( âmes sensibles s'abstenir. )
Il y a de ces choses qu'on ne contrôle pas. Des choses qui nous brisent. Des choses comme l'abandon, l'amour, la haine, la douleur, la peine, l'anxiété, le stress, la phobie. Toutes ces choses sont devenues mes bonnes vieilles amies.

bring me your breathe. Je n'ai toujours été qu'une erreur. Abandonné à la naissance. Je ne souhaitais pas connaître mes parents biologiques. S'ils m'ont abandonné, ce n'était pas pour rien après tout. Ils m'avaient donné la vie, et ils avaient disparu de la mienne. Nous étions quittes.
Ce fut à deux ans que je fus adopté. Et je connus pour la toute première fois la réception de l'amour au contact de ma famille adoptive. Le nom de mon nouveau père était Chris, celui de ma mère Anissa, et celui de ma nouvelle soeur, Angel. Nous avions le même âge. Ils m'avaient tous accueillis comme si j'étais né parmi eux. Mon père m'emmenait souvent avec lui en campagne, et me forma au travail agricole, ce qui je m'en souviens, me plaisais. Ma mère quant à elle, était une artiste professionnelle. Parfois, je l'observais peindre. Je notais toujours son petit sourire au coin des lèvres, elle qui n'était pourtant pas très souriante. Comme si sa vocation était son unique raison de sourire. Parfois, elle prenait ma main, et nous tenions le même crayon. Ainsi, je m'émerveillais des si belles formes qu'elle me faisait faire, nourrissant mon admiration pour sa personne. Ma soeur et moi, partagions toujours des moments de plaisir simple, tout en étant très proches. Elle me faisait tout simplement découvrir la vie comme tout enfant devait le faire. Elle m'aida à me faire des amis, et nous développâmes tout deux un goût très prononcé pour les sensations fortes, l'adrénaline et le danger vers l'âge de treize ans. Nous étions aimé par tous les jeunes de notre quartier, et nous formions la plus grande bande de celui-ci.
when your heart stop breathing. Seize ans. Le début de la vie selon ma soeur. Elle était plus vieille que moi de quelques mois, ce qui n'empêchait pas que nous nous considérions comme des jumeaux nés à la même date. Elle était mon amie la plus proche.
Ce fameux soir, de mes seize ans, nous étions partis sur la plage en compagnie d'Enzo, mon meilleur pote, Kilian son petit ami et Eisha. L'alcool. La drogue. Tout se mélangea. La débauche. Tout s'enchaîna. Ce fut la première fois que nous tombions si bas. Mais que voulez-vous, la jeunesse est sourde. La mémoire me revient par flash. Les jeux dans l'eau, l'alcool. Des corps nus, des odeurs, des mains, des cheveux en bataille. La jouissance. Des pleurs, des cris, des coups en contre-coup. Allongé sur le sol, j'ouvrais les yeux sur le bourreau de mon plaisir, n'ayant rien compris à tout ce qu'il m'était arrivé. J'ouvris les yeux sur Kilian, un air triomphant sur le visage, au-dessus de mon corps. Je me rappelle les plaintes déchirante de ma soeur qui avait tout vu. J'observais mon bourreau, horrifié. Eisha et Enzo retenait comme le leur permettait leur état Angel qui peinait à se maintenir sur ses membres, à la fois par la faute de ses pleurs et de son taux d'alcool. Mais elle se jeta sur Kilian, poignard en main.
Hormis le bruit assourdissant de mon rythme cardiaque résonnant à mes oreilles, je n'entendis rien. Les seules image de cette scène qui continuaient de me hanter furent la chute apathique et molle de ma soeur sur le sable. L'horreur, abomination, l'aveuglante peur.
J'ai fuis cet endroit. Et je me suis dirigé vers le seul endroit encore capable de me maintenir à l'abri de la funeste réalité : chez mes parents.
'cause you're a beautiful nightmare. Je me réveillais, avec la gueule de bois. Enfin quelque chose dont j'avais l'habitude. J'allumais ma cigarette en pensant à la première chose que je réalisais lorsque je gagnais une nouvelle année. J'imaginais chaque nouvelle année de ma vie une vie différente que celle que j'avais inventé la dernière fois. Cette année, j'ai pensé que j'aurai pu essayer de retrouver mes vrais parents. Qu'après tout, ce n'était pas qu'une fiction, que tout était possible. Les minutes s'écoulaient sans que je ne me rende compte que des perles salées roulaient sur mes joues. Ce fus la première fois de ma vie que je pleurais.
