❝ No regrets, just love. We can dance, until we die. You and I, will be young forever. ❞ « On va où maman ? Je veux rentrer à la maison… » « Je te l’ai déjà dit chérie, on va te trouver une amie. » « On va enfin avoir un chat ? Dis oui maman, dis oui ! » Elle lève les yeux au ciel comme elle sait si bien le faire et mon père me fait un petit sourire compatissant.
« Tu sais bien que je suis allergique. Tu verras par toi-même où on va. » Et trois heures plus tard, elle débarquait dans ma vie. Norma Jean. C’était une décision de mes parents. Ils l’avaient adoptée sans même m’en parler avant. Du jour au lendemain, je me retrouvais avec une sœur, mon aînée d’une année. J’avais souvent demandé à mes parents de ne plus être fille unique mais je n’aurais jamais imaginé ça. Je pensais que j’aurais une petite sœur, un bébé. Pas une blonde plus grande que moi qui viendrait me voler ma place d’aînée. Et surtout ma place dans le cœur de mes parents. Surtout celui de ma mère. Dès qu’elle a eu sa nouvelle fille, elle se fichait encore plus de moi qu’avant. Elle n’avait d’yeux que pour elle, la coiffait, la maquillait comme si c’était sa poupée. Et moi, la vieille poupée qui ne présente plus aucun intérêt qu’elle range au fond du placard et qu’elle oublie. Pourtant, j’essayais d’attirer son attention. J’avais les meilleures notes de ma classe, meilleures que celles de Norma et pourtant, ça ne changeait rien. Heureusement que mon père était là. Il avait arrêté d’essayer de raisonner ma mère, il avait compris comme moi que c’était inutile. Mais il était là pour moi, il passait du temps avec moi, m’accordait le peu de temps qu’il ne passait pas au travail alors que ma mère, femme au foyer, n’avait pas une minute pour moi. Et cette Norma. La fille parfaite. Elle essayait de me parler, de jouer avec moi mais je ne voulais pas d’elle. Elle avait gâché ma vie, elle n’est pas ma sœur, je ne veux pas jouer avec elle. Je veux qu’elle parte, qu’elle arrête de me voler ma famille, ma vie parfaite. Nous avions déménagé à LA pour elle, mon père me l’avait dit. J’avais perdu mes meilleures amies de Paris pour elle. Elle était comme la méchante des Disney. Enviant ma vie, la détruisant de plus en plus. Et moi, je ne pouvais rien faire d’autre qu’attendre que le prince charmant vienne tuer le méchant dragon avec son épée pour me sauver de ma prison. Mais je pouvais toujours attendre.
Dreams don't come true, live your life, as bad as she can be.❝ I can't keep up with your turning tables under your thumb, I can't breathe so I won't let you close enough to hurt me no, I won't ask you, you to just desert me ❞ « C’est à cette heure-ci que tu rentres ? » Je sursaute et je me retourne vers la lumière qui vient de s’allumer derrière moi. Assise dans le fauteuil, ma mère me regarde d’un air furieux. Pour une fois qu’elle me regarde. Je titube à cause de la dose impressionnante d’alcool que j’ai pris ce soir et je me retiens à une chaise.
« Désolée, on fêtait la victoire des baskette… » Je n’ai pas le temps de finir mon excuse qu’elle se lève pour pouvoir m’engueuler de plus près.
Come on evil witch ! « Tu as 16 ans Azraël, qui t’as autorisée à sortir, à boire et à faire la conne ? » « La question, c’est plutôt qui ne me l’a pas interdit non ? » Elle se fiche de moi, ne peut-elle donc pas me laisser vivre ma vie ? J’ai rejoint les cheerleaders, j’ai des amis au lycée, je travaille bien, je m’amuse. En essayant d’oublier à quoi ressemble ma vie à la maison. Je rentre le plus tard possible, passant beaucoup de temps chez mes amies pour ne pas avoir à me sentir délaissée dans cette maison que je déteste. Ca fait presque un an que mon père est parti. Il nous a quitté presque sans dire au revoir et sans nous laisser de moyen de le joindre. Il a fui tout simplement. Il a préféré la fuite à la bataille contre la sorcière maléfique, il m’a laissée seule entre la mère et la fille parfaite. Je n’avais déjà pas ma place dans la famille. Maintenant, je ne suis qu’une étrangère qui vit sous leur toit.
« Laisse-moi tranquille maman ! Va plutôt t’assurer que je n’ai pas réveillé ta précieuse Norma à force de crier ! » Et je tourne les talons avec l’intention d’aller claquer la porte de ma chambre derrière moi. Je n’ai pas le temps d’y arriver que ma mère m’attrape par le bras.
« Arrête tes conneries Azraël s’il te plait ! » Je lui fais face, plus énervée que jamais. L’alcool que j’ai dans les veines va m’aider à dire enfin ce que je pense. J’en ai fini d’être la fille parfaite si ça ne sert à rien.
