Naissance. Née dans la ville d'Hilo, à Hawaii, plus précisément dans une maisonnette en rénovation où un couple avait décidé de s'installer et de construire leur nid d'amour. Un couple composé de deux personnes totalement différentes : un hawaïen n'ayant jamais quitté son île et n'ayant jamais terminé ses études, et une norvégienne qui s'était rendue dans cet état américain pour des recherches reliées à son travail, mais qui avait finalement décidé de rester là car elle pensait avoir rencontrer l'homme de ses rêves. Un an et quelques mois plus tard, ils s'unissaient pour la vie et célébraient la prochaine venue de leur enfant, certes non prévu, mais qu'ils voyaient comme une bénédiction. Ils avaient acheté une petite maison et avait pour projet de la remettre en état afin de pouvoir y vivre. Les sept mois et demi de grossesse s'étaient passés dans le plus grand bonheur qu'il puisse exister, jusqu'à ce qu'une surprise arrive : l'enfant attendu allait arrivé plus tôt que prévu, beaucoup trop tôt. L’hôpital le plus proche étaient beaucoup trop loin et puis les parents n'étaient pas préparés du tout. C'est avec l'aide d'une voisine qui était sage-femme que la norvégienne accoucha. Une fois le bébé mis au monde, une catastrophe arriva sans prévenir. Un dernier baiser, un dernier adieu, un dernier souffle. Mademoiselle Dahl avait perdu la vie. Le couple s'était juste mis d'accord sur deux prénoms qui décrivait parfaitement leur bout de chou : "Kawena" qui veut dire "la lumière", et "Makaio" qui veut dire "cadeau de dieu". Le père du bébé respecta les volontés de sa femme décédée, et donna même le nom de famille de celle-ci, afin que leur enfant garde une trace d'elle, de son pays, pour toujours.

Enfance. Le père de Kawena essaya de rester dans cette maison dans laquelle il s'était investi pour offrir une magnifique vie à sa petite famille... mais comment toujours la voir de la même manière après que la personne la plus importante de votre vie ait quitté ce monde ? Oui, Kale essaya de continuer à vivre dans cette maisonnette, mais il n'y arriva pas. C'est alors que son frère l'appela pour lui dire qu'il lui avait trouvé du boulot à Honolulu et qu'il pouvait aller vivre chez leur mère. Honolulu était la ville natale de Kale mais il avait décidé de la quitter pour Hilo qu'il considérait plus calme, plus serein, plus beau. Il finit par accepter et prit sa fille sous le bras. Ils déménagèrent en très peu de temps : ils n'avaient pas beaucoup d'affaires. La grand-mère de Makaio fut folle de joie quand elle la rencontra. Heureusement pour la petite fille, car sans elle, elle se serait retrouvée toute seule. C'était sa grand-mère qui s'occupait tout le temps d'elle, car Kale avait du mal à la regarder sans se rappeler Ailin, la mère de Makaio. Ce fut finalement après deux ans, lors d'une grosse dispute entre celui-ci et sa mère, qu'il ouvrit les yeux : il ne devait pas la délaisser, bien au contraire, car c'était tout l'opposé des volontés de sa défunte femme, mais également car il se devait de donner à sa fille tout ce qu'il n'avait jamais pu avoir. Son comportement changea radicalement et il s'investit beaucoup plus à s'occuper de sa petite fille. Il l'inscrivit dans une école, l'aida à faire ses devoirs, sortit souvent avec elle, joua avec elle, lui lit des histoires pour qu'elle s'endorme,... Parfois, la mère de Kale était vraiment étonnée de voir comment son fils avait changé, ouvert les yeux. [...] Kawena eut la vie qu'une enfant a besoin : une vie pleine d'amour... L'absence de sa mère était tout de même remarquée, mais avec une famille comme celle de Kawena, Ailin pouvait reposer en paix. [...] Quand Kawena eut dix ans, son père partit contre son gré à New-York pour son travail et mourut le 11 septembre 2001, le jour de l'anniversaire de Makaio. Grâce à sa grand-mère et à son oncle, la petite tint le coup et arriva à faire son deuil, même s'il reste un sujet sensible pour l'hawaïenne. Elle grandit avec sa cousine, Iolani, avec qui elle avait une relation fusionnelle. Elles faisaient tout ensemble, elles étaient inséparables. Certains disent que c'est surtout grâce à elle que Kawena a surmonté l'épreuve de la mort de son père.

