Depuis la disparition de son frère, Morgane ne savait pas vraiment où elle en était dans sa vie. Lorsqu’elle avait quitté New York, c’était parce qu’elle avait ressenti le besoin de bouger, le besoin de changer d’environnement, de vie. Done. Après avoir fait la folle dans les capitales espagnoles et parisiennes, elle avait choisi de s’installer définitivement – ou pas – ici, en Californie. Sauf que voilà, il y avait toujours un moment où la jeune femme se sentait seule. Ils se déroulaient souvent le soir, après une longue journée de travail. Exténuée, elle s’affalait sur son canapé, posait son regard sur un point fixe et là, tout ses vieux démons la tourmentaient pendant près de dix minutes avant qu’elle ne se ressaisisse et n’allume la télévision pour éviter de replonger. Ce qu’elle fit d’ailleurs en ce moment même. La télécommande dans la main, elle pressait fortement les boutons de l’engin, à la recherche d’un bon film à regarder. Rien à faire, on était lundi soir, la seule chose qui était en diffusion était les Experts, great. Soupirant bruyamment, Morgane s’avachit contre le dossier de son canapé quand un bruit la fit sursauter. Machinalement, elle serra dans la paume de sa main la télécommande et commençant soudainement à paniquer, elle se dirigea à pas de loup vers la cuisine avant d’apercevoir… Twiggy, entourée de tous ses bagages. En la voyant, Morgane se décrispa et posa la télécommande sur la table. « T’es complètement dingue Twi’, j’ai eu la peur de ma vie ! » Mais Twiggy semblait méfiante, inquiète. « Détends-toi, Zephyr n’est pas là. » finit-elle par annoncer, toisant sa meilleure amie d’un air incrédule.

Les pieds de nouveau sur le sol américain, la jolie brunette redressa ses lunettes sur le haut de son nez. Voilà déjà une semaine que Twiggy s’était absentée de San Diego. Elle ne tenait pas en place, enfin elle aurait voulu rester, s’installer, revivre une vie normal, mais cela lui était impossible pour elle tant qu’un certain brunet se trouvait dans la même ville. Elle avait réussi à l’éviter durant près d’un an et demi, ce n’était pas pour le retrouver ici. Cependant la brunette ne c’était pas décider à trouver un toit rien qu’à elle, alors elle habitait à plusieurs endroit. L’appartement de Morgane lui servait de lieu de stock, elle y avait les trois quart de ses affaires dans des cartons attendant patiemment sa venue dans ce qui aurait dû être sa chambre, une chambre d’hôtel quand elle ne pouvait pas résider à l’appartement, et un siège d’avion qui l’emmenait à l’autre bout du monde pour oublier qui elle était durant une courte période. Cette fois ci elle revenait tout droit de paris où elle avait rendu visite à ses amis français qu’elle avait rencontré lors de son séjour d’il y a un peu plus d’un an. Elle ne revenait pas les mains vides, surement pas même. Elle aimait trop rapporter des souvenirs en tout genre à sa meilleure amie, qui ne savait plus les mettre maintenant, que Twiggy se contentait de petite babiole allant de la boule de neige, au porte clé, en passant par des livres, des gardes pages, des cartes postales. La valise pleine de vêtements plus que de souvenirs –heureusement-, la brunette se stoppa devant la bâtisse qui abritait l’appartement de Morgane. Elle prit une grande bouffée d’air frais essayant de se convaincre que c’était ridicule d’être anxieuse, que c’était la semaine, qu’il devait trainer n’importe où à San Diego, il n’était en rien au courant de son retour, elle l’avait même caché à Morgane pour lui faire « la surprise », Le cœur serré, tout comme son estomac elle poussa la porte de la porte prudemment, comme une petite sourie elle se faufila jusqu’à la cuisine. D’un coup, elle avait besoin de boire quelque chose, et si cela était possible un truc alcoolisé comme ça si elle devait s’emporter qu’elle ne finisse pas en pleure. Elle se servit donc un verre de la première bouteille qu’elle avait trouvé et se l’enfila d’un coup sec. Elle rangea tout quand elle aperçue une ombre trop fluette pour être celle d’un homme se dirigeait vers la cuisine. Elle se cacha au