+ THIS IS WHAT FAMILY'S FOR

La soirée avait été mouvementée pour Chloé. Vers vingt heures, elle avait quitté la maisonnette familiale pour se rendre à une soirée organisée par des amis à elle. Vêtue d'une robe noire mi-longue ainsi que de collants assortis, elle avait rejoint la voiture d'un ami venu la chercher. La soirée avait battu son plein, tranquillement, notre Chloé s'amusait, jusqu'à ce qu'un garçon de la soirée se mette à en frapper un autre pour une fille. Ils avaient fini tous les deux dans la piscine, par le froid qu'il faisait, et ils avaient réussi à plomber la soirée. Comme l'un d'entre eux était bien amoché, on avait dû appeler une ambulance, puis les flics avaient même débarqué. Pour tout vous dire, tout le monde avait bien vite désaoulé, Chloé y comprit. Elle avait été interrogée par un policier, qui voulait savoir si personne ne faisait de trafic pendant cette soirée. En somme, on lui avait prit la tête pendant une bonne heure, et elle était bien contente de rentrer chez elle.

Vingt minutes plus tard, son ami la redéposa devant chez elle, et Chloé prit du temps à trouver les clés sur le palier à cause du peu de lumière qu'il y avait ce soir-là. Une fois la bonne clé trouvée, elle l'inséra dans la serrure, et ouvrit la porte. A l'intérieur, le silence régnait, ce qui n'était pas plus mal. La jeune femme déposa donc son sac sur le canapé, ainsi que sa veste, et elle s'y laissa même tomber, morte de fatigue par tout ça. Jusqu'à ce qu'elle entende du mouvement dans la chambre de son frère. Chloé se leva donc, et avança à pas de loup, pieds nus, jusqu'à la fameuse porte, et une fois devant celle-ci, elle resta là, bras croisés, appuyée contre l'entrée, regardant son frère d'un air de réprimande, comme leur mère l'aurait fait. Tout en rigolant intérieurement bien entendu. Peu lui importait que son frère fasse ce genre de choses, elle savait très bien comment tout ça fonctionnait, pour l'avoir déjà fait elle-même. Mais embêter Tobias était toujours tentant. Elle retourna donc ensuite au salon avec son frère, faisant mine d'être choquée par la scène, comme une fillette de six ans aurait pu le faire. « Je ne te le fais pas dire, j'acceptais de te voir nu ou même à moitié nu quand on était enfants, mais maintenant ... » Elle fit mine d'être dégoûtée, elle tira la langue de dégoût, avant de donner une petite tape dans l'épaule de Tobias, un sourire sur le visage. « Mais non, ne t'en fais pas va, je suis une grande fille maintenant, je sais ce que c'est. » Puis, lorsque son frère commença à lui parler de l'heure, Chloé réalisa brutalement qu'il était effectivement tard. Comme si dans cette maison, elle se rendait compte de la réalité. « Hum, oui, je viens à peine de rentrer, j'ai passé une soirée assez ... mouvementée on va dire, pour ne pas changer. » Chloé savait que Tobias n'approuvait pas réellement le fait qu'elle se mette toujours dans de drôles de situations, mais étant lui-même du genre à s'attirer les ennuis, il était assez mal placé pour lui faire la morale. « Et pour Callie, c'est une bonne question, je pense que oui. » Leur petite soeur avait toujours été exemplaire, et elle devait certainement avoir rejoint les bras de Morphée. « Tu veux un café peut-être ? » Chloé en avait bien besoin, si elle voulait tenir. « Ou tu peux aller rejoindre ta copine aussi. » Elle ne l'avait pas dit méchamment, mais elle savait qu'il devait tenir à elle, alors elle n'allait pas le retenir s'il le désirait. Chloé ne savait pas que Tobias n'était pas son frère biologique, Callie était la seule au courant, mais elle savait que cela ne changerait pas grand chose, puisqu'il était important pour elle, peu importait son sang.

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Chloé s'était toujours dit, depuis son arrivée à San Diego, que sans son frère, elle aurait été dans de beaux draps. En effet, elle avait quitté son confort de star montante, de petite brune anglaise qui venait conquérir l'Europe avec ses belles jambes, et qui finalement, c'était cassé la figure. A vrai dire, si elle n'avait pas eu cette rupture difficile avec sa petite-amie de l'époque et ces problèmes avec la drogue, peut-être bien qu'elle serait toujours la Moriarty, celle qui rêvait de décrocher les étoiles, et qui avait finalement compris qu'elle était faite pour rester sur la terre ferme. On dit souvent qu'à défaut de ne pas avoir ce qu'on désirait, il fallait désirer ce qu'on avait, et que c'était probablement la clé du bonheur. Chloé commençait réellement à y croire de plus en plus à cette théorie. Ce pourquoi elle avait trouvé refuge chez Tobias, qui ne lui avait pas fermé la porte au nez, contrairement à leurs parents, avec qui les relations sont plutôt tendues en ce moment. Il faut dire que Chloé avait quitté le domicile familial sans leur dire un mot, sans laisser une trace de son passage. Il était donc possiblement compréhensible que ses parents lui en veuillent de son silence radio. Mais votre enfant ne restait-il point votre enfant, quoi qu'il arrive ? Les liens du sang sont indestructibles, inaliénables. Mais Chloé avait appris à ses dépends que ses parents ne voyaient pas les choses de la même façon. Et si elle avait su pour Tobias et son adoption, elle aurait sûrement rajouté de l'huile sur le feu. Elle n'aurait pas compris pourquoi ils s'étaient tus toutes ces années, et comment eux, les saints, pouvaient jouer ainsi avec la vie des gens. Mais il s'avérait qu'elle n'était au courant de rien, du moins pour l'instant. Et elle considérait toujours Tobias comme son grand frère, qui l'avait toujours protégée, contre tous et tout. Et pour ça, elle ne pourrait jamais assez le remercier.

Chloé fut donc contente d'entendre son frère lui dire qu'il était prêt à partager un café avec elle, ce qui fut visible et remarquable par le sourire qu'elle arborait au visage. Elle avait l'impression de remonter le temps, de revenir à leur enfance où le matin de Noël, ils partageaient tous les deux un chocolat chaud, riant en apercevant la moustache de lait de l'autre. Oui, Tobias et Chloé avaient toujours eu un lien très fort, que même le sang n'a pas su leur enlever. Leurs âmes s'étaient juste reconnues comme étant soeurs depuis le départ, tout simplement. La brunette suivit donc son frère dans la cuisine, le laissant passer devant, puisqu'il était l'un des seuls à savoir dompter cette machine. Elle faisait souvent des siennes, et à vrai dire, voir son aîné se débattre avec elle amusait la demoiselle. Comme ce soir d'ailleurs. « Hum un bien noir s'il te plaît, je les aime de plus en plus corsés je crois. » Chloé ne lui en voulait pas du tout de ne pas s'en rappeler, puis elle avait changé de goût avec le temps. Plus jeune, elle ne prenait que des cappuccinos faits maison, et osait à peine boire un café serré. Mais à présent, peu lui importait à vrai dire. Une fois son café en main, Chloé remercia Tobias, avant de porter la tasse encore quelque peu brûlante à ses lèvres, afin de tenter de la refroidir en soufflant légèrement sur sa surface. « Sinon dans tout ça Toto, qu'est-ce que tu racontes ? On a beau habiter la même maison, on ne fait que se croiser. » Et oui, chacun menait son petit bonhomme de chemin, et parfois leurs routes se croisaient, mais ces derniers temps, Chloé réalisait que son frère lui manquait, que sa famille lui manquait.