☼ ALORS COMME ÇA C'EST TOI LA FILLE QUI RATE TOUT CE QU'ELLE FAIT ? Hey Willow, t'es bonne tu sais ? Avançant tranquillement avec ses amies dans les couloirs de leur lycée, la fameuse Willow se retourna sur les propos du jeune homme, et le gratifia d'un beau majeur. Ce qu'ils pouvaient l'agacer tous ces garçons, qui se mettaient à glousser et à checker entre potes parce qu'ils n'avaient rien de mieux à faire. Oui Willow avait une réputation de fille facile, oui elle était "bonne", mais Dieu qu'elle en avait assez. Âgée de dix-sept ans, elle aspirait à une autre vie, différente de tout ce qu'elle avait pu connaître auparavant. Après tout, elle était née avec rien pour seul bagage. Son père avait quitté sa mère alors qu'elle était encore enceinte, et cette dernière n'était pas plus dégourdie dans la vie qu'une mère adolescente. À dix-huit ans, on rêve de découvrir le monde, de grands espaces, d'aventure, et sûrement pas d'enfant sur les bras. Mais ne pouvant se résoudre à avorter, c'est ainsi que Willow vit le jour, dans une clinique de Los Angeles. Elle aurait pu être adoptée dès la naissance, mais sa mère ne trouva pas la force de l'abandonner dès qu'on la déposa dans ses bras. Une forte connexion s'était tissée entre les deux femmes, et malgré les années qui passaient, elles continuaient à être sur la même longueur d'onde. Parce qu'une mère est irremplaçable, et parce que la sienne avait fait tellement de sacrifices pour elle. (...) Mademoiselle Hitt est demandée dans le bureau du proviseur ! Willow se retourna de suite vers le garçon de tout à l'heure, pensant qu'il était encore à l'origine de ses problèmes, avant de se raviser : il n'était pas assez intelligent pour ça. Souriant timidement à ses amies, la jeune fille se rendit donc au lieu prévu, comptant ses pas tout du long. Tout le monde au lycée savait qu'être convoqué n'était pas synonyme de bonne nouvelle. C'est donc le souffle coupé qu'elle cogna à la porte, et qu'elle pénétra dans le bureau. Et c'est en pleurs et en courant qu'elle en ressortit. Elle n'entendant plus rien autour d'elle, si ce n'était un bruit sourd, de plus en plus perçant, de plus en plus lourd. Son sang était brutalement chassé dans ses tempes, et elle se sentit défaillir près d'un arbre aux alentours du parking. Là, elle se laissa tomber le long du tronc, en étouffant des cris de douleur. Sa main droite empêchant sa bouche de crier, elle sentit les larmes embuer sa vision, et elle resta là, assise, complètement détruite. (...) On venait de lui annoncer la mort de sa mère, dans un accident de voiture : elle était morte sur le coup. Et elle laissait Willow seule, avec elle-même. (...) Au loin, ses camarades l'observaient, et se disaient que cette fille aux mille déboires venait probablement d'en connaitre un énième : ils ne croyaient pas si bien dire.

☼ ALORS COMME ÇA C'EST TOI LA FILLE QUI A EU DROIT À UNE SECONDE CHANCE ? Merde Willow, tout ce fric, rien qu'pour toi ? Et ouais, il fallait croire qu'il y avait une justice sur cette Terre. Après avoir connu le pire, il semblerait que Willow se mette à apprécier la vie. Après la mort de sa mère, elle avait été adoptée, ou du moins avait eu la tutelle d'un couple de vieux Anglais vivant à San Diego. Je dois vous dire que la jeune fille n'était pas vraiment partante au départ, à dire adieu à tout ce qu'elle connaissait, à tout ce qu'elle aimait, à tout ce qu'elle détestait. Déménager signifiait une nouvelle vie, un tout nouveau. Et il fallait être prêt pour ça, chose que Willow ne sentait pas vraiment. Et pourtant, maintenant qu'elle se trouvait ici, elle ne regrettait plus rien. C'était le nouveau départ dont elle avait besoin. C'était cette bouffée d'oxygène qu'il lui manquait tant. À présent, elle tentait de récupérer ces années, d'en profiter un maximum. Et pour cause, elle avait réalisé son rêve de petite fille : elle était devenue hôtesse de l'air après ses études. Un an de voyage, qu'elle n'oubliera jamais. Elle aura vu bon nombre de pays, rencontré énormément de gens, mais à présent, elle s'est tournée vers une autre de ses passions : les arts. Elle est étudiante en deuxième année en arts appliqués, et dessine comme elle respire. Mais bien entendu, ces études ont un prix, que ses parents adoptifs se font un plaisir de payer, mais pour sa propre fierté, la demoiselle souhaite subvenir seule à ses besoins. Alors elle travaille dans une boulangerie/pâtisserie, et vit parmi les gâteaux et les pains; que demander de plus ? Bien entendu, elle continue de vivre sa vie, d'en profiter autant qu'elle le peut, en sortant, et en faisant des conneries, ce genre de choses ne nous quitte jamais vraiment. Alors quand son heure arrivera, et quand on lui demandera ce qu'elle a fait de sa vie, elle sera fière de répondre qu'elle en a trimé, qu'elle en a gâché des moments, mais qu'avant tout, elle aura vécu.