Voilà que les pas du jeune homme foulèrent le sol en rythme, il venait tout juste de garer son véhicule de luxe au coin de la rue -rue qu'il connaissait d'ailleurs comme sa poche tant il s'y aventurait. Puis finalement l'immobilité fut de rigueur lorsque le jeune homme s'approcha de cette fameuse villa. Il ne comprenait pas quelle idée avait bien pu lui parvenir pour qu'il vienne jusque là, sans même prévenir son amie auparavant d'un simple message. Le bellâtre se contentait de l'idée qu'il n'en avait pas eu le temps. Puis de toute manière, depuis quand avait-il besoin d'une excuse pour rencontrer Tatiana ? À cette pensée son visage se secoua quelque peu et enfin, il reprit le fil de la réalité. Alors une fois devant les quelques marches du perron qu'il grimpa deux par deux, le visage du jeune homme se retrouva face à la porte de bois blanc. Il prit une profonde inspiration et frappa sans trop insister. Il était urgent qu'il lui parle, il n'avait guerre d'autres solutions à vrai dire. Et puis, si jamais le fameux homme de Tatiana était ici avec elle en ce moment ? Et si.. Si Maïm arrivait au mauvais moment ? Sa bouche quelque peu carmine s'entrouvrit à cette idée tandis qu'instinctivement, il eut un pas de recul. Mais immédiatement il se reprit en main et s'immobilisa en attendant que l'on vienne lui ouvrir. Au pire des scénarios et donc, si ce « Rhett » si bien surnommé était ici, alors Maïm se contenterait de repartir comme un idiot fini. Son faciès adopta une expression bien trop confuse à cette idée tandis que son thorax se souleva un peu sous une profonde inspiration.

Tu traînes encore avec Hutchinson dis-moi ? Agacée, je détournai le regard préférant garder le silence. L'on se voit rarement et il trouve tout de même le temps de me harceler de questions inutiles. Il connait pourtant la réponse d'avance; c'est une évidence. Papa tu devrai peut être rentrer pour te reposer, tu viens tout juste de rentrer. Mon père a beaucoup changé depuis la mort de maman. Il est devenu plus froid, distant surtout avec moi. La guerre avec les Hutchinson empira les choses encore plus. On me faisait pression de partout. On voulait que je choisisse entre ma famille et mon meilleur ami, ma moitié. Absurde. Papa me fit la bise et quitta rapidement la villa content de mettre un terme à cette discussion amère. A peine avait-il fermé la porte de derrière que l'on sonna. Supposant qu'il s'agissait sûrement d'une de mes deux colocataires, je me dirigeais vers la grande porte d'entrée nonchalamment, traînant des pieds. J'étais bien trop épuisée, exaucée après cette discussion pour faire des pas consistants. Un grand sourire se dessina sur mes lèvres quand je te vis immobile, te tenant devant ma porte. Maïm. Je sautai presque dans tes bras enroulant mes bras autour de ton cou. T'es là. Justement, je comptais t'appeler. Tu m'as affreusement manqué. Avec nos rythmes de vie bien trop accélérés, on n'arrivait vraiment plus à se voir tous les deux. Notre enfance me manque, Maïm. L'époque heureuse et sans problèmes, sans prises de têtes me manque terriblement. Mais tu es là maintenant, c'est le plus important.

Le jeune homme patientait silencieusement devant la porte mais ce fameux silence se brisa lorsqu'une personne sortit dans un faible bruit de serrure. Il crut tout aussitôt que cela n'était autre que Tatitana mais voilà qu'il se trompait bel et bien puisque sortait ici son cher père. Les lèvres du brun s'entrouvrirent et il se décala tout aussitôt d'un pas pour laisser place au fameux Monsieur Anderson. Cette guerre qui avait éclaté entre les deux familles rendait Maïm très mal à l'aise. Non pas que cela le déprimait mais disons plutôt que depuis cet incident, il était bien rare qu'il puisse aisément passer du temps avec son amie. Ce qui renforçait encore et encore cette impression d'abandon. Un soupir éreinté lui échappa, très discret cependant mais cela n'échappa pourtant pas à l'oreille de Monsieur Anderson qui descendait tout juste les quelques marches du perron après avoir jeté un regard des plus noir à Maïm. Alors après ce souffle las sorti des lèvres du jeune homme, le père se tourna vers lui et prit la parole de sa voix excédée et froide. « Je ne veux plus jamais te rencontrer ici Maïm, ici ou n'importe où d'ailleurs. Passe le message à tes chers parents puisqu'il en va de même pour eux. » Sur ces quelques mots l'homme relativement âgé s'en alla. Et le brun qui était resté immobile et impassible tout du long, laissa tomber ses épaules en signe de désinvolture. Il n'eut à peine le temps de s'en remettre que déjà Tatiana rouvrit la porte et se jeta sur lui. Alors ses pas le menèrent très légèrement en arrière sous l'assaut, cela avant qu'il ne recouvre tout-à-fait ses esprits. Ses bras virils entourèrent doucement la svelte taille de son amie tandis que son regard céladon observa un instant l'entrée de la demeure par-dessus l'épaule de Tatiana. « Tu m'as beaucoup manqué aussi Tatiana ! Excuse-moi j'osais pas vraiment passé ces derniers temps. D'ailleurs j'avais sûrement raison. » finit-il dans un murmure à peine audible lorsqu'il repensa à la scène précédente.

