Depuis plusieurs jours, je me demandais comment j'allais annoncer la nouvelle à Alex. Je ne savais pas comment faire pour lui dire que je voulais lui parler, sans qu'il sente que quelque chose n'allait pas. A vrai dire, je n'avais pas vraiment peur de lui dire ce qui se passait, mais je n'osais pas tellement parce que je n'étais pas une jeune femme exemplaire voyez vous. J'ai tendance à batifoler un peu partout avec des amis de longues dates, ou juste des amis, avec qui je sors plus ou moins, avec qui je couche sans plus et même si je passais pour une traînée, je n'y pouvais rien, c'était dans ma nature. Bref, ce qui me dérangeait, c'était de lui annoncer que j'étais enceinte mais que ce n'était peut-être pas de lui. Bon, il n'y avait pas non plus dix pères potentiels, mais deux ou trois, et c'était déjà pas mal. Moi qui en temps normal me fichait pas mal de ce que peuvent penser les gens, j'avais du mal à me faire à l'idée que j'allais peut être lui annoncer une grossesse qui ne le concernait pas, et si je me trompais de père, qu'allait-il penser de moi ? Certainement pas que du bien... Déjà que je l'avais ouvertement dragué après qu'il m'ait donné la stupide lettre de mon "petit ami" et qu'on avait couché ensemble alors que son pote militaire, mon copain, était encore sur le terrain... Ouais, c'est scandaleux n'est-ce-pas... Rien a battre, il souhaite rester là bas ? Il ne veut plus me voir ? J'en ai rien a secouer, qu'il y reste. Je continue de vivre ma vie. Je ne lui en veux pas car pour lui, l'armée, c'est vraiment quelque chose qui compte, donc qu'il se rende utile pour une fois, mais la froideur avec laquelle il m'avait répondu lorsque je lui avait téléphoné pour demander des explications m'avait totalement révoltée ! Passons, ne parlons plus de lui.

Alex m'avait finalement contacté dans l'après-midi pour m'inviter a passer la soirée chez lui. C'était l'occasion parfaite pour lui parler... Contrairement à d'habitude, je n'avais pas apporté de vin, ni même de champagne. Je ne savais pas encore si j'allais garder le bébé mais je préférais être vigilante. En revanche, j'avais enfilé, comme toujours des dessous affriolants, ça ne craignait rien de ce côté là. C'est à vingt heures que j'arrivais devant la porte de sa maisonnette. J'étais très nerveuse mais très excitée à l'idée de le revoir. Je sonnais deux fois, comme toujours, et j'attendais patiemment qu'il m'ouvre. Dès que je vis la porte s'ouvrir, je fis un sourire radieux en lançant d'une petite voix craquante « Hey beau brun », avant d'entrer et de l'embrasser tendrement...

Je passais ma main sur sa nuque et en sentant ses mains se poser sur mes hanches, je fis un petit sourire. Une fois notre baiser terminé, je me dirigeais vers la salle à manger. J'avais la peur au ventre à l'idée de devoir lui annoncer la nouvelle. Il n'y avait que mon père qui était au courant, et personne d'autre ne le savait, même pas mon frère et ma soeur, puis ma mère encore moins. Je n'avais pas l'intention de lui en parler et si je gardais l'enfant, elle ne serait même pas conviée à l'accouchement et autre. Je m'inquiétais, j'avais peur de sa réaction et j'avais peur de me tromper... C'est ça l'ennui quand on s'envoie en l'air avec deux types à quelques jours d'intervalle. En arrivant dans la salle à manger, je vis la table dressée. Je posais ma veste sur un fauteuil non loin de moi « Ca me convient, t'en fais pas ! ». De toute façon, je n'avais pas très faim et au moins, je n'allais pas le contrarier si je mangeais peu ce soir étant donné qu'il n'avait pas fait un grand repas. Ses propos me firent sourire, et je posais mes mains sur les siennes en me mordillant la lèvre « Hmm, j'espère que ta dure journée ne t'a pas trop fatigué parce que... tu m'as manqué. ». Je me torturais intérieurement, pour savoir à quel moment j'allais lui dire. Il fallait absolument que je reste naturelle, que je ne montre pas ma nervosité, et surtout, que je ne succombe pas de suite sinon, je n'allais rien lui dire. Je me détachais doucement avant de me tourner vers lui, en le regardant droit dans les yeux « Filons manger un morceau histoire de prendre des forces... », je l'embrassais avant de me diriger vers la table pour m'y asseoir. « Je suis désolée d'être venue les mains vides, j'ai passé une mauvaise journée et j'ai oublié... », mauvaise journée, tu m'étonne, ma grossesse me foutait littéralement en l'air et le stress ne m'aidait pas. Il fallait que je l'annonce aux deux personnes concernées, à mon frère et ma soeur... C'était compliqué en gros. J'ajoutais en faisant mine d'aller bien malgré tout « Qu'est-ce que tu as fais aujourd'hui ? »

