétentieuse qui pensait toujours savoir mais, je dois dire à ce moment, j’étais très, très, remontée contre Carter qui décidément, ne pouvait pas se mettre à ma place. Oui, il n’était pas enceinte lui ! Et heureusement d’ailleurs sinon, je devais me poser des questions ! Moi, j’y étais, je paniquée ne sachant quoi faire jusqu’à perdre pieds. J’essayais tout de même de me calmer parce que m’engueuler avec n’était pas une bonne idée. « Je suis toujours franche avec toi Carter sinon, je ne serais pas venue ici, réfléchis un peu ! Je comptais te le dire, j’attendais juste le bon moment. J’avais besoin de réfléchir… Et puis merde, j’aurais dû me la fermer et avorter au lieu d’essayer de trouver d’autres solutions. » Oui, maintenant il était trop tard. Quoi qu’il arrive, j’allais devenir mère. Quoi qu’il arrive, je garderais cet enfant car il était hors de question que mon gosse subisse le même calvaire que ce que moi-même j’avais vécu étant enfant. Je savais que Carter ne me comprendrait jamais parce qu’il n’était pas prêt à devenir père mais, je ne lui en demandais pas autant. Je demandais juste un ami à qui parler. Je soupirais en passant une main dans mes cheveux, finissant par reprendre la parole, le fixant cette fois-ci, sûre de moi. « Je vais rentrer à Los Angeles car, il faut bien le reconnaitre, ce n’était pas une bonne idée de venir ici. Si tu ne veux plus entendre parler de moi, je le comprendrais. Prends soin de toi surtout et mh… J’ai toujours été nulle pour les aux revoir alors… A la prochaine. » Oui, il était peut-être tant de l’admettre, nous avions tous deux pris une route différente et bien que cela était dur, je n’avais pas le droit de débarquer comme ça dans sa vie. Affichant un fin sourire forcé, je tournais les talons en prenant une grande inspiration. Merde, qu’est-ce que j’allais faire sans lui ?

Seigneur pitié, croyez-moi, mais j’essaie vraiment de me contrôler là mais crois-moi mon frère, c’est trop dur face à la situation. Enfin, tu dois pas savoir ce que ça fait toi de voir ta meilleure amie faire des kilomètres, la retrouver dehors à dormir dans la rue alors que tu possèdes une grande baraque et que tu peux l’accueillir, et enfin, tu ne te rends pas compte du choc que ça fait en apprenant que tu l’as foutu en cloque suite à une soirée où t’as pas pu te contrôler sur l’alcool. « Ouais franche après deux mois sans signe de vie, rassurant tout cela. » J’arrivais vraiment pas à fermer ma grande gueule, même face à Catalina il fallait que je chercher les embrouilles alors que la situation n’était pas du tout à la dispute. Les paroles qu’elle vint à m’adresser un instant plus tard m’énervèrent encore plus mais cette fois-ci, je n’eus rien le temps de réclamer car elle avait tourné les talons, enfin, je devais surtout mon silence au fait que je me mordais la langue depuis un court instant.[color:0e92= cornflowerblue] « Ouais allez dégage. », murmurais-je entre mes dents pour garder ces quelques mots pour moi et moi seul, au risque de me prendre v’la le coup de poing dans la figure. Il ne fallait tout de même pas oublier que Cat’ était issue de la rue, qu’elle avait grandi à mes côtés et à côté de mes potes bagarreurs, elle en avait appris des choses en quelques mois et j’étais sure qu’elle se rappelait de tout. Notamment le fait qu’on lui ait appris où viser chez un homme, de quoi ne plus pouvoir faire de gosses et ça serait pas plus mal cela dit. Je venais de tourner les talons à mon tour, ayant remis ma casquette en place, enfonçant mes mains dans les poches de mon jeans avant de m’en aller dans la direction opposé à celle de Cat’. Après quelques mètres, je ralentis le pas et finis par m’arrêter. Un instant de réflexion me suffit pour que je vienne à me retourner, revenant alors sur mes pas, marchant à grandes enjambées vers Catalina qui continuait sa route. « Hey ! », hurlais-je à son égard, m’avançant finalement jusqu’à sa hauteur. « Ca… ça te dis toujours de venir… chez moi ? »

