•• Alors, je me lance. Tourner autour du pot cent mille ans n'a jamais été dans mes habitudes, et c'est pas aujourd'hui que cela va commencer. Je quête la réaction sur son visage. Et je sais de suite que j'ai visé juste. C'est elle. Juliette. Juliette Rousseau. À Paris, j'en connaissais deux. Beaumont et Rousseau. L'une est devenue June, l'autre est toujours Juliette. Je remarque qu'elle est troublée. Voire émue. « En effet, c'est moi. » Je fais une pause, l'observant. Elle a changé, énormément. Mais au fond, je peux la reconnaître. J'aurais pu, si j'imaginais plus souvent que des connaissances françaises venaient jusqu'ici. « Je ne savais pas que tu dansais. » C'est la vérité. Autant pour June, je le savais, comme c'est elle qui m'a un peu initié. Mais avec Juliette, on était amis, mais jamais on n'avait dansé ensemble. En même temps, j'ai réellement commencé à danser dans la rue après mon départ. Je lui offre un grand sourire, et moi, je ne cherche pas à résister : je la prends dans mes bras en la serrant. Cela me fait bizarre, car on se cherche depuis plusieurs fois, jouant avec provocation et séduction, et là... je sais qui elle est. Je la relâche alors avec un rire enfantin. « Laisse-tomber tu peux pas comprendre. »

∞ Emue, oh ca oui, tu l’es, et pas qu’un peu. Mais tu n'as pas envie de le montrer, alors tu tentes désespérément de le cacher, comme plutôt quand tu faisais mine que son regard si intense ne te faisait rien. Le revoir ici, ce n’est peut-être pas grand-chose, mais ça te fait énormément plaisir. « T’as changé. T’as beaucoup changé. » tu l’observes avec attention, cherchant des détails qui te font penser au petit garçon que tu côtoyais. Et quand tu y regardes bien, tu le revois. « Moi non je savais pas que tu dansais ! Personnellement, ça fait longtemps, t’étais encore à Paris quand j’ai commencé, je m’incrustais au cours de classique de mon école. » Oui, tu t’incrustais, parce que tu n’avais pas les moyens de pouvoir te payer des cours. ۫« T’as commencé quand ? T’es incroyable Roméo, vraiment. » dis-tu, encore éblouie par ce moment que vous venez de partager. Il t’offre un grand sourire, et te serres dans ses bras. Ce qui peut paraître étrange, vu le petit jeu auquel vous vous prêtiez depuis quelques temps. Mais tu ne résistes pas, et te laisses aller contre lui, avec un soupir. Il sent bon, c’est pas possible Quand il te lâche, tu prends sa main, comme pour ne pas qu’il s’en aille, pour garder le contact. « Je vais pas t’appeler Castiel, rêve pas » Le taquines-tu en souriant. « J’aurais jamais cru te retrouver ; encore moins ici. »

•• Mais c'est plutôt facile à deviner, je vois bien qu'elle est émue. Troublée. Déstabilisée. Changé ? Pourtant, il ne me semble pas. Mais en même temps, sur soi, on s'en aperçoit sans doute très peu. Je l'observe toujours, esquissant simplement un fin sourire. « Moi aussi je dansais déjà. Mais si tu dansais en école, je risquais pas de le savoir, mes parents refusaient de m'inscrire quelque part. C'est l'autre Juliette qui m'a donné goût à la danse de rue. » Elle me fait un beau compliment, et je lui souris, touché. On peut me dire que je suis bien foutu, que j'ai une gueule d'ange, ou de beaux yeux, ça ne me touchera jamais autant que quand on me dit que je danse bien. C'est un peu mon but dans la vie. Danser, toujours mieux. J'hume son odeur, son parfum. Elle m'attire toujours autant, je ne peux pas le nier c'est certain. Mais je me retiens. Je lui dois bien, non ? Je la relâche et elle attrape ma main. Je décide de la laisser faire. « Fais comme tu veux. » je lui assure simplement en haussant les épaules. « Moi non plus. Pourquoi es-tu venue à San Diego ? »