Un bruit de verre tout juste brisé me fis sortir de ma rêverie mélancolique. Je me redressais sur mon lit, des éclats de voix parvenaient du rez-de-chaussée. J'enfilais un de mes jean-baggy et un marcel ample. Je descendis le plus silencieusement possible les escaliers, jusqu'à arriver dans la cuisine, les éclats de voix provenant du salon. Je n'avais jamais entendu mes parents dans un tel conflit verbal. Les injures fusaient. J'entendais ma mère pleurer, mon père vider le buffet de toutes les assiettes qu'il contenait, les projetant sur les murs. Mon regard tomba sur le journal posé sur la table de la cuisine. " Une jeune fille assassinée sur le bord de mer." Fronçant les sourcils, et frottant mes yeux pour récupérer encore un brin de ma lucidité, je pris le journal et l'approchais un peu de mon visage pour mieux lire l'écriture en italique. " Ce matin le corps d'une jeune fille fut retrouvé, sauvagement mutilé, sur la plage. Environ vingt coup lui furent infligés avant qu'elle ne succombe à son meurtrier, d'après l'autopsie du corps. Il s'avérerait qu'il s'agisse d'un règlement de compte entre deux adolescent, mais la cause nous échappe encore. Un appel à témoin est.." Je réalisais que je tremblais, et peu à mes je retrouvais mes esprits, les souvenir m'assaillant si violemment que je fus pris de nausée, me précipitant vers l'évier. Me tenant à son rebord, je clos mes paupières, mes bras tremblant. Un regard pesait sur ma nuque et je fis volte-face, tomba sur ma mère qui m'observait, ses beaux et doux cheveux emmêlés. Elle semblait avoir prit dix ans d'un coup, son visage méconnaissable. Il se ne passa que quelques secondes avant que mon père ne franchisse la porte joignant cuisine et salon, venant m'attraper par mon haut, me soulevant avec une facilité déconcertante de terre, menaçant ma gorge d'un morceau d'assiette coupé. " Tout ça c'est de sa faute ! Si nous ne l'avions pas adopté notre fille serait toujours en vie ! Rendons-lui la monnaie de sa pièce ! Meurtrier ! " J'hurlais, alors qu'il appuyait le débris contre ma gorge. Ma mère se précipita, le bousculant pour qu'il me lâche, ce qu'il fit pour la frapper. Ne me posant ma plus de question, me me mis à courir à l'aveugle dans la maison jusqu'à franchir la porte d'entrée, l'hurlement de ma mère étant la dernière chose dont je me souviens de cette maison.
J'étais réduis à un état de cendres. Cela faisait trois semaines que j'errais dans la rue, et j'étais tombé sur un article de journal signalant l'assassinat de la mère de la jeune fille tuée récemment, par le père de famille. Je n'avais plus rien, hormis la féroce peur qu'il ne me retrouve. Je bougeais donc chaque jour, évitant les grands axes. C'est avec qu'il me retrouva.
Il avait le même sourire triomphant que la dernière fois. " Enfin, je t'ai retrouvé. " Je me jetais sur lui, voulant détruire celui qui avait détruit ma vie. J'étais cependant si faible, ravagé par la faim et la rue, qu'il n'eut pas de mal à me contrôler. Il m'emmena chez lui, m'offrit de quoi manger et boire, ce que mon organisme ne pu se permettre de rejeter. Mais ma conscience n'en voulait pas.
Là, je découvris une autre forme de ce que l'on appelle l'amour. Il me battait. Me violait parfois. Je lui appartenais. Je n'étais plus qu'une chose. Un objet. Un jouet. Un jouet libre de ses mouvements cependant. Mais ce meurtrier était la dernière chose qu'il me restait, et je m'étais enfermé dans une dureté et une froideur qui m'étais jusque là inconnue. Je sombrai dans l'alcool, la drogue, la débauche. Aussi dégoûtant que cela puisse paraître, il était devenu un ami. Je m'étais refais un monde, une vie. Reniant tout le reste, bien que cela reste cuisant en moi. Nous partagions le même appart', ramenant garçons ou filles le temps d'une soirée. Tout ceux qui m'avaient aimé autrefois me détestaient aujourd'hui. Et cela me mettait en danger, tout comme Kilian. Et nous partîmes la veille du jour où nos désormais ennemis décidèrent de mettre le feu à notre appartement. J'avais dix-neuf ans, lui vingt et un. Nous partîmes un an en compagne, vivant de notre travail de dealeur et de mon boulot que j'avais trouvé chez un agriculteur. J'avais été contrains de changer de nom. Mon prénom lui, demeurait le même, Leiden. Ceci dit, je m'étais renommé Creed, un pseudo que j'avais choisis après mon début dans le monde de la drogue. Nous attendions des nouvelles de la ville. Ce fut quand les recherches furent abandonnées que nous nous décidâmes à revenir en ville, nous étant séparés l'un de l'autre pour éviter de nous faire remarquer. Je pu alors reprendre le mannequinat, et me faire un nom avec l'identité que je m'étais choisie, sans que personne ne puisse me capter.
Il y a de ces choses qu'on ne contrôle pas. Des choses qui nous brisent. Des choses comme l'abandon, l'amour, la haine, la douleur, la peine, l'anxiété, le stress, la phobie. Toutes ces choses sont devenues mes bonnes vieilles amies.