Profiter de moi... Il avait intérêt à profiter c'est clair, surtout si j'arrivais à ne plus être distraite par ma grossesse. J'étais surprise d'être aussi stressée. C'est sur que quand on apprend qu'on est enceinte quand à la base c'est pas voulu, on se sent mal... Pour moi c'est encore pire étant donné que je suis un peu trop jeune pour être enceinte et que je ne sais pas si je vais avoir le père à mes côtés. En temps normal je suis sure de moi, je trouve toujours une solution à mes problèmes, il n'y a pas de place à l'imprévu chez moi... Puis là, cette grossesse fout tout en l'air, et quand je dis tout, c'est bien entendu mes plans et mes études. Le pire c'est que je ne suis même pas enceinte de mon fiancé ou de mon copain, mais de quelqu'un d'autre. J'ai merdé grave, mais bon, j'assume, et tout ça c'est de la faute de mon petit ami, qui est un enfoiré et j'espère qu'il restera longtemps là bas, histoire d'être utile et de ne pas polluer mon espace vital.

Je sortais de mes pensées lorsqu'Alex me fit remarquer que j'avais l'air assez stressée. Bah merde, d'habitude je suis forte pour camoufler mes sentiments et mes émotions mais là, à mon avis, je ne vais pas pouvoir cacher la nouvelle trop longtemps. Je vais ruiner la soirée d'Alex, ça va être chaud. « Oui euh... Ma mère a cherché à me joindre, et on s'est disputées... Ca m'a rendu nerveuse... », lançais-je en soupirant. La blague, jamais je ne lui aurais répondu à cette conne, mais il n'était pas censé le savoir. Une fois servie, je remerciais Alex avant de répondre « Pendant que tu travaillais ton corps d'Apollon, j'étais en train de... me remettre... J'ai eut une gueule de bois atroce, ça commence tout juste à aller mieux ». Ce sont les magnifiques symptômes de la grossesse jeune fille, pas une simple gueule de bois... J'évitais de lui dire à table, de peur qu'il s'étouffe. Puis le moment redouté arriva enfin "vin ou champagne ?". Bon, après une gueule de bois, j'ai du mal à boire de l'alcool, alors j'avais une bonne excuse pour boire seulement un tout petit peu « ...Champagne, bien évidemment ». Je regardais Alex qui était debout en face de moi, en souriant, il était vraiment trop canon... Que j'ai bon goût, c'est un truc de fou...