∞ Tu n'arrives pas à bien cacher ton émotion, mais au pire, tu t'en fiches, c'est Roméo, un vieil ami. Très attirant, et pour qui tu commences à craquer, mais un vieil ami quand même « Les miens n'ont jamais su que je faisais des cours. Ils m'auraient... ils n'auraient pas apprécié. » Quand ton père l'a su, l'a vu, il n'a absolument pas apprécié, et c'est vite parti en vrille. « Juliette m'a poussé à continuer, et à me présenter à une audition pour danser. » souris-tu. Comme quoi, c'est grâce à Juliette que tout les deux vous en êtes là. Tu vois qu'il est touché, et tu peux comprendre, toi c'est pareil. On peut te dire que tu es magnifique ça te touchera toujours moins que quand on dit que tu danses bien. Tu te mets à caresser sa main, sans t'en rendre compte, du bout des doigts. Tu es de plus en plus attirée par lui, et tu ne peux détacher ton regard de ses yeux. « Je comptais bien! » Tu baisses les yeux. Pourquoi San Diego. « C'était la destination la plus loin de Paris, et la moins chère. J'en pouvais plus de ma vie à la maison, et directement après que j'ai eu fini, je me suis barrée. » Tu ne lui avais pas vraiment parlé de tes problèmes familiaux, mais plus d'une personne avait remarqué les bleus qui courraient sur ton corps.

•• J'hoche la tête. Elle l'a donc caché à ses parents. J'aurais pu faire pareil, peut-être. Mais on a déménagé peu après alors de toute façon, pour le peu de temps que cela aurait duré, ça n'aurait servi à presque rien. « Juliette, la bonne fée. » Je me mets à rire. Il est vrai que moi, je lui dois beaucoup. Elle aussi apparemment, à croire qu'elle avait contaminé tout le monde autour d'elle. Je frémis un peu. Elle s'est mise à caresser ma main et je baisse les yeux vers nos mains liées, les regardant comme si je les voyais pour la première fois. Hum & bien, jointes oui c'est peut-être bien la première fois. Moi, j'ai pas souvent regardé si elle avait des bleus ou pas. J'avais onze ou douze ans, j'étais plus occupé à m'amuser qu'à garantir à mes connaissances une belle vie. Sur le coup, je me sens un peu coupable et ne réponds alors rien. « Donc ça fait pas longtemps que tu es là ? » je lui demande, car il est vrai qu'avant notre petit jeu, jamais on ne s'était croisés. Mais bon, c'est une grande ville aussi. Je la fixe en souriant, naturel.

∞ Tu mêles ton rire au sien. Une bonne fée, ça c'est sur! Tu as réussi à partir de Paris grace à elle, et c'est elle qui t'as permis de démissionner de ton boulot horrible de serveuse. Les bars remplis de petits vieux totalement pervers, c'était pas ton truc. Et ça ne le sera jamais. Maintenant grâce à Super Juju, t'es professeur de danse « Ouai, je vais l'appeler comme ça maintenant » Tu continues à caresser sa main, puis tu te rends compte de ce que tu fais quand tu vois son regard qui descend. Tu te stoppes. « Oups; désolée. » Tes joues rosissent un peu, mais tu souris, gardant ta main dans la sienne. Après tout quelques minutes auparavant, vous vous cherchiez, pourquoi d'un coup, parce que c'était lui, il faudrait arrêter? Tu vois avec soulagement, qu'il a oublié, ou qu'il n'avait pas remarqué. Tu n'avais pas envie de commencer à parler de ton père qui te rouait de coups dés que l'envie lui passait. « Trois ans enfaite. Je suis partie à 17 ans. » Vous ne vous êtes pas beaucoup croisé avant, mais avec tes horaires de dingue pour réussir à gagner un peu d'argent, c'était pas facile de sortir beaucoup.

