Vous avez quelque chose contre l’endroit où j’ai donné rencard à mon ex ? Ou plutôt celle qui s’occupe de mon futur mariage. Vous ne trouvez pas que c’est un bel endroit la base navale ? Moi, personnellement, j’adore. Puis après tout, si elle m’apprécie vraiment pour ce que je suis, il faut bien que je lui montre, que je lui parle, de ce que j’ai pu vivre durant toute mon année. Après tout, on n’en a jamais parlé. Elle ne sait même pas comment ma blessure aux genoux est arrivée, c’est pour vous dire. De toute façon, on est tous les deux aveuglés par le passé. Un passé qu’on aurait souhaité avoir mais qui ne s’est pas réalisé. Moi je n’ai rien à me reprocher. Tout est de sa faute. Elle m’a lâché comme on lâche les pauvres chiens sur l’autoroute. Son choix. Sa décision. Je ne suis pas du genre, ou plutôt était, à courir après les gens, et encore moins les filles. Certes, elle a pu me blesser, mais je suis passé à autre chose. Et ma fiancée en est la preuve vivante. Quoique… suis-je vraiment passé à autre chose ? Si oui, je ne serais pas allé voir Jayleen pour organiser le mariage. Là, par contre j’avoue que j’ai tout fait pour la rendre jalouse, la mettre mal, lui montrer ce qu’elle a montré. Lui montrer quelle sorte de mariage elle aurait pu avoir avec moi. Et oui ma belle, tu as fais une bien belle erreur. Mais à force de jouer avec elle, je m’en brûle mes propres ailes. Je ne suis pas censé donner rencard à d’autres femmes que la mienne. Encore moins mon ex. Mais notre relation, à l’heure d’aujourd’hui, est bien trop complexe, pour réfléchir à quelque chose. Je suis du genre à vivre au jour le jour. Carpe diem. J’ai failli perdre la vie, alors croyez moi quand je vous dis que la vie est précieuse. Comme d’habitude, elle était en retard d’une petite dizaine de minutes. Toujours à se faire désirer celle là. Mais une fois que je la vis, je souris, et m’avança vers elle. « Tu t’es réveillée y a combien de temps ? Tu es aussi belle qu’une rose à l’aube de la journée. » Eh oui, je lui avais donné rendez-vous à quatorze heures. Ca peut être tôt pour certain, comme moi par exemple, qui est plutôt du genre à se réveiller à quinze heures, mais il faut croire que j’attendais cette journée car je n’ai pas réussi à dormir de la nuit. Et sinon ce que je lui ai dis ? Oh bah c’est tout à fait normal. Elle a l’habitude avec moi. Ne vous inquiétez pas, je suis encore plus gentil avec ma vraie femme, ma femme officielle. Je déposai un baiser sur le front de ma brunette, et la prit par la main. « J’ai découvert ton monde en faisant mon mariage, alors maintenant je veux te faire découvrir le mien. Prête ? » De toute façon, elle n’avait pas trop le choix. Je la tenais tellement fort par la main qu’elle ne pourrait pas se défiler.

Oui, j’avais donné rencard à une femme. Mais pas la mienne. Bien qu’on pouvait dire qu’en quelque sorte, Jayleen avait été la mienne ; de femme. Pas pour longtemps, mais ça aurait pu être le cas si mademoiselle ne m’avait pas lâché. Je lui en avais voulu, et je lui en veux toujours après tout. Ce n’est pas pour rien que je l’ai choisie, elle, pour faire mon mariage. Je pensais lui faire ressentir du remords, c’est surement le cas, mais je me fais piéger dans mon propre jeu. A force de la voir, de passer du temps, je retombe dans le passé. Mes sentiments changent pour en retrouver d’anciens. J’essaie de lutter, mais rien à faire. Cette fille m’avait toujours hanté. Durant des mois pendant ma mission j’avais rêvé de nous deux, je ne voulais qu’une seule chose : rentrer pour lui dire à quel point je l’aimais, à quel point elle me rendait heureux, et qu’elle me manquait. Seulement, j’ai rencontré ma future femme, et je l’ai oublié. J’ai été heureux par une autre femme, bien différente de Jayleen, mais à quoi bon s’accrocher à une femme qui ne veut pas de vous ? J’ai toujours pensé que c’était elle qui perdait. C’est le cas. Mais moi aussi. Le bonheur que je vivais avec ma femme, ça n’était pas du tout le même que j’avais vécut avec ma belle brune. Une belle brune qui était toujours belle, même après une heure de s’être levée. Je me souviens de sa beauté pendant son sommeil. Tout chez elle m’appelait. Ses yeux, ses lèvres, ses fossettes, son corps. Son âme. Elle était prête à en apprendre un peu plus sur mon monde, et rien que pour cela, je l’appréciais encore plus. Elle aurait pu dire non, car l’armée ce n’est pas toujours gai, voire jamais même. Je suis content de pouvoir partager ça avec elle. Ma femme était dans ce monde, on connaissait la même chose. Avec Jayleen, tout est si différent. « Alors, déjà je vais t’expliquer pourquoi j’ai choisi de m’engager, un peu comme tous les militaires, pour servir l’Amérique. Je voulais me sentir utile, servir à quelque chose. Et puis, je ne savais pas quoi vraiment faire de ma vie, alors l’armée était ce qu’il me fallait. J’y serais encore maintenant si je n’avais pas fais le con, mais l’armée te rend fou. » On marchait, main dans la main. J’avais toujours mon enseigne, on allait donc avoir quelques plus pour cette visite. « D’un côté c’est bien, mais de l’autre non… J’étais soldat de terre, ici c’est soldat de mer, mais ça ne change pas totalement. On est coupé du monde, mais quand je dis couper du monde, c’est vraiment. Même si j’aurais voulu garder contact avec toi, je n’aurais pas pu. Tu n’aurais pas su où j’étais. C’est vraiment un autre monde. » Nous étions maintenant en train de nous faufiler entre différents grands navires, à la recherche d’un en particulier. Je profitais de cette petite visite pour rendre visite à quelqu’un, en espérant qu’il soit ici, et non en mer.