Dale & Solweig
« And I wonder if I ever cross
your mind.
For me, it happens all the time. »

Le vibreur de son portable sortit Solweig de son sommeil. Il était déjà vingt-et-une heure. La jeune femme fut surprise de s'être assoupie durant l'après-midi, mais elle avait eu une journée chargée la veille : une exposition à organiser, certains accords à revoir, ... Les partenaires avec qui elle avait à collaborer, n'étaient pas souvent facile à amadouer. Mais Solweig parvenait toujours à ses fins, surtout lorsqu'elle usait de ses charmes. Comment un homme de quarante ans, marié avec trois gosses à nourrir pouvait imaginer qu'une jeune femme comme elle voudrait ne serait-ce que boire un café avec lui... Solweig se demandait parfois comment les hommes pouvaient être à ce point naïfs.
Elle portait vieux jogging et remarqua avec amusant mais aussi dégoût qu'elle avait tâché son haut et c'était certainement de la bave : hum sexy. Son appartement sentait les frites et les jambes de la jeune femme étaient toutes engourdies. Il fallait qu'elle sorte. Oui, l'idée la séduisit en un rien de temps.
Une douche plus tard, elle enfila l'un de ses derniers achats : une jolie robe rouge avec un décolleté dans le dos qui donnait un très bel avant-goût de la beauté du corps de la jeune femme. Ce soir, elle ne comptait pas dormir ici et encore moins seule. Après tout, c'est un désir comme les autres, Solweig n'avait pas honte de le satisfaire avec un homme qu'elle ne reverrait peut-être jamais : c'était d'ailleurs mieux ainsi. Aucune attache.
Miss Worsley mit un peu d'ordre dans le salon, surtout afin de retrouver son portable et son rouge-à-lèvres, le ménage n'étant pas sa spécialité.

Dans le taxi, Solweig observa les passants, les rues et les immeubles, elle avait juste demander au chauffeur d'avancer ne sachant pas encore où elle descendrait. Lorsqu'elle se rendit compte qu'ils étaient déjà dans Balboa Park, elle demanda au taxi de s'arrêta puis continua de marcher là où ses pas la mèneraient. Un café retint son attention, il semblait assez plein et elle y trouverait certainement un jeune homme avec la même requête qu'elle ou bien un autre qui serait assis, seul au bar pour noyer son chagrin.
Certaines personnes considèrent les femmes comme Solweig comme des salopes. Ils n'ont pas tout à fait tord, Solweig est consciente qu'au final ce n'est pas très sain pour elle, mais elle a une bonne raison. Une raison, pas une excuse. Les relations ça n'a jamais été une passion chez elle, et lorsqu'elle a enfin cru pouvoir ne plus craindre de s'attacher, elle a vécu le pire. Et lorsque l'on touche le fond, on a rapidement tendance à ne plus vouloir connaître cela. Alors Miss Worsley préfère ne pas s'attacher.
La jeune femme poussa la porte d'entrée du Dinosaur Café et déjà plusieurs regards s'étaient posés sur elle. Un homme au sourire charmeur et sa femme qui aurait adoré pouvoir lancer des lames tranchantes juste par son regard, la serveuse très souriante, un groupe de trois hommes plutôt dans la trentaine et certainement une étudiante, les lunettes au bout du nez feignant de s'intéresser aux nouvelles économiques du NY Times. Bien, elle avait retenu l'attention, elle comptait bien sur le fait qu'un ou deux hommes l'abordent ce soir. Mais elle ne prendrait pas le premier venu.
Une table était libre près de la porte d'entrée, elle pouvait admirer la rue sombre et les quelques personnes qui s'y promenaient. « Vous avez fait votre choix ? »La voix de la serveur prit de cour Solweig. Elle prit la carte dans ses mains et ne prenant pas la peine de la lire, commanda : « Un chocolat cannelle s'il-vous-plaît. » C'était sa boisson de prédilection les soirs où il faisait froid. A l'époque où elle était avec ... A l'époque où elle croyait encore en l'amour, c'était devenu une tradition les soirs d'hiver.

redsky