J'étais tellement heureuse que tu sois là que j'avais complètement oublié mon père. Je n'avais guère envisagé que vous vous seriez croisés devant ma porte. Je grimaçai en imaginant ce qu'il aurait pu te dire, le connaissant. Depuis cette stupide guère de familles, mon père ne cesse de faire tout son possible pour vous détruire, vous les Hutchinson. Pourtant, cela ne lui ressemble guère. Aigri par sa colère et tous ses tourments, il a osé évacuer tout ceci sur vous et sur moi. Il a commencé à se mêler de ma vie privée; voir même à m'interdire de te voir, de t'adresser la parole toi mon meilleur ami. Il sait pourtant ce qui nous lie tous les deux. Il sait pourtant que tu es ma moitié, ma bouteille d'Oxygène, le seul frère que je n'ai jamais eu voir plus. Bref. Je secouai la tête voulant chasser ces pensées. Tu m'as beaucoup manqué aussi Tatiana ! Excuse-moi j'osais pas vraiment passé ces derniers temps. D'ailleurs j'avais sûrement raison. Je m'interrompais surprise suite à sa remarque avant de reculer d'un pas et le regarder les yeux grand ouverts. Je ne comprenais pas. Je croyais pourtant qu'il n'accordait la moindre important à cette guère vraiment stupide. Mais qu'est-ce qui te prends ? Je croyais que tu t'en foutais, tout comme moi. On ne va tout de même pas arrêter de se voir à cause de cette stupidité ? C'est absurde. Vexée ? Oui je le suis. J'étais vexée de voir que tu ne tenais pas tête à tes parents ou au miens. Vexée de conclure que peut être tu ne tenais pas beaucoup à moi ? Je croisai les bras attendant ta réponse avant de murmurer d'un ton las: Entre. Ne restons pas dehors.

Les pas du jeune homme le menèrent presque aussitôt à l'intérieur de la demeure et alors il s'arrêta dans l'entrée, prenant une profonde inspiration. Il avait bien entendu remarqué la surprise qui s'était figée sur le visage de son amie et autant dire que cela le contrariait un peu. Mais il fallait bien qu'elle comprenne un jour ou l'autre le désarroi de Maïm. Ce dernier inspira de nouveau, s'apprêtant à expliquer clairement tout ce qui traversait l'esprit renfrogné du brun. Toutefois au dernier moment, lorsque son regard céladon s'égara sur le visage de son amie, il renonça, secouant légèrement le visage pour sortir de ses pénibles songes. Il s'approcha alors de la blondinette, lentement et une fois en face d'elle, il la prit doucement dans ses bras. « Oublie, j'ai été un peu perturbé de voir ton père, c'est tout. » Puis il redressa son visage face à celui de Tatiana et lui adressa un sourire des plus rassurants. Et finalement il la libéra de son étreinte pour s'aventurer plus amplement dans la demeure. « Depuis le temps qu'on ne s'est pas vu, on devrait avoir bien mieux à se raconter tu ne crois pas ? » La silhouette de Maïm s'éloigna jusque le salon qu'il explora pour l'une des nombreuses fois. Seulement il put à présent remarquer que quelques éléments de décoration avaient été ajoutés, d'autres retirés. Il eut un petit sourire à cette idée avant qu'il ne se tourne de nouveau vers son amie.