Sérieusement Aspen, arrête. Je froissai les sourcils un instant avant de me cacher rapidement le visage. Son appareil photo à la main, il était bien déterminé à me prendre en photo. Je lui tirai la langue avant de reculer et commencer à courir. Il me poursuivit. Il me rattrapa en deux minutes à peine, comme toujours. C'était un sportif et était bien plus grand de taille que moi. Je passai mes bras autour de son cou avant de déposer un baiser doux sur ses lèvres. Je pars, demain. Je rentre chez moi. Il garda le silence et son regard se perdit dans le vague. On n'avait jamais vraiment défini le "chez moi", en question. J'étais en vacances à Savannah, une ville magnifique au sud-est des Etats-Unis. Je l'avais rencontré à la plage, le premier jour. Le courant était rapidement passé entre nous. J'avais passé les plus beaux quinze jours de ma vie en sa compagnie. Je savais très bien que j'allais partir et avais donc préféré ne pas en parler. C'était mon premier amour, si j'ose le dire. Ma première fois même. J'avais cru au tout début que ce n'était qu'un flirt de vacances mais avec le temps j'avais réalisé que j'étais tombée amoureuse de lui. Je ne le lui avouai pas, cependant j'espérai qu'il s'en était rendu compte. Le silence ne nous avait jamais gêné. On n'avait guère besoin de parler pour se comprendre. Il suffisait d'un regard, d'un sourire, d'un toucher. Je passai la dernière soirée en sa compagnie avant de rentrer chez moi vers vingt-trois heures afin de préparer mes valises. Je ne voulais point lui dire au revoir étant sûre que le destin nous réunirait à nouveau. Lui, ne croyait pas à ce genre de choses. Il insista pour que je lui donne un numéro de téléphone, une adresse, la ville dans laquelle je vivais... mais je refusais. Je préférai garder ce beau souvenir. Je ne voulais courir le risque de tout foutre en l'air. C'était tellement magique que ça paraissait irréel. Cette nuit là, fut l'une des plus belle et misérable de mon existence. Jasmine, ma petite soeur, n'était pas encore rentrée. Je m'étais toujours inquiétée à son sujet. Elle était très influençable avec une personnalité assez faible. Elle avait fait la connaissance d'un groupe de jeunes immatures, irresponsables et cela m'inquiéta. Minuit et elle n'était toujours pas rentrée. Une heure, deux, trois. Mon père décida de se rendre au post de police du quartier. C'était seulement à trois heures du matin qu'on eut un coup de téléphone. Elle s'était faite renversée par une voiture. Le conducteur était en état d'ivresse et on n'avait pas pu le coincer. On ignorait la raison. L'affaire avait été rapidement étouffée. Mon père avait tenu bon mais apparemment le coupable était bien plus fort, plus riche pour se faire coincer. C'était injuste. J'avais appelé Aspen toute la nuit, j'avais besoin de lui. Il n'avait pas décroché. Il n'était même pas venu me dire au revoir. J'ignorai la raison d'un tel comportement. J'avais donc quitté Savannah en abandonnant deux personnes qui m'étaient vraiment chères, sans me retourner.