•• On rit ensemble, comme avant, comme quand on était gosses et que rien ne comptait d'autre que le fait de s'amuser. Ah, le bon vieux temps. Quand on m'appelait encore Roméo, même si ça, c'est bel & bien volontaire de ma part ! Je rigole encore un peu en secouant la tête, puis remarque donc qu'elle me caresse la main. Elle cesse de suite. Dommage, j'aimais bien. Je remonte alors mon regard chocolat vers les siens, très bleus. « T'excuse pas pour rien voyons. » Ben c'est vrai quoi, elle s'excuse parce qu'elle me caressait la main ? J'vois aucune raison de le faire moi, vu que bon, on se cherche depuis plusieurs semaines déjà. Trois ans bordelou et jamais on ne s'est vraiment reconnus quoi. Désespérant dans notre genre. « Moi depuis cinq ans déjà, je suis arrivé ici à mes quinze ans. » Déjà cinq ans, ça me semble à la fois peu et énorme. Je laisse mes doigts courir sur son bras, le lui caressant distraitement sans détacher mon regard du sien. « J'suis content de te retrouver. » Toujours la même sincérité. Autant dans mes mots que dans mes yeux. Et ça, c'est pas prêt de changer !

∞ Rire avec lui te fais du bien, tu te sens heureuse, joyeuse, comme si tout allait bien. Tu n’en reviens pas, et tu as l’impression de faire un bon des années en arrière, quand vous étiez encore que des enfants, deux simples amis qui trainaient dans les rues de Paris. Tu cesses directement de lui caresser la main quand tu te rends compte de ce que tu fais. Et quand il te dit de ne pas t’excuser, un sourire espiègle relève tes lèvres, et tu te remets à caresser sa main, faisant de petits cercles, du bout des doigts. Cinq ans, cinq ans qu’il est ici, à San Diego. ❝ C’est dingue quand même, qu’on se soit jamais reconnu, ou rencontré avant. ❞ Tu rives ses yeux dans les siens, maintenant que tu sais que c’est lui, tu te demandes comment tu as fait pour ne pas le reconnaître. Ses traits n’ont pas vraiment changé, ils sont juste devenu plus ‘homme’ que petit garçon. Ses doigts glissent sur ton bras, et tu frémis légèrement, gardant son regard plongé dans le sien. ❝ Et moi donc, si tu savais. ❞ Tu t’approches de lui, et te serres contre son torse.

•• Il me semble à moi aussi avoir fait un bon dans le temps. Je retrouve la Juliette que j'ai connu. De nombreux souvenirs remontent à mon esprit, mais je les repousse, me concentrant sur celle qu'elle est devant moi plutôt que de m'accrocher à celle que j'ai connu il y a de ça huit ou neuf ans. Elle se remet à caresser ma main et je souris un peu, presque imperceptiblement. J'hoche la tête, pensif. « Oui c'est vrai. Mais bon, la ville est immense, c'est pas si difficile que ça quand on y pense. » Je détourne mon regard noisette un instant pour observer la salle. Je prends une gorgée de mon verre avant de reporter mon attention sur elle, caressant doucement son bras. Cette même envie me reprend. Une envie qui devient de plus en plus difficile à contenir, surtout lorsqu'elle se colle contre mon torse ainsi. Je la fixe toujours et écarte quelques cheveux de son visage. Ma seule hésitation existe parce que c'est une amie d'enfance. Sinon, j'aurais déjà cédé depuis plusieurs minutes. Je caresse ensuite sa joue, puis ses lèvres, sans détacher mon regard du sien, sans un mot.

