Les jobs de merde je les collectionne. Fin bon, faut dire que c'est quand même mieux que tout ce que je me suis tapé à New-York. En même temps, changé de job tous les quatre matins parce que j'en avais rien à foutre de ce qu'on me demandait ... en même temps je ne vis que pour la musique. Je compose, j'adore jouer en public et puis je n'aime faire que ça. Du coup ici j'ai décidé d'être sérieux. Fin bon pas trop non plus quand même faut pas exagérer. Si on me fait chier, si on me cherche bah j'hésiterais pas. Je rentrerais dans le tas s'il le faut, j'en ai jamais eu peur et c'est pas aujourd'hui que ça arrivera mais, pour le coup faut vraiment que je garde ce travail parce que sinon je risque de dormir sous les ponts et ça risque d'être pas fameux. J'ai déjà vécu comme ça durant un temps et cette période n'a pas été glorieuse ! Mais bon, je me lève. Je quitte mon appartement de merde, je prends mes clefs et mon vélo et je file au boulot. En retard comme toujours, je relève pas la remarque du patron parce que sinon j'vais mal lui répondre et je vais au bar pour faire les cocktails. C'est toujours bien de faire ça, les filles te dragues, t'aguiches et j'aime ça. Autant en profiter un peu même si ce n'est qu'illusion puisqu'aucune de ses pétasses ne me plaisent. Fin je m'en fous, je suis là pour bosser et servir des verres alors, je commence derrière le bar. Je sers tellement de verres que je sais plus combien de têtes j'ai vu quand je vois la mienne. Putain c'est dingue. C'est moi en propre, en classe et bien fringué. J'en reviens pas. Jamais j'aurais pensé le croiser ici et pourtant c'est le cas. Je fais comment maintenant ? Il va venir au bar me demander un verre et il va se demander qui je suis. Putain de merde, fallait que ça arrive là, j'sais même pas quoi lui dire moi. Nerveux je casse un verre entre mes mains. J'peux être maladroit c'est clair et comme ça je m'en vais prendre de quoi nettoyer. Du coup il ira peut-être maintenant au bar mais, décidément cette connasse de vie en décide autrement et je tombe nez-à-nez devant lui. Alors, je le regarde, je me sens juste bizarre parce que jamais je n'aurais pensé vivre ce moment un jour.

J'aime pas ce genre de situations parce que bon, tu sais jamais quoi dire ou quoi faire fin comment agir quoi. J'sais qu'il est à San Diego, c'est indéniable parce que je suis venu ici pour lui enfin pas que mais, surtout pour lui. J'crois que j'ai toujours su que y'en avait un autre, fin qu'il me manquait quelque chose ou plutôt quelqu'un & avoir appris que c'est le cas bah ... j'ai été bouleversé. & puis là, devant lui, penaud comme un pauvre con, sans savoir quoi dire ça me perturbe aussi mais, sûrement pas autant que lui. C'est à ce moment que je me rends compte que je me suis coupé en faisant péter le verre dans mes mains et quand il me demande un whisky puis un double, je regarde machinalement mes mains en me demandant comment je vais faire. Alors, j'le fixe un moment puis je lui dis : « Je ... hum ... juste deux secondes que je ... » & comme un con je lui montre mes mains pleines de sangs. Bon, ok, comparé à la blessure c'est rien quoi sauf que y'en a pas mal parce que j'avais pas vu. Du coup on croit que je saigne comme un porc mais, en fait c'est pas le cas. Alors, je m'en vais pour les toilettes des hommes afin de les nettoyer et comme par magie aucune trace, fin sauf que ça recommence un peu à saigner, du coup je me bande la main rapidos et je retourne bosser. Comme par miracle il est toujours là, sauf qu'il est au bar et je dis à ma collègue que je me suis tapée la veille dans les toilettes que je m'en occupe. Évidemment elle est toute excitée, je sais avec qui je risque de terminer la soirée encore une fois mais, c'est pas cool au même endroit, du coup j'pense l'amener dans l'arrière court pour faire trembler les poubelles. Je prépare son whisky machinalement et je lui sers : « Pas de glaces ? » Je lui sors alors comme un con et j'hésite même à me foutre une baffe à moi-même et puis, j'en prépare un autre et je le bois cul sec parce que sincèrement si je me torche pas la gueule je sais pas comment je vais faire pour lui parler.

