Ouais Lennon avait peur, vraiment, elle flippait sa race. Ce qui pouvait paraître bizarre car elle semblait toujours avoir confiance en elle. Mais là, elle était paumée & même si le plan de Kendall semblait être l'oeuvre de la folie, elle était prête à le suivre car il semblait tellement plus rationnel qu'elle. Acquiesçant le moindre mot, la moindre phrase d'un signe de tête, elle l'écoutait comme s'il s'agissait d'un supérieur. « OK, je te lâche pas la main, sinon on va se perdre & ça va être galère. Reçu cinq sur cinq, chef. » répéta-t-elle nerveuse sans lâcher du regard l'ouverture qu'il avait fait pour eux. Lennon serra donc fermement sa main, quitte à lui broyer le cartilage elle s'en foutait complètement, mais jamais elle ne desserrerait cette étreinte, comme si sa vie en dépendait. Que dis-je, sa vie en dépendait, effectivement. Sa respiration s'accéléra, son souffle se saccada, bien qu'elle tentait de garder son calme. Mais il faut dire que l'idée qu'un carnivore qui n'hésiterait pas à bouffer du pâté de Ken & Lennon & qui rôdait autour d'eux l'empêchait de s'imaginer un happy end. « Attends ! » souffla-t-elle en tirant sur le bras de Kendall qui s'apprêtait à sortir. Non non, elle ne se défilait pas mais impulsivement, Lennon sauta au cou de son mari pour l'embrasser comme si c'était la dernière fois qu'ils s'embrassaient, qu'ils se touchaient & même, la dernière fois qu'elle sentait son souffle taper contre son visage. Détachant lentement ses lèvres, elle susurra ; « Ouais, là on est prêt. Oh, & si jamais je meurs, promets-moi que tu veilleras sur Johnny, mon petit chien ! Il a sa marque de croquette préférée, & il lui faut sa dose de câlins & … Non j'parle trop, on a pas le temps c'vrai  » Lennon demeurait fidèle à elle-même en toute circonstance hein

Parfois, les clichés ne faisaient pas de mal, en plus ça permit à Lennon de se calmer quelques secondes, au moins le temps de s'enfuir, ou plutôt de courir comme des furies au milieu de nulle part, c'tait d'ailleurs un coup à se payer un cactus en pleine face, mais passons Lennon était portée par Kendall qui s'arrêta juste parce que monsieur était essoufflé. Ahah, c'ça quand on carbure à la nicotine & qu'on prend du tabac rigolo, heeein. Voyez, la rouquine à côté était en pleine forme, ou presque, si on oublie le fait qu'elle avait carrément les pétoches & qu'elle se méfiait d'à peu près tout ce qui l'entourait, surtout de l'obscurité qui s'épaississait de minute en minute autour d'eux. Elle flippait tellement qu'elle n'écoutait même pas Kendall, surtout qu'il disait jamais rien de rassurant celui-là Enfin, elle tourna la tête vers lui, haussant les épaules l'air carrément blasée quoi. Perdant son regard dans l'horizon bleuté, elle finit par dire ; « J'en sais rien, j'en ai marre, marre d'être bloquée ici, de devoir courir partout pour pas qu'on s'fasse bouffer … » Dire qu'elle se foutait de la gueule des mecs dans Jurassic Park, mais là elle vivait le même truc, ou presque « Puis j'en ai marre de ce weekend, il nous arrive que des crasses ; on s'marie, on s'perd dans un désert & maintenant des vautours vont finir nos carcasses que des coyotes auront préalablement mâché, géniaaaal ! Pis je panique tellement que j'ai perdu au moins vingt ans de ma vie là. J'donnerais n'importe quoi pour retrouver mon chez-mooooi. » Le ton de sa voix atteignait des sommets & pourtant, elle ne criait pas sur Kendall, c'pas contre lui qu'elle était en colère pour une fois, mais là elle craquait. Lennon ne vivait pas dans le luxe, elle n'avait pas besoin de ça, mais sans son confort elle était paumée. Enfin, elle posa sa main sur l'épaule de Ken & s'assit doucement à ses côtés, passant ses bras autour de ses jambes pliées. « Bref, toi ça va ? » finit-elle par demander. Pour le moment, ils avaient quelques minutes de répit, mais Lennon se doutait bien qu'une bestiole ou autre les forcerait encore à courir partout.