•• Elle n'est jamais venue ici. Ou quelques fois, au début quand elle le connaissait à peine. Peut-être quand elle venait de le rencontrer, que c'était encore une simple bonne connaissance. Mais sinon, jamais elle n'est venue sur son lieu de travail. Cela lui semble... "interdit". Elle a toujours veillé à conserver son intimité, comme la sienne propre. Et pour elle... son boulot, c'est son boulot. C'est un coin à part. Mais aujourd'hui, c'est un jour spécial. Aujourd'hui tout pile, cela fait cinq ans qu'ils se connaissent. Ouais Noë elle a un petit calendrier où elle a noté toutes les dates inutiles et futiles mais pourtant très importantes pour elle. Celle-ci en fait parti, forcément. Elle a prévu de l'emmener déjeuner. Pour ça, il faut qu'elle passe le prendre par surprise à son entreprise. Elle ne s'est jamais trop mêlée de tout ça. Elle fait arrêter sa limousine en bas de l'immeuble, remercie son chauffeur & entre alors. Dans le hall, elle croise un visage familier qui rumine et sort d'un seul coup. Elle fronce les sourcils. Elle prend l'ascenseur et monte au dernier étage de l'immeuble de verre surplombant San Diego. D'ici, elle se sent toute petite et grande à la fois. :zupirman: Elle entre alors dans son bureau, tapant doucement à la porte. « Coucou mon chéri, c'est moi.. » Ouais le "mon chéri" est venu tout seul. Elle s'approche doucement, posant ses lèvres sur les siennes tendrement. « C'est ton cousin que j'ai vu quitter l'immeuble comme une furie ? »

•• Elle ne s'est jamais investie dans les affaires de Priam, même lorsqu'ils n'étaient que meilleurs amis. Elle a toujours respecté ça. Elle, encore étudiante, elle se sent parfois inférieure à lui, mais ne lui a jamais dis. Pas important. Elle s'approche alors et est un peu surprise de l'entendre dire ça. Elle comprend qu'il croyait sans doute que c'était encore son cousin. Elle vient néanmoins l'embrasser, amoureusement, caressant sa joue. Elle est un peu surprise par son ton énervé mais souris, comme pour l'apaiser. « J'y connais rien mais... j'pense que tu devrais plus t'intéresser au ressenti de tes employés, 'fin c'est le rôle d'un patron non ? » demande-t-elle d'une petite voix enfantine, caressant toujours sa joue en plongeant dans son regard bleu. « Du genre, chercher à savoir pourquoi il n'était pas content, plutôt que de juste dire que c'est toi le patron, tu vois ? » Elle a un peu peur de se faire jeter, mais tente quand même, car elle a toujours affirmé clairement et sincèrement ce qu'elle pensait.

•• Elle fronce les sourcils au fur & à mesure qu'il lui explique. Ils n'ont pas du tout la même façon de penser. Lui est obsédé par l'argent ; elle, a été élevée par son père pour qu'elle ne le soit justement pas. C'est une grosse différence entre eux, mais bon, ça n'a pas souvent posé problème. Soucieuse de le contredire, elle préfère alors hocher distraitement et docilement la tête. Comme si au fond, depuis le jour où elle l'a vu énervé, elle en avait un peu peur, quelque part. Mais c'est involontaire. Il se sert un autre verre et elle se dirige vers lui, le lui prenant des mains en le reposant sur son bureau derrière-lui. « C'est pas bon ça. » Pour l'empêcher de répliquer, elle l'embrasse brièvement. Elle a un goût amer à la bouche, comme l'écho du baiser qu'Abu lui a volé. Elle détourne le regard, l'air de rien. « Eh bien, j'voulais t'emmener déjeuner. » murmure-t-elle doucement. Mooh, elle est vraiment mimi quand elle s'y met, hein ?

•• Parce qu'ils sont tous les deux conscients que c'est un sujet à problèmes. Même si à ce moment-là, Noëlya n'est pas du tout d'accord avec ses principes, elle ne dit rien, pour éviter tout conflit. Depuis qu'ils en ont – à son goût beaucoup trop – connus, elle veut les éviter. Manque de bol, aujourd'hui, tout semble la rattraper. Elle note son regard baissé après leur baiser. La façon qu'il a de rester indifférent. Elle ne dit rien mais le sens mal. Elle baisse les yeux à son tour, reculant un peu avant de lui annoncer toute contente qu'elle vient par surprise pour l'emmener déjeuner. Elle s'attend à une réponse positive. Touchée. Du moins joyeuse. Mais non. Tu restes interdite, étonnée, puis détournes le regard. « Oh.. eh b-ben.. comme tu veux.. » Peinée, refroidie, elle sent que quelque chose lui échappe. Qu'il sait quelque chose. Elle se mord la lèvre et s'approche de la fenêtre pour observer la vue majestueuse qu'on a d'ici. Déçue, elle garde le silence.