Adolescence. Kawena était brillante à l'école. Ezera, son oncle, ne pouvait que penser qu'elle avait hérité de l'intelligence de sa mère. Du côté des relations, elle n'avait jamais eu de problèmes pour se faire des amies. Cependant, elle n'avait jamais eu de relations amoureuses. Jusqu'à ce qu'elle rencontre Owen, un adolescent venant de New-York. Il était deux ans plus vieux qu'elle. Elle savait tout de suite qu'elle était tombée sous son charme, car dès qu'elle le vit elle se mit à rougir. Ils commencèrent bien évidemment à être amis, puis finalement finirent par sortir ensemble. Sa relation avec lui n'était pas un secret : elle racontait toujours tout à sa grand-mère et puis, elle ne voulait pas se mettre à mentir à son oncle, qui d'ailleurs n'était pas très content au début, mais lorsqu'il rencontra le jeune homme il changea d'avis. Owen était son premier amour et elle l'était aussi pour lui, bien qu'il lui fallut du temps pour le lui avouer. Même s'ils se disputaient, ils finissaient toujours par se remettre ensemble. Quand Owen fut diplômé, il demanda Makaio en mariage et elle accepta. Ils ne se marièrent cependant pas tout de suite. Ce fut seulement quand l'hawaïenne fut diplômée qu'elle eut à faire un choix : Owen devait continuer ses études universitaires à New-York et si elle voulait vraiment être sa femme, ils devaient se marier dans l'année et elle devait l'accompagner. Ce fut un choix difficile à prendre, car sa grand-mère et son oncle ne voulaient pas qu'elle parte. Mais finalement elle trouva une université là-bas et elle était sûre et certaine qu'Owen était l'homme de sa vie, donc ils finirent par laisser la jeune femme voler de ses propres ailes. Owen et Kawena se marièrent sur la plage, dans la simplicité et avec les personnes les plus proches. Quelques mois plus tard, elle s'envola avec son nouveau mari pour la ville qui ne dort jamais.

Le jour où tout a basculé. "Cela faisait un an que je m'étais installée avec Owen et j'étais pleinement heureuse. Mes études de journalisme se passaient parfaitement bien et j'étais arrivée à me faire à la vie de New-York. Je vivais dans un appartement de Manhattan avec Owen - il n'était pas énorme mais il convenait à l'espace dont nous avions besoin. Pour mon anniversaire, Owen avait décidé de faire venir ma meilleure amie et cousine, Iolani, d'Honolulu. Il était allé la chercher comme prévu et ils avaient décidé de traîner dans les rues, ma cousine tenait à ce qu'Owen lui montre la ville. De mon côté, j'étais à l'appartement en train de préparer mes cours, car j'avais cours seulement l'après-midi. Owen avait fait comme si de rien n'était, alors je dois bien avouer que j'étais très triste du fait qu'il avait oublié mon anniversaire. C'est alors que j'entendis un bruit surprenant, un bruit gigantesque, suivi de cris dans la rue. Je me ruai vers la fenêtre mais je ne pouvais rien voir. C'est alors que j'entendis mes voisins descendre les escaliers et je sortis pour les suivre. Et là je vis l'horreur. Un camion avait foncé dans la voiture d'Owen. Tout le monde restait choqué devant l'accident, jusqu'à ce que nous vîmes une seconde voiture rentrer dans le véhicule d'Owen. Une voisine essaya de me calmer. Iolani perdit la vie dans l'accident. Je ne me rappelle de rien qui suivit cette annonce, car je perdis connaissance après avoir pleurer toutes les larmes de mon corps et être devenue folle."

