la naissance ∆ Je m'appelle Noralynn-Blue, je suis née en certain vingt-trois juillet à San Diego et le moins que l'on puisse dire c'est que je n'ai pas vécu une enfance des simples. Tout d'abord, je vais vous parler de mes parents. Ils se sont rencontrés dans un bar, une soirée bien arrosée pour ma mère, Emily, et, comme toujours, elle termina dans le même lit qu'un parfait inconnu, une relation d'un soir. Ils n'étaient pas amoureux, ils n'étaient rien l'un pour l'autre et d'ailleurs, ma mère fut incapable de mettre un nom sur ce visage qui lui était si flou. Jamais ils ne se sont revus. Ma mère continua sa petite vie de serveuse en fast-food, droguée à ses heures perdues et cela même après avoir appris qu'elle était enceinte. Elle accepta sa grossesse à sept mois seulement et malgré les recommandations des médecins, elle continua son mode de vie pitoyable, essayant tant bien que mal de s'en sortir. En pleine après-midi d'été, je fis mon apparition, c'est limite si maman m'adressa un regard, elle avait trop souffert par ma faute et cela, elle ne cessa de me le répéter tout au long de ma jeunesse. Comment je prenais les choses ? Je les encaissais, je prenais sur moi et cela me rendit beaucoup plus forte et courageuse. J'appris à grandir rapidement, seule, indépendante.
l'enfance ∆ La relation que j'entretenais avec ma mère était des plus bizarres. Elle avait l'habitude de se comportait en "copine" plutôt qu'en maman et, je ne me suis jamais plaint pour autant. Pourquoi ? Parce que j'avais l'indépendance que toutes les jeunes filles de mon âge rêvait d'avoir, parce que je pouvais lui parler de tout et de rien. Le seul inconvénient était qu'elle n'était que très peu présente dans ce taudis que l'on considérait comme notre appartement. Ma mère, c'était ma meilleure amie, elle n'était pas présente pour moi mais, elle l'était quand il fallait venir me chercher au commissariat après avoir fait une connerie, elle était là quand j'avais besoin de lui parler de garçons ou même du fait que je veuille arrêter les cours. Elle était là quand j'avais le plus besoin d'elle, le reste du temps, je me débrouillais seule.
« M’man, j’ai une question super importante à te poser ! » Je voyais qu'elle était en plein stress, essayant de "ranger" l'appartement en balançant tout ce qui trainait dans les placards, cela me fit bien rire je dois l'avouer.
« Fais vite Nora, y a Anthonio qui va arriver… » M'avoua-t-elle en courant partout. Anthonio était le petit ami de la semaine de maman, je savais que cela n'allait pas durer mais, je le trouvais assez gentil et donc, je donnais un coup de main à ma mère pour ranger -réellement de mon côté-.
« C’est qui mon père ? » Demandais-je avec beaucoup de sérieux tout en empoignant les livres qui se trouvaient sur la table. Emily, sous le choc face à cette question que je n'avais jamais osé poser, laissa la vase en verre heurter le sol de l'appartement. Un bruit sourd me fit sursauter, je la suivis des yeux quand elle prit son manteau sous le bras tout en prononçant ses derniers mots avant de franchir la porte d'entrée ou plutôt, de sortie !
« Je dois partir, on se voit plus tard. » Mon père était un sujet tabou. Je ne savais rien de lui, ni son nom, ni où il vivait. Je ne savais pas si ma mère lui avait appris mon existence, s'il avait envie de me connaitre. Je ne savais rien et au fond de moi, c'était un manque constant. Si je faisais tout cela, c'était pour attirait son attention, pour qu'il comprenne que j'existais, que j'étais là et que j'avais besoin d'un père.
l'adolescence ∆ Je grandis plus vite que les adolescents de mon âge. C'est vrai, je n'étais peut-être pas mûre, je faisais beaucoup de conneries, je vivais au jour le jour sans me préoccuper du futur, je ne savais que faire de ma vie, je me foutais de ce que les autres pouvaient penser de moi, je faisais ce que je voulais, quand je voulais, avec qui je voulais, j'étais libre et ça, c'était le top.
« Je veux cette voiture ! » Dans une petite rue de San Diego en retrait des autres, je me tenais à côté de mon meilleur ami, de mon petit ami, de mon frère, de celui qui était tout pour moi, mon seul véritable ami, le seul à qui je tenais. Je lui fis un signe de la tête en direction de la voiture en question, le sourire aux lèvres à l'idée qu'elle pouvait être à moi d'un instant à l'autre.
« Bah vas te la chercher toute seule ! » Fini par me dire Matthéo les bras croisés appuyé contre le mur. Je fronçais donc les sourcils en tournant le regard vers lui. Jamais il ne m'avait fait ce coup là, jamais il n'avait manqué à l'appel lorsqu'il s'agissait de vols. Ma mère était serveuse, son père garagiste, l'argent ne coulait pas à flot dans nos familles respectives et le moins que l'on puisse dire c'est qu'on vivait de part l'adrénaline que nos conneries nous procuraient.
« Hey t’es pas marrant toi aujourd’hui, qu’est-ce qui t’arrives ? » Matt bossait au garage de son père, je leur donnais un coup de main après les cours mais hormis l'argent que son père nous donnait, nous n'avions rien. C'est pour cela que nous avions décidé de nous faire notre propre fric en participant à des courses de voitures, on les trafiquait, les améliorait et on gagnait très souvent. J'adorais faire cela, c'était le piment qui faisait de notre vie quelque chose d'excitant.
« Je me suis fait choper ce matin à cause de tes boucles d’oreilles hors de prix… Bon t’y vas ? » Je rigolais en lui présentant mes magnifiques boucles d'oreilles avant de lever les yeux au ciel.
