« Merde ! » Nouvelle injure et nouveau soupir de protestation alors que je me courbais en direction des serviettes de bain que je venais de faire tomber. A croire que j'avais deux mains gauches, c'était plausible. « Ton prochain client est un certain Brady quelque chose, j'ai pas vraiment retenu. » me lança ma 'patronne' en passant devant moi - ne m'aidant surtout pas à ramasser les quelques serviettes que je venais de tomber - « ... Et puis, tu me rangeras un peu ce bordel !» Je fulminais. Si ça n'avait tenu qu'à moi, je lui aurai déjà fais comprendre à qui elle avait à faire. Seulement, elle ne s'en foutait pas mal ; ma 'chef' était le genre de femmes exécrables au possible, à toujours vous avoir à l'oeil et à vous réprimander pour les moindres détails. C'était agaçant pourtant, j'avais l'impression de me voir dans une glace à chaque fois. « Pas de problème, je m'en chargerai tout à l'heure. » rétorquais-je tandis que je me redressais, une pile de serviette calée contre ma poitrine et m'obstruant la vue. Fais chier, je voyais rien. Je tâchais de retrouver la salle principale des massages avant de me rendre compte que quelqu'un séjournait déjà à l'intérieur, à moitié nu - quoiqu'il lui restait que son caleçon - « Monsieur Adamson, je ne savais pas que vous seriez là aussi tôt ... » Tâchant de ne pas trop mater ce sublime corps, je vins à déposer la pile de serviettes sur l'une des tables avant de remettre d'aplomb mon habit de masseuse. Autant être présentable.

Que voulez-vous ? Je suis devenu raide dingue de ces massages. Tout à commencé lorsque j’ai du m’en faire faire pour mes genoux. Raison strictement médicale. Et très vite j’ai compris que ses doigts étaient exquis. Elle savait s’y prendre, ou du moins avec moi dans tout les cas. Je devais me faire masser durant deux mois. Mais comme si j’allais ne plus venir la voire comme ça d’un coup. Tant pis si cette fois-ci je ne me faisais pas remboursé une partie du massage. Il faut payer le prix fort pour connaitre un réel plaisir. Depuis, elle ne me masse plus que les genoux, mais tout. Bien que mon endroit préféré soit le bas du dos, on ne sait pourquoi. Pas mal de personnes pensent que je suis sous le charme de la jeune femme, dont ma fiancé, alors que pas du tout. Bien qu’elle soit très mignonne, mais je suis surtout tombé amoureux de sa technique de massage. Malgré ce que l’on pourrait penser à mon sujet, je suis très prude, et j’ai eu énormément de mal à me déshabiller devant elle. C’était comme si je me retrouvais sur ma serviette de plage en maillot de bain, mais pourtant j’avais l’impression d’être nu. Nu devant une autre femme que ma future femme. Autant, je n’ai pas de mal à me faire un coup d’un soir, mais là. Il n’y a qu’elle qui peut me voire à moitié nu, alors comprenez que je me sente mal à l’aise. Mais depuis le temps, je m’y suis habitué, et dès lors que je rentre dans la pièce, je me déshabille, sans aucune honte. « On ne fait pas attendre les bonnes choses miss Monroe. » Je la regardais se mettre en tenue de masseuse. Mhh. Toujours aussi mignonne celle-là, mais restons concentré sur le massage. « Toujours aussi chiante la Boss ? » Et bien quoi ? J’ai entendu la conversation, et je ne pouvais m’empêcher de lui en parler. De toute façon, on ne passe pas une séance sans se parler, et ce n’est pas la première fois que j’entends la Boss sous son mauvais jour.

On était finalement devenu de bons amis lui et moi. On discutait beaucoup, énormément même et je dois dire qu'il était le seul client avec qui il était plaisant de bavarder. Les autres ? Ils n'étaient que là que pour me reluquer ou bien me demander de leur masser à des endroits plus ou moins intimes. Au début, ce genre de remarques m'avaient embarrassée puis au final, je m'en étais habituée voire même lassée. Certaines auraient pu abandonner leur poste suite à ce genre de propos mais je m'étais toujours dis qu'il fallait que je m'accroche dans la vie, comme mon père me l'avait toujours enseigné. Étant donné ma situation sociale, il est clair que je n'avais probablement pas besoin de travailler ou du moins, exercer une profession légale ainsi qu'une autre, moins laborieuse. Cependant, je me refusais de me reposer sur mes lauriers. J'avais bon fond tout de même et pensais à mon propre enrichissement personnel - bien que certaines mauvaises langues vous diront que je n'en avais pas besoin - Foutaises. Après avoir soigneusement déposé la pile de serviettes de bain, le brunet vint à se dévêtir face à l'oeil de l'experte - qu'était le mien - Au tout début de notre rencontre, je me souvenais parfaitement bien du malaise général que j'avais installé en demandant à Brady d'ôter ses vêtements - manque de vestiaire à l'époque - Cependant, au bout de deux mois, il était devenu à l'aise et décontracte, ce qui s'avérait être bénéfique tant pour lui que pour moi. « Ca ne change pas. Ce n'est pas pour la critiquer mais elle m'exaspère beaucoup. » soupirai-je en invitant le brunet à prendre place sur la table de massage. « De toute façon, elle ne changera jamais. » rétorquais-je de nouveau en commençant à appliquer mes mains sur les épaules de mon client. « Et sinon, quoi de neuf ? »

Je m’étais attachée à la jeune fille. Non pas seulement aux massages, mais à elle, la personne qui me fait tant de bien. Un bien si fou. Imaginez-vous vous faire masser par une amie, à une amie à qui vous pouvez aussi tout dire. Certes, je ne lui raconte pas tout non plus, mais la plupart. Elle sait que je vais me marier, mais elle ne sait rien de ma situation avec mon ex. Je ne souhaite pas le lui dire. Elle me prendrait surement pour un connard, avec aucun respect envers les femmes. Et je n’aurais alors plus la chance de pouvoir avoir mes massages si bons. Bon pour mon physique, mais pour mon moral aussi. Je pense qu’elle m’aime bien, du moins je l’espère car je l’apprécie vraiment de mon côté. Mais pour rien au monde je veux qu’elle pense du mal à mon sujet. C’est déjà assez compliqué comme ça pour que je tente de le lui expliquer. « Au pire, tu peux te barrer. Peu importe où tu iras, je te suivrais. Même si tu décides de bosser dans un truc de luxe ou tu paies cent euros l’heure de massage. » C’est peut-être rien de dire ça, mais c’est mieux que rien. Et enfin de compte, je sais que ça va quand même lui faire plaisir. « Et bien écoutes, il y a quelques jours je suis allée voire l’organisatrice du mariage. Ca avance pas mal. Et toi tu racontes toi ? » Mes yeux se fermèrent.