Lâche-moi, j'ai rien fait, tu m'as juste surprise avec une barette de shit. Merde, c'est ma consommation personnelle, c'est pas comme si j'en vendais à des jeunes boutonneux. Vous me faites chier sérieux ! Pour une putain de barette, je vais devoir subir un interrogatoire ? C'est honteux ? Allez à la pêche des vrais dealers et non des consommateurs quoi ! Quand je m'énerve, j'ai souvent tendance à tutoyer tout le monde et même à les vouvoyer en même temps. La preuve en ai. Non seulement, moi je suis à bout mais en plus de ça, je suis en train d'exciter les fauves qui se trouvent face à moi. Se faire prendre pour un peu de drogue douce, c'est tout de même abusé. Ils comptent sur moi pour parler ? Pour balancer mes fournisseurs ? Je ne suis pas suicidaire. Ils ont qu'à aller jeter un oeil au Mexique, c'est là que je vais me réapprovisionner, ou du moins, c'est de là que vient toute ma dope. Quand le policier tape du poing sur la table, je sursaute quelque peu et me redresse sur mon siège. Je suis une Junkie, et alors ? Y a pas que moi, si ? Ils veulent en savoir plus sur moi pour savoir d'où vient mon problème avec la drogue. J'ai affaire à quoi là ? À des psys ou bien à des flics ? Je garde le silence de longues secondes, de longues minutes, de longues heures et finalement, je tambourine à la porte de la salle d'interrogatoire et je demande à voir la bonne femme qui se trouvait avec eux. Elle veut m'aider à me sortir de là. Ouais, c'est ça. Ce qu'elle veut, c'est que je crache le morceau sur ma vie pour qu'enfin, je balance tout sur mes revendeurs. Manque de peau, je suis plus maligne que ça. J'ai pas envie de me faire tuer. Je suis trop jeune pour mourir et tout le monde sait que lorsque l'on parle, on a de graves problèmes. Merde, qu'ils me foutent la paix, je vais leurs parler de moi ... Je m'appelle Blue-Ivy Spencer Stevens mais tout le monde m'appelle Spencer ou Stevens. Généralement, Stevens, c'est sur mon lieu de travail ou quand on ne m'aime pas trop. C'est connu non ? Quand on est agacé par quelqu'un, qu'on n'aime pas quelqu'un et j'en passe, on a toujours tendance a privilégié son patronyme à son prénom. Je suis née il y a vingt-deux ans à Long Beach, en Californie. Sérieux, vous me faites chier ... Vu le regard que la bonne femme me lance, j'ai plutôt intérêt à parler si je veux sortir d'ici. Je reprend le récit de ma misérable vie : Je vais en venir directement au fait vu qu'apparemment, c'est ça que vous voulez. Si je suis devenue une putain de Junkie, c'est parce que j'ai eu de la misère dans ma vie. La drogue m'aide à grimper la pente qui est vachement raide, croyez-moi. Je consomme juste de la drogue douce. J'ai la tête de quelqu'un qui prend des cachets, qui sniffe ou encore qui se pique ? Pitié, me dites pas ça ... Pourtant, même si je dois mentir pour pas me retrouver derrière les barreaux pour consommation illégale de stupéfiant, je dois couvrir mes arrières car je touche à tout. Quand je m'auto-déclare Junkie, je n'exagère pas, loin de là. Dites-moi madame la présidente, vous êtes des stups au moins ? Je vais vraiment finir par me faire lyncher si je continue. Mais merde, ils me font chier. Qu'ils aillent chercher ailleurs. Je suis pas une balance moi ! Toute façon, ils peuvent rien contre moi, j'en suis sur vu qu'ils ont trouvé seulement un peu de résine sur moi. Vas-y, regarde-moi pas comme ça, ça me fait perdre mes moyens. Spencer, ferme-là, tu t'enfonces. Pourquoi je m'enfonce au fait ? Parce que juste avant, j'ai ingurgité pas mal de