cas où derrière la porte du frigo, même si sa valise et son sac la trahirai vite. « T’es complètement dingue Twi’, j’ai eu la peur de ma vie ! » Soupirant discrètement Twiggy se détendit un peu et passa sa tête sur le côté de la porte et offrit à son amie un sourire chaleureux mais quelque peu crispé. Elle fixé surtout par-dessus l’épaule de Morgane à l’affut de l’arrivée imminente d’une seconde personne. « Détends-toi, Zéphyr n’est pas là. » Son sourire s’élargie et Twiggy retrouva son habituelle humeur de bout en train. « Parfait ! Je cherchais quelque chose à boire pour accompagner ceci ! » Elle souleva le rabat d’une grande boite en carton rose pâle posé sur le rebord du comptoir. Un assortiment de pâtisseries les plus folles, et les plus appétissantes de San Diego était disposé dans la boîte. « Tout droit de la pâtisserie que tu adores, près de la plage… hum... Fondant Garden je crois que c’est ça le nom non ? » Elle referma la porte et sautilla jusqu’à son sac à main où elle en sortit cette fois une boite beaucoup plus petite et d’un bleu foncé. « Mais ça c’est plus français que tout. » Les sourcils de la brunette sautillèrent alors qu’elle souriait à s’en décrocher la mâchoire. Twiggy avait ramené tout droit de la capitale de France le plus divin des mets, et elle savait que Morgane devinerait à coup sûr ce que c’était.

La jolie brunette affichait un sourire de fierté, ravie de voir son amie obnubilée par les pâtisseries. Twiggy était contente que San Diego ait changé un peu sa londonienne d’amour sur la gourmandise. Ainsi, elle n’était plus la seule à se goinfrer de pâtisserie devant un Disney maintenant, son amie se joignait à elle, et elles allaient souvent ensemble en salle de sport le lendemain de la goinfrade. Entendant sa réponse un peu vague, Twiggy comprit que son amie préférait admirer les petits gâteaux, que de chercher si son anglaise d’amie avait raison sur le nom de la boutique. Twiggy se laissa prendre dans les bras, et resserra l’étreinte avec un peu plus de force. Le doux parfum de cerise flottant dans la longue chevelure châtaine de son amie lui faisait prendre conscience enfin qu’elle était de retour à la maison. De retour chez elle. Elle se surprit même à retenir des larmes de joie, car le manque dans son cœur était en partie combler de nouveau. « Tu m’as manqué mon petit popcorn, marmonna-t-elle à l’oreille de son amie. » Mais celle-ci se détacha et prit dans la boite l’éclair au chocolat, à ce que pu entrevoir Twiggy qui avait à peine eu le temps de ravaler les larmes. Elle prit à son tour un petit gâteau un petit milles feuilles qu’elle dégusta bien plus doucement que son amie. Elle sortit alors après son second cadeau, plus petit, mais plus cher, et plus excitant pour Morgane qui poussa se petit cri qui faisait toujours sursauter la pauvre Twiggy. Cette dernière se massa l’oreille en grimaçant tout en répondant : « Il est exacte que je suis repartie à Paris, mais si j’avais su qu’en revenant je perdrais un tympan je serais restée. » Bien sûr elle taquinait Momo qui aller bien sûr prendre la mouche et la regarder avec cet air de chaton boudeur. « J’avais des affaires à régler là-bas, j’suis allée rendre visite à nos anciens voisins, surtout le couple du septième tu te souviens ? » Twiggy ne put s’empêcher de ricaner ses dernières paroles. C’est vrai que depuis leur départ de Londres après la mort de la mère de Twiggy, les deux filles avaient vécu pas mal d’aventures, comme celles dans les feuilletons télé. En premier c’était Morgane et Twiggy, les anglaises à paris, puis Les anglaises à Barcelone. Mais en suite c’était des aventures solos. Elles s’étaient éloignées en distance, en kilomètre, en hectare, mais ça n’avait pas affecté leur lien unique. Même si elles étaient toujours Morgane et Twiggy, elles avaient un peu changé. Les drames ça marquent toujours une vie. « Tu ne savais pas que mon but c’est de t’engraisser pour pas avoir à acheter une dinde à Thanksgiving ? » Twiggy éclata de rire de bonne foi. Les plaisanteries avec Morgane lui évitaient souvent les sujets qui