Putain qu'est-ce que je pouvais être conne. Je n'aurais pas dû tout lui cacher au risque de le perdre. L’honnêteté était l'une de mes principales qualités, quelque chose qu'on apprenait dans la rue. On serrait tous les coudes, on ne se cachait rien mais tout ça, je m'avais oublié au dépend de mes problèmes personnels. Certes, j'avais tout dit à la bande mais, j'avais laissé le principal concerné éloigné de tout cela et, je ne savais pourquoi. J'essayais de me trouver des excuses, de trouver des arguments mais, étant à cours d'idées, je préférais fuir une nouvelle fois. Rentrer à Los Angeles était surement mieux pour tout le monde. Mieux pour lui, mieux pour le bébé, mieux pour moi et mieux pour la bande. Il pouvait vraiment être heureux là-bas, avoir une vraie famille entouré de tous comme moi je l'avais été depuis toute petite. Je savais que ça en valait la peine, même si pour cela, il devait ignorer qui était son père. Je marchais dans la rue, perdue dans mes pensées, imaginant mon avenir, notre avenir à tous les deux. Je n'étais pas prête à tourner la page et pourtant, il le fallait. C'est alors que Carter me rattrapa, il se mit à crier et, je m'arrêtais nette. Il fallait que je réfléchisse et, très vite. Je fis volteface les bras croisés contre ma poitrine puis, d'un ton calme et innocent, je lui répondis enfin : Mh... Juste cette nuit. Après je disparais. Je baissais la tête en avançant vers lui. Je n'avais pas pensé à moi, seulement à ce pauvre gosse qui méritait mieux que dormir dans le froid.

L’idée que Cat’ aurait pu garder tout cela pour elle pour une durée bien plus longue que les deux derniers mois me répugnait. Si cela se trouvait, je n’aurais pas pu la revoir, ni elle ni le reste de la bande avant une bonne année et j’aurais très bien pu découvrir en remettant les pieds à Los Angeles par un pur hasard qu’elle avait un petit monstre sur les bras. Peut-être ne m’aurait-elle alors jamais dis que j’en étais le père et aurait sans doute fais croire que c’était quelqu’un que je ne connaissais pas et qui avait pris la fuite en apprenant la nouvelle. Enfin, tout un tas de scénarios étaient en train de se former dans ma tête et difficile pour moi de les chasser. Je détestais que l’on me cache la vérité, je détestais que l’on me tienne éloigné de choses qui me concernaient et je détestais encore plus que Cat’ me fasse tout cela. M’étant approché d’elle, je la voyais se tourner vers moi tout en croisant ses bras contre sa poitrine et je crus une fois de plus que j’allais m’en prendre plein la tronche mais, elle vint à me répondre d’un ton des plus posé, baissant finalement la tête. « Et les nuits suivantes aussi… », enchéris-je avant de faire un pas en sa direction, glissant mes doigts sous son menton pour relever son visage et observer ce dernier. Je ne savais pas si j’avais envie de rire, de sourire, de pleurer, de faire une grimace, mais je devais faire quelque chose, alors un fin sourire vint finalement à se dessiner au coin de mes lèvres. Oui, je souriais juste à l’idée d’avoir Catalina au près de moi.

Je ne savais pas pourquoi je faisais tout cela au final. C'est vrai, que je sois avec lui ou ailleurs, je pouvais très bien m'occuper seule de ce gosse et, rester cette nuit allait surement me faire encore plus de mal. Je ne supporte pas le fait qu'il me fasse la gueule, qu'il m'en veuille pour une chose que je regrettais assez comme ça... Il n'était pas obligé d'en rajouter une couche mais malgré tout ça, je n'avais pas le droit de lui en vouloir. J'avais finalement cédé, parce que c'était mieux pour le bébé et parce que c'était Carter. Je ne pouvais pas l'effacer de ma vie, me mettre dans la tête que notre relation avait changé. Non, pour moi, il était Carter, mon meilleur ami, celui avec qui j'avais grandi, celui qui m'avait appris tant de choses et également le père de mon enfant que je le veuille ou non. Il était très important pour moi d'ailleurs, c'était surement LA personne la plus importante dans ma vie comme dans mon coeur et je ne pus refuser son invitation. Alors qu'il s'approcha pour me faire relever la tête, il le fixait quelques secondes avant qu'un sourire se dessine sur mon visage à mon tour. Qu'est-ce qu'il me faisait craquer son sourire ! Merde, qu'est-ce que je raconte moi ! Je soupirais ensuite en ajoutant : J'ai pas ma place ici... Je vais te compliquer la vie, on va s'engueuler à longueur de temps et... Je me stoppais alors pour réfléchir à la situation dans laquelle je m'étais mise en venant ici, à San Diego.