•• Elle n'a aucune idée de ce qu'il se passe dans la tête d'Harper et pas une seule fois elle n'a l'idée qu'il les aurait surpris. Pendant ce baiser. Ce baiser volé, interdit, involontaire. Elle ne l'avait pas voulu, ne se permettrant pas de le tromper quoi. Mais Abu l'avait prise par surprise. Bien sûr, elle préfère ne pas imaginer ce que Priam penserait s'il les avait vu. Elle entend le bruit du verre qui tourne en continue et ne détourne pas le regard de la vue, bien que le bruit de plus en plus rapide l'angoisse peu à peu. Et puis d'un coup, il tombe à terre en s'explosant complètement. Elle sursaute, surprise et se tourne brusquement vers l'accident. En entendant le "aie", elle franchit la distance qui les sépare et le pousse un peu. « Laisse, je vais le faire, t'es tellement énervé que tu vas perdre tous tes doigts si tu continues. » Son ton est bref et un peu sec. Peut-être parce qu'elle n'a aucune idée de son énervement. Sans doute son altercation avec son cousin. Mais dans ce cas-là, il n'a pas à rejeter sa colère contre elle. Elle soupire, et ramasse doucement les bouts de verre en évitant de le regarder. « Y a une balayette quelque part ? »

•• Son ton froid la fait frissonner. Un peu refroidie, elle ne se laisse néanmoins pas influencer ou impressionner et continue de ramasser les plus gros morceaux de verre, sans se couper. Elle ne répond rien, se refusant d'être froide avec lui comme il le fait là avec elle. Elle ne comprend pas, et au fond, ne veux pas comprendre car elle sait que c'est mauvais signe. De nouveau, il lui répond presque sèchement. Elle se mord la lèvre pour ne pas répliquer quelque chose de tout aussi sec ou pour ne pas éclater en sanglots, vous savez bien qu'avec elle, on sait jamais hein. Elle pousse un profond soupir et alors qu'il disparait dans une pièce, elle cherche dans les placards qu'il y a partout, finissant par trouver un vieux balais. Elle ramasse alors les bouts de verre et les jette à la poubelle avec les autres. Elle l'attend là, debout au milieu de la pièce, mais elle sent rapidement qu'elle va se mettre à pleurer si ça continue. On dirait une gamine, elle aimerait bien ne pas pleurer tout le temps comme ça j'vous jure. Comme ça s'éternise, elle se dirige finalement vers la salle de bain, s'appuyant seulement à l'entrée, sans un mot. Mais le silence lui est insupportable, il bourdonne à ses oreilles comme une armée de reproches. Alors elle le brise. « Bon j'm'en vais alors c'est ça ? » Son ton est légèrement distant aussi. Comme pour se protéger. Même si elle tremble un peu et que son regard bleu fuit le sien.

•• Elle n'aime pas du tout ce qu'il est en train de se passer, elle ne le reconnait plus, elle a peur de ce qu'il va se passer. Peut-être va-t-il lui dire qu'il a trouvé mieux qu'elle. Qu'il ne lui fait pas confiance. Qu'il ne veut plus d'elle. Un frisson la prend en pensant à tout ça & elle préfère ne plus y penser. Elle le rejoint dans la salle de bain & lance ça sèchement. Elle ne se sent pas à sa place, il lui fait ressentir comme si elle était de trop (c'est pas français mais j'arrivais pas à le formuler ). Alors, partir serait peut-être la meilleure solution, non ? Elle sait que le quitter là-dessus ne serait pas bien. La prochaine fois qu'ils se verront sinon, ce sera tout aussi tendu. Mais elle n'ose pas lui demander de parler, de lui parler. Mais finalement, alors qu'elle croise son regard dans le miroir, il le fait de lui-même. Elle ne détache pas son regard du sien pendant toute la tirade. La honte lui brûle l'échine, lui rougit les joues. Elle serre les dents et s'approche alors de lui, quand il a finit. « Priam... » Elle tend la main vers sa joue, mais a peur qu'il la rejette. « La différence, entre ce que tu as vu et la vérité est là : je ne suis pas sa petite amie, je suis la tienne. Je.. il m'a proposée d'aller manger, et à la base, c'est un de mes meilleurs amis tu sais, ce repas devait simplement être amical. » Un meilleur ami. Encore. « Il m'a pris au dépourvu, ce baiser n'était pas voulu. Je te l'assure, Harper. Je l'ai repoussé. Il a des sentiments pour moi, c'est pour ça... Et ça j'y peux pas grand chose. » Elle détourne lentement le regard, s'observant elle-même en silence dans le miroir.