fâchent. Twiggy suivit le geste en s’asseyant sur un siège après Morgane et picora encore dans la boite à pâtisserie mais s’amusa à manger d’abord la crème pâtissière qui dépassait du gâteau avec son doigt. « Tu sais, un grand phacochère disait qu’il fallait laisser les fesses faire. Alors je laisse mes fesses faire. » Elle ne voulait pas aborder le sujet sérieusement, ça lui était trop difficile. Devoir décider de rester d’affronter ses problèmes ? Non ce n’était pas pour Twiggy. Les deux jeunes femmes étaient pareilles, aux moindres soucis elles fuyaient. Twix’ savait que Momo n’était pas dupe sur son envie de voyager aussi fréquemment, avait surement fait le rapprochement avec l’arrivée de Zeph’ à SD, depuis bien longtemps, seulement Twiggy préférait taire ses soucis que de mettre son amie dans une position de choix de partis. « Il est prévu que je visite cuba dans quelques semaines avec Azur, tu sais l’amie que j’ai rencontré sur mon vol vers la Finlande. C’est vraiment étonnant qu’on se retrouve souvent sur les mêmes vols vers les mêmes destinations. » A quoi bon le lui cacher sa prochaine destination jusqu’au jour du départ, ça n’aurait fait que l’attrister. Elle finit le gâteau et regarda enfin son amie. « Je vais quand même rester quelques temps pour prendre le soleil et sans avoir la peur de me prendre une balle dans le derrière, ria-t-elle de bon cœur. » Elle avait tellement de plaisir à rire avec Morgane qu’elle ne vit pas la massue arrivait. Avec ce rictus mesquin et cette phrase Morgane n’avait pas idée dans quoi elle avait mis les pieds dans quelque chose d’explosif. La brunette déglutit, une fois, puis une second, en fixant droit devant elle ayant perdu tout chaleur sur son visage. Ce dernier était dénué d’expression, ou du moins presque dénué d’expression, si on la regardait de plus près on pouvait presque voir ses yeux luire de tristesse, de colère, d’amertume. Elle lâcha d’une telle sécheresse « Il faut que je refasse ma valise. » Rituel chez la brunette quand elle revenait à l’appartement. Défaire sa valise, pour la refaire de vêtements propre, en prévision de son futur voyage mais là ce n’était que pour le temps qu’elle resterait à SD à l’hôtel bien sûr. Elle saute sur ses pieds, mais rajouta sur un ton dénué d’intérêt. « Et pour information, je m’en contre fou qu’il rentre ou non, du moment que je le vois pas tout le monde ne s’en portera que bien mieux. » Elle attrapa à la volée le manche de sa valise et se dirigea vers sa chambre. Elle ouvrit la porte et balança la valise sur ce qui devait être le lit qui lui était normalement destinée. Sans se préoccupé de si Morgane l’avait suivi ou non. Twiggy s’affaira à sa valise, allant et venant entre sa valise et l’armoire, les cartons ou encore sa salle de bains. Selon elle ça empestait le parfum de mec. Enfin plutôt son parfum à lui. Elle s’arrêta en fixant le lit et se souvient que la dernière fois il était de carton. Plusieurs de ses affaires avaient été déballées depuis sa dernière visite. Elle fit volteface vers Morgane, plus en colère que jamais. « Ne me dis pas qu’il dort ici ?! »

En entendant les paroles de Twiggy à son oreille, l’anglaise ne put s’empêcher de réprimer un rire cristallin. Pop Corn. Leurs surnoms depuis toujours. Le genre de code que l’on invente quand on est encore à la fleur de l’âge et qui reste malgré tout dans notre tête pour toute notre vie. Comme quoi, certains détails restent gravés en nous quoiqu’il arrive. Morgane serra davantage son amie contre elle, heureuse de retrouver l’une des personnes les plus importantes dans sa vie. C’était bien à ce moment qu’elle se demandait comment elle avait fait pour pouvoir tenir sans Twiggy. « Toi aussi. » répondit-t-elle le sourire aux lèvres, avant de se reculer, enfournant avec une déconcertante rapidité une pâtisserie dans sa bouche. Ah, c’était le mal ça, les pâtisseries. Celles venant de Paris encore plus. La capitale française manquait vraiment à la jeune anglaise. Elle avait adoré ces quelques mois passés en plein cœur de Paris, et le fait de savoir que sa meilleure