WHAT'S THE FUCK comme j'aime le dire tout le temps quoi ! Comment j'peux être aussi con ! Si j'viens vivre à San Diego c'est pour le rencontrer, c'est parce que je sais qu'il vit ici quoi, donc forcément j'allais lui tomber dessus alors pourquoi j'fais la tête du mec "wahoo je m'y attendais pas". J'ai vraiment envie de me foutre des baffes parfois. Fin bon, j'suis venu ici sans vraiment savoir pourquoi et combien de temps je resterais ici faut dire ... c'est genre sur un coup de tête que je me suis dit j'vais rencontrer mon frère jumeau. J'ai pris un billet et hop j'me suis barré de New-York mais, j'ai jamais dit à Mary que je rentrerais pas, d'ailleurs elle attend toujours que je rentre. Elle est inquiète je le sais, elle est devenue une véritable mère-poule et si elle était là elle serait totalement apeuré. Putain, faut vraiment que je trouve quelque chose à lui dire mais, j'y arrive pas. Du coup je le ressers comme il me le demande et je me ressers aussi quoi. J'avale de nouveau cul sec pour me délier la langue et finalement c'est lui qui commence à parler. Putain comme je suis soulagé quoi ! Un poids immense vient de se dissiper et maintenant faut juste que je trouve quoi lui répondre. J'réfléchis deux secondes et puis j'me dis qu'autant tout lui dire. Être directe quoi, y'a rien de mieux. « Yep ! On est jumeau. » J'lui dis alors sur le ton de la conversation en me servant de nouveau un whisky. « J'm'appelle Eden Zayne-Logan Beckett mais, généralement on m'appelle Zayne ou Logan, j'avoue que j'dis pas souvent que j'm'appelle Eden. » Ouais je trouve que ça fait femme et alors ? Puis j'aime pas et c'est tout. « J'suis de Chicago mais, on m'a adopté et puis ça a été compliqué et j'ai atterrit à New-York avant de venir ici parce que j'ai appris ton existence. » J'attrape mon verre et je le vide une troisième fois. « C'est Samuel toi, si je me souviens bien ... t'as dû rencontré une femme bizarre y'a pas longtemps qui t'as prise pour moi, c'est ma pseudo mère, c'est comme ça que j'ai appris ton existence. »

Merdum cacadum spitidum comme je dis depuis que je suis gosse. Comment que je me sens mal là alors que bon je devrais être heureux et sautiller de partout non ? Fin c'est vrai quoi, c'est pas tous les jours qu'on retrouve son frère jumeau hein ... je devrais lui sauter au cou, lui dire je sais pas qu'il m'a manqué ... fin je l'ai jamais connu donc manquer c'est peut-être pas le bon mot mais, fin tu comprends l'idée quoi ... fin je devrais être heureux et pas gêner avec une fusée dans le fion quoi ! J'ai l'impression d'être un de ses putains de gardes royales comme en Angleterre ! Ceux qui bougent pas là, tu vois ... & c'est exactement ça parce qu'à part mes mains pour servir des verres à mon frère je bouge pas d'un poils. Je suis genre statufié et j'aime pas. J'ai l'habitude de bouger et tout ça et là ... fin voilà quoi ! J'bouge plus ! Du coup je commence à avoir des fourmis dans le corps et j'aime trop pas cette sensation ! Du coup je commence à bouger un peu, m'appuyant sur le bar pour pas tomber comme un con. J'ai déjà assez de bobos pour aujourd'hui ! Heureusement le frangin il a l'air d'aimer parler, fin j'en ai l'impression. Un vrai moulin à paroles. Je parle peu moi, je réponds sans en ajouter ou je suis cassant. Je fais pas des dialogues de quinze mètres de longs, je dis simplement ce que je pense sur l'instant. Il a hérité du blablanisme je crois, tant mieux pour lui sans doute. Alors je l'écoute et je prends la bouteille qui me tombe sous la main et je bois. PUTAIN de merde ! Une de vodka, je déteste ça, du coup j'avale difficilement et je pense que je vire légèrement au vert, devenir Hulk ça peut être sympa ... ou pas ! Fin bon, personne le remarque je pense et je toussote un peu avant de lui dire : « Oui je suis né le 27 mai 1985. Comme tu dis, à notre rencontre ! »