•• La voiture. Un hasard, peut-être. Oui, elle a refusé, jusqu'à maintenant, de monter en voiture avec Priam. Elle ne sait pas trop si elle le tient coupable ou pas, de toute façon si ça l'est, ce n'est pas volontaire et consciemment, car Noëlya n'est pas comme ça. Mais il était temps qu'elle passe le cap, et oui il a été passé avec Abu. Elle fronce les sourcils. « Ben... j'allais pas le planter en plein milieu. Harper, le soir où je t'ai embrassé aux dunes, j'avais des sentiments pour toi, et ok t'étais pas en couple, mais c'est pas pour ça que tu m'as plantée pour la soirée. » Elle se mordille doucement la lèvre, souriant néanmoins un peu à se souvenir important et précis. Mais elle lui en est reconnaissante, parce qu'il garde son calme. Et elle apprécie beaucoup. « Je t'ai dis que c'était pas voulu. C'est pas moi qui l'ai embrassé. » Oui, pas comme avec quelqu'un d'autre, n'est-ce pas douce Noë ? Mais ça, ça sera pour une prochaine fois. En entendant sa dernière remarque, elle se retourne vers lui, ne résistant plus à l'envie de caresser doucement sa joue. « Priam... Tu sais, des meilleurs amis j'en ai eu plein, j'en aurais encore, et j'en ai toujours, et parmi ceux-là, c'est toi qui est devenu mon petit ami, personne d'autre. C'est toi que j'aime, il ne deviendra pas mon copain. » essaie-t-elle de le rassurer, d'une voix douce comme si elle parlait à un enfant, toujours aussi sincère dans ses paroles. Car oui, là, elle ne ment pas.

•• Elle ne tient pas compte du fait que sa voix est un peu plus sèche. C'est normal, et elle le sait. Elle ne lui en veut pas. Tant qu'il ne s'énerve pas plus... Ses mots la font frémir. Compte-t-il le frapper ? Un éclat d'angoisse traverse son regard. « Qu'est-ce que tu veux dire... ? » demande-t-elle doucement, d'une voix faible. Et puis soudain, il affirme ça. Qu'elle ressent plus pour lui. Elle fronce les sourcils, le coeur s'accélérant. De peur. Oui, elle a peur. Très peur même... « Dis pas ça, t'en sais rien. » Et elle non plus d'ailleurs. Puis bam, vas-y que je te balance l'argument de Liam dans la tête. Elle soupire et détourne le regard. « Harper, oui, j'aime Liam mais c'est toi que j'ai choisi. Si t'es pas capable de comprendre que ce que ça signifie, alors j'peux rien faire. » Elle soupire de nouveau, attristée. Vexée par ce qu'il insinue, elle tourne la tête de suite vers lui, ancrant son regard dans le sien. « Non, je ne t'aurais rien dis, parce que ça ne signifie rien pour moi, voilà pourquoi. » Elle baisse les yeux, soupirant encore. Cette discussion ne mène à rien, et elle a trop peur de savoir comment elle va se terminer pour l'accélérer. Angoissée, elle tortille nerveusement ses doigts dans sa main.

•• Il ne répond pas. Ça lui fait encore plus peur que s'il avait répondu. Mais non, seul le silence répond à l'interrogation de la blonde. Donc ça veut dire oui. Que c'est bel & bien le frapper. Elle espère qu'il ne le fera pas. Il a ce côté colérique qui lui fait un peu peur, elle doit l'avouer. Une grande différence avec Liam, qu'elle n'a jamais ou très peu souvent, vu énervé ou en colère. De toute façon, ils ne se ressemblent pas du tout – caractériellement parlant, physiquement c'autre chose. Peut-être qu'affirmer comme ça qu'elle aime Liam est maladroit. Mais au moins, elle est franche. Puis c'est pas comme si c'était un secret quoi. Ni pour elle, ni pour Priam, pour personne quoi. Elle détourne le regard en soupirant et croise les bras sur sa poitrine. « Non, Harper. Si je t'en avais parlé, tu vas me dire que tu ne te serais pas énervé peut-être ? » demande-t-elle calmement, bien qu'elle connaisse déjà la réponse. Elle soupire et le regarde dans le miroir, comme si elle avait peur d'affronter son regard directement. « Et cette discussion rime à quoi là ? Si tu me fais pas confiance Priam, on n'ira nulle part. » C'est dur à dire. C'est dur à entendre. Mais c'est la vérité.