J'appréciais vraiment Alex et finalement, j'étais contente que mon copain ne soit pas revenu. Bah oui, sinon je n'aurais jamais pu passer du bon temps avec lui. Ce con avait bien fait de choisir Alex pour me transmettre sa lettre... Si seulement il savait... Je fermais les yeux, amusée lorsqu'il m'embrassait sur le nez. Je fis ensuite une petite moue en entendant Alex me dire qu'il allait m'aider à me détendre... Ah ça, je n'en savais rien, à mon avis, ça allait être à moi de le détendre après lui avoir dit ce qui n'allait pas. En attendant Alex dire ceci, je perdais mon sourire et je fis semblant d'être vexée « Hmmm c'est ça, moque toi. Tu vas voir Parker... », puis je le tirais doucement par le col pour le mettre à ma hauteur et lui mordiller doucement la lèvre après l'avoir brièvement embrassé. Après ceci, je remerciais Alex en souriant une fois ma coupe remplie et je l'attendais pour trinquer. Je le regardais embrasser ma main, en lui souriant tendrement... Ce type est tellement doux et adorable... Dire qu'on est même pas ensemble... C'est du gâchis d'en profiter comme ça sans avoir l'assurance qu'il est bien à moi. C'est triste la vie n'est-ce pas. J'écoutais ce à quoi nous trinquions et j’acquiesçais d'un signe de tête, un grand sourire aux lèvres avant de trinquer doucement. Je trempais les lèvres avant de reposer ma coupe. Je commençais moi aussi à manger doucement... Puis je fus prise de vertiges. Je fronçais les sourcils et je fis comme ci de rien n'était. Je demandais, d'un air taquin « Alors, est-ce que mon beau militaire a trouvé deux, trois filles sympa parmi toutes celles qui lui tournent autour ?! Un mec aussi canon, ça peut pas rester célibataire trop longtemps je suppose.... ». C'est vrai, c'était bizarre que depuis son retour, il n'ait trouvé personne. Tant mieux parce que comme ça, on pouvait se voir mais quand même... A peine avais-je terminé ma phrase, que je fus prise de vertiges. Je fronçais les sourcils et fit comme ci de rien n'était, en attendant sa réponse, je continuais de picorer doucement ma part de pizza...
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Qu'elles sont connes celles qui fuient en apprenant qu'il est militaire. Bon, j'aurais du envoyer chier mon copain le jour où il m'avait annoncé qu'il allait s'engager dans l'armée, histoire d'éviter de souffrir mais bon, je n'allais pas cracher sur tous les militaires parce que j'étais tombée sur un con. Enfin bref. « Ah oui, je vois... Personnellement, je refuse de passer à côté d'un homme génial juste parce qu'il est militaire... », lançais-je en lui faisant un clin d'oeil. En parlant de son ex petite amie, je vis un sourire triste s'afficher sur son visage. Je fis une petite moue réprobatrice, refusant de le voir ainsi. Je me rappelais vaguement de leur histoire, mais il fallait qu'il aille la voir... Je répondais en haussant les épaules « Sérieux ? Ce serait dommage que tu n'ailles pas la voir. Tu aurais des regrets en plus... Autant aller la voir, tu n'as rien a perdre. ». Ouais ça me foutrait les boules qu'il ne soit plus libre, mais quand même, c'était sa petite amie qu'il avait quitté pour l'armée. C'est triste et peut-être qu'une belle histoire les attendaient et tout... Alors voilà. Comme je me sentais mal et que j'avais la bouche sèche, je buvais un peu de champagne. Je n'avais pas pensé à demander un verre d'eau sur le coup, parce que j'étais trop mal. Je n'avais qu'une envie, m'allonger. Ca va pas me faire ça tout le temps, si ? Help. Alex vint s'accroupir à mes côtés après avoir réalisé que je n'étais pas bien. Je répondais un peu n'importe comment, d'une petite voix « Ou... Fin non... Euh, je veux bien... ». Alex me tenait doucement pour m'emmener sur le canapé. Une fois bien calée, je soufflais doucement en fermant les yeux. Après deux looongues minutes sans rien dire, j'ouvrais les yeux de nouveau, et je vis Alex à côté de moi, inquiet. Je me redressais doucement, je lui pris la main et je lâchais, d'un coup, sans prendre de gants et sans faire de manières « T'en fais pas, c'est rien Alex. Tout ça c'est normal, parce que je suis enceinte ! ». J'avais envie de sautiller en criant "OUUUUF C'EST DIIT", mais en réalisant que je venais de lui dire ça comme ci je lui disais que j'avais acheté du pain ce matin, ma joie se dissipait. Je me mordillais la lèvre en attendant sa réaction...