« Mais t’en as rien à faire, tu m’aimes pas ! » Je me dégage de son étreinte et j’attrape un cadre sur le mur.
« Tu vois une photo de moi sur ce mur ? Non, tu n’as d’yeux que pour Norma, Norma la parfaite, Norma celle que tu as choisi. Pas moi. Et tu sais quoi ? Je m’en fiche ! T’as pas de cœur et j’y suis habituée depuis le temps ! » Je lui balance le cadre aux pieds et, dans une geste voulu dramatique, je balance les papiers posés sur la table par terre. Et une photo attire mon attention. Je me baisse pour la ramasser. Marilyn Monroe. Avec d’autres photos de Norma avec. Norma comme… Non elle n’a pas osé ?
« Lâche ça Az ! » Si. Maintenant que je sais, tout prend un autre sens.
« Tu te rends compte que tu es cinglée ? Norma n’est pas Marilyn ! Ne… je ne veux plus jamais te voir ! » Et je pars en courant dans ma chambre, horrifiée par ce que je viens de découvrir. Qu’est-ce qui me retient ici ? Je ne fais pas partie de sa vie de rêve. Sa vie de rêve, c’est sa Norma/Marilyn. Pas moi. Alors deux jours plus tard, je pars avec seulement deux valises et de l’argent que je lui ai volé. Je n’ai pas ma place ici, je l’aurais sûrement autre part. En tout cas, plus jamais on ne me fera de coup comme ça. S’attacher ? A quoi bon, ça finit toujours mal.
Somewhere along the way, she lost her heart, she became so heartless.❝ And it's hard to dance with a devil on your back so shake him off, oh whoa I am done with my graceless heart so tonight I'm gonna cut it out and then restart ❞« Mais tu te fous de ma gueule ou quoi ? » Un sourire sur les lèvres, je soutenais son regard. Il savait bien que j’en faisais exprès. C’était comme ça entre nous.
« Non, je te jure. Je t’attendais sur ton canapé et ton coloc m’est tombé dessus. Sur la tête de ma sœur ! » Sœur que je déteste mais ça, tu ne le sais pas honey. Tu ne sais même pas que j’ai une sœur. Le coloc en question est déjà parti depuis un moment. Il nous connait, il sait comment ça va finir. Mettre du piment, c’est ce que je préfère. Crier un bon coup, s’engueuler parce que nos caractères sont tellement semblables que ça explose sans arrêt puis finalement, se sauter dessus. C’est toujours comme ça. J’adore ça. Il adore ça.
No reason to change. On ne se gêne pas pour voir d’autres gens, on n’est rien pour l’autre et pourtant, on ne peut pas rester loin l’un de l’autre longtemps. Deux aimants – amants – sculptés dans la même roche. On se détruit, on se pardonne, on se déchire, on se réconcilie, on veut se tuer l’un l’autre, on ne peut pas s’empêcher de s’envoyer en l’air. N’importe qui de sain cesserait cette relation mais on ne l’est pas. On adore faire ça. Nous sommes deux démons et nous nous sommes trouvés. L’alchimie parfaite. Et pendant un voyage à Las Vegas avec quelques amis, on joue toujours autant. Il drague la fille qui distribue les cartes, je drague le serveur. On prend des tonnes de shoots, on jette les jetons au-dessus de nos têtes comme dans les films, on ne devient pas milliardaires mais ce n’était pas le plan. On ne se prend pas au sérieux, on déconne.
« Tu sais ce qui serait vraiment fou ? » « S’envoyer en l’air sur la table de black jack ? » « Oui, ça aussi. On garde ça pour après, ok ? » « Deal ! » « T’as jamais rêvé de te marier devant Elvis ? » Et le lendemain matin, on se réveille sur le sol de la salle de bain, mariés. Je parle directement d’annuler le mariage mais il finit par me convaincre que, de toute façon, ça ne change rien.
Why not ? On voit toujours d’autres gens, on n’est toujours pas ensemble. On ne parle pas du mariage, on ne change pas de nom, on est toujours pareils. Pour un peu, on l’oublierait presque ce mariage express. Mais aussi parfait que ça puisse être, rien ne dure. Et on a beau dire que nous ne sommes rien de sérieux, la jalousie qui n’était au départ qu’un jeu devient réelle.
« Tu pouvais pas lui résister non ? T’es qu’un chien ! » « Pourquoi j’aurais voulu résister ? T’es pas mieux Az, fais pas la fille parfaite ! » « Pourquoi t’as voulu m’épouser si je suis si imparfaite alors ? » « A ton avis ? J’avais besoin d’être marié pour pouvoir rester aux States ! » « Quoi ?! » En fait, il avait tout prévu ce connard. Je me casse de son appartement en me promettant de divorcer le plus vite possible. Qu’il retourne dans son pays de merde, je serais tranquille ! Il veut la guerre, il l’aura. Mais qu’il ne s’attende pas à ce que ça finisse comme d’habitude. Ça finira avec ma victoire et son départ du pays.
Never mess with the devil inside me, you could regret it.