•• Elle a peur. Oui, elle a peur. Peur d'elle, de lui, d'eux-mêmes, ensembles. Peur d'avoir fait une connerie qu'Harper ne lui pardonnerait pas. Mais ses paroles la révoltent. Elle fronce les sourcils et ses dents se serrent tandis qu'elle rive sur lui son regard bleuté. « Et tu sais quoi, Harper ? La Ocëaniaa que tu connais s'est peut-être enfuie à cause des récents évènements. » Des épreuves vécues, pour être exacte. Sentant les larmes lui monter aux yeux, elle détourne le regard. Il veut qu'elle soit franche ? Très bien. En quelques secondes, elle a reconstitué le masque qu'elle porte depuis l'accident. Depuis ... depuis tout ça. Depuis que sa vie a déraillé. « Tu veux que je sois franche ? Très bien. J'ai embrassé Liam aussi. » Trop franche, peut-être ? Tant pis, au moins c'est dis. Elle a peur, l'instant d'après. Et si c'était sur elle qu'il levait la main à présent ? Elle réprime un léger frisson. Elle craint le pire. Il va la plaquer, c'est sûr. Les mots suivants d'Harper la révulsent. Elle se bouche les oreilles, comme une enfant, fermant les yeux aussi. Son souffle s'est accéléré. Mais elle rouvre les yeux brusquement pour les river sur lui. Des yeux plein de larmes. « Si, tu doutes de moi, sinon tu n'me dirais pas ça ! J'y peux rien, moi. Oui, je suis faible. Vas pas me dire que tu le savais pas avant de te mettre avec moi Priam, tu sais très bien comme je suis. Depuis longtemps. Je... j'ai pas envie d'être faible comme ça, mais j'y peux rien. J'blâme pas quelqu'un qui est têtu ou qui est jaloux ou je ne sais quoi, si ? Alors, pardonne-moi d'être faible. » Une larme roule mais, refusant de céder à ladite faiblesse, elle l'essuie sans tarder. « Je t'aime, Priam. Je ne le répèterais pas une fois de plus ici et maintenant. Sois tu le comprends, et tu me pardonnes pour tout, soit ça s'arrête ici. » Tiens, les rôles sont inversés ? Qui pose donc les ultimatum, maintenant ? Elle détourne le regard, trop fragile pour le soutenir. Peut-être avaient-ils besoin d'une pause ? Mais comment s'imaginer sa vie sans Harper ?

Ouais ben toi aussi.

•• Elle est venue pour lui faire la surprise. L'emmener manger quelque part. En fait, elle n'aurait jamais dû franchir les portes vitrées de cet immeuble démesuré. À présent, ce n'est plus seulement leur déjeuner qui est en péril, mais leur couple aussi. Et elle crache ses paroles, sans se contenir. Il veut qu'elle soit franche ? Très bien. Mais de suite, elle regrette ses paroles. Mais que fait-elle bon sang. Sa voix tremble. La voix d'Harper tremble, bon sang ! Elle a fermé la bouche. Et l'écoute. Laissant ses paroles la déstabiliser petit à petit, murmurant juste un « Tu m'aimais ? Parce que maintenant, c'est au passé que tu utilises ce verbe ? » Elle grimace, refoulant les larmes qui lui montent aux yeux. Et puis elle lui lance l'ultimatum. Elle sait qu'il va lui dire qu'il est capable de surmonter ça, qu'à deux ils y arriveront, qu'il l'aidera à ne plus recommencer, et que ... Mais attendez, ce n'est pas du tout ce qu'il lui dit en fait. Elle a baissé les yeux, cherchant de l'air. De l'air, s'il vous plait, de l'oxygène ! Que ça s'arrête ? Bon sang, non... Elle relève les yeux, prête à défendre leur amour quand elle le voit. Il lui tourne le dos, mais son reflet, dans le miroir, lui fait face. Elle déglutis péniblement. Il pleure. Il pleure... vraiment. Sa respiration est heurtée. Sanglotante. Elle a le dos contre le mur et soudain, s'y laisse glisser. Qu'a-t-elle fait ? Elle le détruit. Elle détruit tout ce qu'elle touche. En choisissant Harper, elle a détruit Liam. Et maintenant, elle détruit Priam. Son choix était plus un cadeau empoisonné qu'une bénédiction. Elle ramène ses jambes vers sa poitrine, pleurant à son tour, d'une manière plus enfantine, plus fragile. Elle ne retient plus ses larmes, n'osant même pas relever le regard vers le brun pour voir le mal qu'elle lui fait. Elle se déteste. Depuis l'accident, ne l'a-t-elle pas dit déjà plusieurs fois ? Non, ça remonte même à plus longtemps encore, lorsqu'Harper et Liam lui tournaient autour à la fois. C'est un monstre. Elle ne mérite ni l'un, ni l'autre, au fond. Un sanglot un peu plus bruyant s'échappe de ses lèvres mais elle le rattrape de suite, gardant les yeux baissés. Elle ne trouve rien à dire. Rien du tout. Rien qui pourrait arranger leur couple. S'il existe encore...