∞ Tu sembles apercevoir un sourire quand tu reprends tes caresses, mais tu n'es pas sure, qu'importe de toutes façons ? « Mais comment j'ai pu ne pas te reconnaître? Tu as les mêmes yeux, et tu n'as pas tant changé que ça, t'es juste devenu un homme quoi. » Un très bel homme, d'ailleurs. Tu prends une gorgée de ton verre en même temps que lui, toujours en le regardant. Sous une envie soudain, tu te colles à lui, entourant sa taille de tes bras, sentant son parfum. Tu relèves la tête vers lui, et plonges tes yeux bleus dans les siens, l'envie de poser tes lèvres sur les siennes te tiraille, alors qu'il écarte quelques mèches qui te tombent sur le visage, à travers les yeux. Sa main caresse ensuite ta joue, puis tes lèvres. Tu comprends pourquoi il hésite, tu hésites aussi, pour probablement, les mêmes raisons. C'est Roméo, ton ami d'enfance. Tu continues de le fixer dans les yeux, pesant le pour et le contre. Finalement, tu poses délicatement tes lèvres sur les siennes, quelques secondes seulement, mais rien que ça suffit à te donner envie de plus.

•• Je la regarde. Tantôt ses yeux, tantôt son sourire. C'est la même, et j'ai l'impression d'entendre mes pensées lorsqu'elle me parle. Car je pense exactement la même chose – même si elle, elle est devenue une femme & pas un homme, sinon on aurait du soucis à se faire. « C'est pareil pour toi, j'aurais pu te reconnaître en fait. Mais je m'y attendais pas, ça fait longtemps quand même. » Je suis partie à l'âge de douze ans. J'en ai vingt. Donc après un rapide calcul, il me semble que ça fait huit ans. :omg: Notre proximité est troublante. J'hésite un peu à l'idée de céder, mais au fond, qu'on se connaisse d'avant ne change rien, non ? Notre relation aurait sans doute changé même sans ça, rien que parce qu'on a grandit. J'écarte les cheveux de son visage et elle se rapproche. Encore. Je sens son souffle sur moi et ça me fait frémir. Et puis finalement, c'est elle qui franchit la limite et qui pose ses lèvres sur les miennes. Je les découvre alors pour la première fois. Elles sont douces. Sucrées. Enivrantes. Plus, il m'en faut plus. Je pose ma main dans sa nuque, lui rendant son baiser pendant quelques secondes avant de rapidement mêler ma langue à la sienne. Mon autre main s'est posée sur sa taille par laquelle je l'attire vers moi plus encore. J'ai l'impression de faire quelque chose d'interdit. J'me suis toujours interdit de céder avec elle et voilà que je goûte enfin au fruit inaccessible jusqu'alors.

∞ « Très longtemps, trop d’ailleurs » Tu lui fais un grand sourire avant d’ajouter, rien que pour t’amuser, et continuer un peu votre petit jeu. « T’es vraiment devenu canon je dois avouer. Heureusement que je t’ai retrouvé » Tes yeux se détournent de lui, et se posent sur les gens qui se trémoussent sur la piste, oui, eux on ne peut pas appeler ça danser ce qu’ils font, pas vraiment en tout cas. Puis tu reposes ton regard sur lui, il est proche, et tu te rapproches encore, l’hésitation vous empêche quelques instants de poursuivre, de franchir cette barrière invisible derrière laquelle vous êtes encore. Pourtant, tu veux la franchir, et lui aussi. Qui il est ne change rien, il te connait juste depuis plus longtemps que s’il avait été un inconnu, après cette pensée, et en te rendant compte à quel point tu voulais gouter à ses lèvres, tu l’embrasses, doucement. Mais tu veux plus, tu aimes trop A première vue, lui aussi, parce qu’il prolonge, avant de mêler sa langue à la danse. D’une main tu caresses sa joue, et il t’attire à lui, une de tes mains se faufile sous son t-shirt, caressant sa peau du bout des doigts. Tu découvres ainsi qu’il est musclé, et tu t’imagines son torse trop bavant, avec tablettes de chocolat itout Ton cœur s’emballe, pas parce que tu l’imagines sans t-shirt -oupasque -, mais parce que tu l’embrasses, lui, et que tu en as envie depuis pas mal de temps, et que bon sang il est doué.