Les enfers. Je finis en hôpital psychiatrique après l'annonce de la mort de ma cousine. « Dis-moi quelque chose, n'importe quoi ! » Seul Owen venait me voir. Je ne parlais plus, je ne mangeais plus, je ne réagissais plus à rien, je faisais des crises le soir, quand j'étais seule : soit je pleurais, soit je cassais tout ce que je voyais. Owen avait survécu à la journée meurtrière... mais pourquoi pas ma cousine, ma meilleure amie, ma moitié ? Je restai environ un an à l'asile, jusqu'au jour où Owen me fit sortir de "ce trou à rats". Je ne savais pas me faire d'avis sur cet endroit, c'est simple : je ne réfléchissais plus, j'étais ailleurs. Mon psychiatre m'avait dit que si j'étais comme ça, c'était parce que j'avais perdu trop de proches, que la mort de ma cousine n'avait fait qu’amplifier mon mal être concernant la mort de mes parents. Je ne savais pas s'il avait raison. Enfin soit. Owen nous avait acheté un autre appartement, loin du sud de Manhattan, loin du mauvais souvenir. Je ne faisais que rester couchée dans notre lit, je ne réagissais toujours pas. Owen essayait de me faire revivre, en vain. Un jour, il craqua. Il me releva violemment et me secoua. « Putain, mais parle ! Bouge ! VIS, MERDE ! » Je me mis à pleurer devant ses yeux. Il s'en voulut, essaya de me prendre dans ses bras, mais je le repoussai vivement. Ce n'est que quelques semaines plus tard qu'il me surprit en train de manger une part de tarte qu'il avait acheté. «  J'avais envie de manger. » Ce soir-là, il me fit à manger de quoi remplir la table à ras-bord. Il croyait que c'était le signe de ma guérison. Il me fit sortir et revoir nos anciens amis, m'inscrit à l'université... Il croyait que j'allais bien. Pour me venger, je me mis à coucher à droite à gauche, parfois avec des amis proches à lui. Quand il découvrit le pot aux roses, il était profondément blessé. « J'arrive pas à y croire ! J'ai tout fait pour toi, et c'est comme ça que tu me remercies ! » «  Je suis supposée te remercier ? » « Qu'est-ce que je t'ai fait de mal ? Allez, vas-y, dis-moi tout ! » «  Tu m'as bousculé. Oui, tu m'as bousculé à faire toutes ces choses pour lesquelles je n'étais pas encore prête du tout. Tu m'as poussé à reprendre mes études alors que tu sais très bien que je n'ai plus la tête à ça, tu m'as poussé à me montrer en public. Et par dessus tout, tu n'as pas ouvert les yeux, tu as préféré être aveugle. Tu as prétendu que j'allais bien, alors que c'est bien évident que je n'arrive pas à l'oublier. » Owen fut choqué. Après plusieurs secondes, il reprit. «  Tous ces gars, c'est quoi ? Hein ? » « C'est ma vengeance. » Nous ne nous parlâmes plus du tout. Ce n'est que quelques semaines après qu'Owen s'adressa à moi. «  Kawena, t'es l'amour de ma vie. Je le sais depuis la seconde où on s'est rencontré. Je t'aime plus que tout et je ne cesserai jamais de t'aimer. J'ai encore de l'espoir pour nous. Je veux t'aider à aller mieux. Ça peut pas se terminer comme ça. Si tu as été ma première fois, si on s'est marié, c'est pas pour rien ! Malgré ce que tu as fait, je veux qu'on essaye de recommencer, essayons ! » Je le regardai intensément puis me dirigeai vers lui. « Je suis désolée pour ce que j'ai fait. » Il m'embrassa et nous fîmes des efforts. Il avait réussi à éveiller de l'espoir en moi, son amour était seul capable de faire ça. Seulement, cela ne fut pas suffisant. Je gâchais sa vie, la ralentissait. C'est pour cette raison que je partis un soir en laissant un mot sur l'oreiller. « Vis ta vie, que la mienne ne bousille pas la tienne. Sois heureux, c'est tout ce que je te demande. Je t'aime, oublie-moi, Kawena. »

Une nouvelle ville. Cela fait quatre mois que je vis à San Diego. Je me suis trouvée un job de costumière et je m'en sors plutôt bien. Je me suis découverte aussi une passion : la photographie. Pour l'instant, je ne fais que des commandes, mais j'espère pouvoir faire ma propre galerie. Côté psychologique, je n'ai toujours pas fait le deuil de ma cousine, mais maintenant j'arrive à le cacher. Je ne veux plus montrer mon problème, peut-être est-ce que cela m'aidera à avancer. J'ai rencontré beaucoup de gens. Je m'entends bien avec eux dans l'ensemble, mais je préfère ne pas avoir de liens trop forts avec eux. J'ai juste rencontré un homme, Klaus : je ne suis pas amoureuse de lui, loin de là, on est juste très amis, il a l'air de comprendre le fait que je veuille garder mes distances avec les autres, c'est très fusionnel entre nous, il est un peu en train de devenir mon meilleur ami sans que je le veuille. Je n'arrive pas à oublier Owen. Je pense beaucoup à lui, mais j'imagine qu'il a compris le message et qu'il a rencontré une femme qui le comble. Le savoir heureux me console. Sinon, comme j'ai dit, je vis ma petite vie à San Diego, et j'espère qu'avec le temps, la vie sera un peu plus supportable.