amie y était retournée ressassait tout un tas de souvenirs en elle. D’ailleurs, Morgane rit de plus belle lorsque Twiggy évoqua le couple du septième. L’épisode avec ce fameux couple était… inoubliable. « Non, sérieusement, t’es allée leur rendre visite ? A eux ? Et ils t’ont pas proposé de leur vieille tarte aux pommes ? » demanda-t-elle, le visage moqueur. Ah, ce qu’elles en avaient bavé de cette dite tarte aux pommes. « La spécialité » de la femme, d’après son mari. Tu parles. C’était le genre de gâteau qui ne ressemblait à rien, dont les bords étaient cramés et dont les pommes étaient moisies au point que toutes sortes de bestioles se posaient dessus. Bref, il n’existait pas plus mauvais que cette fiche tarte, et Morgane se demandait vraiment pourquoi Twiggy était venue les voir, compte tenu de toute la puanteur qu’elles avaient enduré dans leur appartement à cause de ce maudit gâteau. Peut être pour rire ? Sûrement. En tout cas, la brunette n’avait visiblement en rien perdu de son Ô grand sens de l’humour. « Haha, c’est ça, marre-toi Hawthorne. Tu vas voir, c’est toi que je vais transformer en dinde si ça continue ! » répliqua Morgane, donnant un coup taquin dans l’épaule de son amie. En temps normal, l’anglaise aurait déjà piqué une crise, outrée que quelqu’un ait osé lui parler ainsi mais là c’était différent. C’était Twiggy quoi. Sa meilleure amie. Et pourtant, l’amitié n’était pas une valeur très importante chez Morgane. Enfin si, mais elle s’était tellement faite avoir dans le passé qu’à présent, elle tentait de rester réaliste et de ne pas trop s’attacher, préférant compter sur les seules personnes qu’elle savait honnêtes. De toute façon, son furet, Twiggy et Zephyr lui suffisaient largement pour le moment. D’ailleurs, heureusement que ce dernier était là, il comblait un peu le vide que ressentait Morgane dans sa vie depuis quelques temps. Malheureusement, ce n’était pas le cas de sa meilleure amie qui, il fallait le dire clairement, cherchait à échapper à la compagnie de Zephyr par le biais de ses voyages. Hallinger avait bien compris que si son cousin n’était pas omniprésent dans ses pattes, Twiggy passerait plus de temps avec elle. « Cuba ? La classe. J’espère que tu t’amuseras bien alors. » finit-elle avec un peu d’amertume dans la voix. Au fond, elle se doutait que la brunette n’allait pas rester à San Diego, qu’elle allait partir à l’autre bout du monde. C’était si prévisible. Elle avait bien envie de lui passer un savon, de lui dire à quel point elle avait ras le bol de ses allées et départs furtifs mais elle se la fermait, ne voulant pas provoquer une discorde. C’est alors que Morgane sortit la phrase de trop, parlant directement à Twiggy de son cousin. Sa réaction fuyarde était elle-aussi prévisible, mais arracha néanmoins une grimace à l’anglaise. Celle-ci soupira puis avec lourdeur, elle suivit la brunette jusqu’à la chambre, s’adossant au pas de la porte, la tête calée contre le bois. « Ça, c’est ce que t’essayes de te convaincre. Mais c’est faux. » Oui, elle était culottée d’avoir dit cela. Culottée et inconsciente. A présent, elle craignait la réaction de la brunette… Au mieux, Twiggy allait encore une fois nier, au pire, elle s’énerverait. Bon finalement, la deuxième option s’avéra vraie. Pas forcément pour cette raison, mais plutôt lorsque l’odeur pure du mââle vint à ses narines. Faisant face à une Hawthorne rouge de colère, Morgane haussa les épaules puis baissa la tête, s’amusant à enrouler une mèche de ses cheveux autour de son doigt. « Ben… » commença-t-elle. « T’es jamais là, et y’a deux chambres de libre. Je lui ai proposé de venir squatter, au moins je ne suis plus seule. » Et vlan. C’était une phrase toute simple mais pourtant, elle reflétait tous les reproches que la blonde aurait voulu faire à son amie. Sans un mot, Hallinger se dirigea vers le lit et s’y assit tranquillement, allant même jusqu’à s’allonger carrément, les yeux rivés au plafond. « De toute façon ça change rien pour toi, t’habites même pas ici. » conclut-elle dans un soupir sans lancer un regard à Twiggy.