saloperie et que ça me fait perdre quelque peu la tête. Au lieu d'être peace and love, chez moi, ça opère différemment. Je suis énergique et pire que sur les nerfs quand on me titille d'un peu trop près. Si je suis devenue une Junkie, c'est parce que ça m'aide à remonter la pente comme je l'ai déjà dit. J'ai perdu la totalité de ma petite famille, car ouais, on était une petite famille apparemment car on m'a jamais laissé rencontrer qui que se soit. Mes parents étaient en guerre avec les siens et je n'ai donc jamais eu l'occasion de connaître qui que se soit. Bref ... Ils sont tous mort dans un crash aérien, or, moi, j'ai survécu par je ne sais quel miracle. Sérieux, j'aurais du y rester car être orpheline si jeune, ça tue. J'ai perdu mes parents, ma jumelle et mon grand frère. J'ai été placée en orphelinat et personne n'a voulu de moi tellement j'étais déjà un cas. Je suis perturbée et je devrais consulter d'après les propos de la marâtre qui dirigeait ce maudit orphelinat. Qu'elle aille au diable cette vieille sorcière, elle ne peut pas juger un enfant qui a tout perdu en l'espace de quelques secondes. En grandissant, j'ai commencé à me dévergonder. J'ai goûté à l'alcool, au sexe et pour finir, à la drogue. L'alcool et le sexe, je m'en tape royalement mais alors la drogue, je peux pas m'en passer. D'ailleurs, je peux m'en rouler un petit ? Faut sérieusement que j'apprenne à la fermer moi. Je me ressaisis pour la énième fois. J'ai pas de limite concernant cette petite merde que je fume tout les jours. J'ai pourtant déjà essayé d'arrêter mais je peux pas. J'ai la tremblote, j'ai la nausée, j'ai envie de tout casser, bref, je suis accroc. Une cure, j'y ai déjà pensé mais j'ai pas le volonté. Malgré mon statut de Junkie, je suis une fille bien vous savez. La preuve ... Quand mes parents sont mort, j'ai hérité d'un héritage énorme et encore, énorme, c'est trop faible. Pour vous donner un aperçu, je peux survivre durant plusieurs générations si j'étais une multi-centenaire. Je serais même pas centenaire tout court. Je me laisse peu d'année avant d'y rester à cause de cette merde ... Qu'est-ce que je raconte moi, ça tue pas vu que c'est doux. Toute façon, mon histoire est toute tracée. Je vais crever d'ici peu de temps, ma voyante me l'a dit ... Et voilà que je commence à délirer. Ça crains, merde. J'ai pas de voyante, je ne crois pas à tout ça ... Leur héritage, je n'en veux pas. Il a été débloqué quand j'ai eu mes vingt-et-un ans et je n'y ai toujours pas touché. J'y toucherais d'ailleurs jamais. À seize ans, malgré ma période d'ado rebelle, j'ai obtenu mon permis de conduire et j'ai commencé à bosser. Depuis six ans, j'ai pu mettre pas mal d'argent de côté et je vis avez. Je vis très bien même, la preuve, je peux m'acheter ma dope. Quand je galère un peu, je travaille un peu partout pour arrondir mes fins de mois puis ... Je l'a saoûle pour qu'elle m'interrompe ainsi ? Elle me fait quoi là ? Elle a voulu que je lui raconte ma vie, je l'ai fait et maintenant, elle veut que j'en viennent au fait. Va te faire foutre vieille sorcière, je te dirais rien et je t'emmerde ! Là, j'ai le droit à la palme d'or pour mes conneries enchaînées une par une. La preuve, au lieu de me libérer, j'écope d'une garde à vue et d'une amande pour outrage à agent. Au moins, ils passent l'éponge sur la drogue. Ils l'a passent ou c'est encore une blague ? Déchaînée comme jamais, je commence à ressentir le manque, dans ma cellule dans laquelle je reste toute la nuit avant qu'ils me libèrent enfin ...