« Roh c’était qu’un stupide vol, tu vas pas en faire toute une histoire. Cours je te récupère au 5e arrondissement. » Avouais-je en lui tournant le dos, marchant jusqu'à la voiture au question que je fracturais en moins en deux. Une vraie professionnelle, une professionnelle de la casse oui ! C'était mon passe temps favoris, celui que je partageais avec mon meilleur ami Matthéo et bien que l'on se dispute de temps à autre, cela ne dure jamais bien longtemps.
le présent ∆ Plus le temps passait et plus les conneries empiraient mais malgré cela, je ne quittais pas l'école pour autant. Derrière mes grands airs de peace and love, derrière le fait je passais ma vie en soirée, à voler, à faire des vraies conneries, je bossais aussi fou que cela puisse paraitre. Je travaillais à l'université si bien que je réussis à devenir rédactrice de mode dans une grande agence. On aurait pu croire que cela allait me calmer mais non, j'avais toujours besoin de ce divertissement, j'avais toujours besoin de mon meilleur ami et de ces coups de folie. Je devais rembourser les dettes que ma mère avaient depuis plusieurs années, je devais payer son loyer puisqu'elle n'arrivait à s'en sortir seule et en plus de cela, me faire vivre et payer le mien également. Ce n'était pas facile tous les jours mais je m'en sortais, je ne me plaignais pas, j'étais forte.
« Mademoiselle Johnson ! » Cria mon assistante qui me suivait alors que je marchais tête haute dans les couloirs de l'agence sans lui prêter la moindre attention.
« Lou-Ann, le café crème sans sucre, les manteaux dans la penderie gauche et il faut que tu ramènes la nouvelle collection de chaussures dans moins d’une heure, je dois vérifier deux ou trois trucs avant qu’on la présente. Compris ? » Je savais que je lui en demandais beaucoup mais, elle était nouvelle et si elle s'habituait pas à ce mode de travail maintenant, elle allait virer dans moins d'une semaine je le savais pertinemment. C'était comme cela que ça fonctionnait ici, il n'y avait pas d'exception.
« Mais mademoiselle… » Je la coupais net d'un geste de la main continuant mon chemin. Elle s'arrêta de marcher brusquement alors qu'un sourire fier vint à illuminer mon visage. Tout à coup, une seconde voix se fit entendre.
« Quelle garce ! » Il était brun aux yeux clairs, un vrai petit ange mon styliste ! Je me mis à rire suite à un magnifique sourire tout en prenant son bras, je ne pus m'empêcher de faire une remarque à mon tour :
« Ne sois pas jaloux mon chou toi aussi t’auras ton moment de gloire un jour ou l’autre. » Et oui, il m'arrivait de temps à autre d'avoir des amis. Après tout, j'étais complètement folle, je n'en faisais qu'à ma tête, j'agissais sans réfléchir, j'étais sociable, souriante et c'est ce qui plaisait le plus. Malgré cela, j'étais très secrète, mystérieuse et alors que ça attirait certaines attentions, d'autres prenaient mon côté froid d'un mauvais oeil.
une sœur pour toujours ∆ J'avais une vie parfaite. C'est vrai, je n'avais pas l'amour d'une mère, je n'avais pas du fric à gogo mais après ? J'étais heureuse, j'avais un travail, des amis formidables et une soeur parfaite. Oui, une soeur ! Une grande soeur, Ruby. C'est dingue, moi qui avait toujours cru que j'étais fille unique, que je n'avais d'autre famille qu'une mère dont je devais m'occuper, je m'étais plantée sur toute la ligne. Elle ne venait pas du même monde mais je n'eus aucun mal à l'accepter. C'était la fille de ma mère, celle qu'elle avait en quelque sorte abandonnée et un an après sa naissance, je fis mon apparition. Je ne sais pas comment ma mère a réussi à cacher sa grossesse à son mari à ce moment, c'était un tout autre sujet tabou et après tout, cela ne me regardait pas. Avec Ruby, je m'entendais très bien, je n'avais pas besoin de paraitre parfaite, pas besoin de jouer un double jeu. J'étais moi-même et de même de son côté.
« Hey la grande sœur ! Alors comment tu vas aujourd’hui ? » Demandais-je plus enthousiasme alors que j'entrais dans l'appartement. A oui parce que je ne vous ai pas dit ? J'habite avec ma grande soeur depuis quelques temps, je dirais six mois. J'avais besoin d'un toit et je dois dire que c'était la meilleure personne pour cohabiter. Il nous arrivait que très rarement de nous engueuler, on était différente et pourtant, on se ressemblait sur plusieurs points. C'était à la fois bizarre et marrant puisque peu de monde arrivait à nous comprendre. J'adorais cette relation.
« Bah écoutes, bien et toi ? Dis-moi que t’es libre ce soir ! » Une soirée de libre ? Jamais ! Quand ce n'était pas les amis, les vols, le boulot, c'était la soeur. Je n'avais pas de répit, c'est ça qui était bon, profiter tout le temps. Quand j'étais avec Ruby, je faisais beaucoup de conneries -comme d'habitude- mais je dois dire qu'avec elle, c'était le pompom ! Oui, à chaque fois, on se retrouvait dans des situations des plus chiantes et il nous fallait pas mal de temps pour réparer nos erreurs. Malgré cela, on continuait encore et encore jusqu'à ce qu'on en puisse plus !
« Je suis toujours libre pour toi tu sais ! » Affirmais-je en souriant tout excitée à l'idée qu'on allait passer du temps ensemble. C'était une femme parfait même si quelque fois elle me tapait sur le système, surtout quand elle voulait m'aider financièrement je dois dire ! Je tiens énormément à mon indépendance !