Le jour se lève, l'air est fraîche et mes prunelles s'ouvrent lentement. Je suis réveillée par la lumière du jour, ce soleil magnifique qui surplombe à présent le lac trônant au fond de mon immense terrain. J'entrouvre mes énormes billes bleutées, mes paupières papillonnent et je pose mon regard sur cette étendue de verdure. Je laisse toutes les nuits la baie vitrée ouverte, je ne crains rien étant donné que mon immense villa est entourée par la forêt. Personne ne s'y est jamais aventuré du moins selon l'agent immobilier qui m'a vendu cette immense villa. D'ailleurs, d'après ces dires il s'agit sans doute plus d'un immense manoir mais, le terme importe peu, je suis chez moi tout simplement. De plus ma demeure se trouve bien loin de l'immense portail trônant majestueusement devant la rue. Il est fait de pierres et il est impossible pour qui que ce soit d'apercevoir le moindre détails de mon habitat. Je ne me sens toutefois pas en sécurité pour autant, depuis sa disparition je me sens aussi fragile et vulnérable qu'un coquelicot, qu'un éphémère. D'une certaine façon je le suis. Charles me protégeait de tout mais, sa mort m'a ramené à la réalité : nous sommes mortels et nous allons tous périr un jour ou l'autre. Alors, c'est mes prunelles emplies de larmes que je me lève afin d'affronter une nouvelle journée. Un soupire, puis encore un autre et je m'en vais pour ma salle de bain afin de prendre une bonne douche chaude afin de détendre mes muscles. C'est en revenant de celle-ci que je me rends compte que j'ai reçu un message. M'emparant de celui-ci je lis rapidement mon message avant de me laisser tomber sur mon lit. Serait-il judicieux de m'en aller à la plage pour rejoindre Luckaël alias Caramel comme j'aime le surnommé ? Un sourire fend alors mon doux visage. Après tout autant profiter de ma journée avec lui plutôt que de ruminer seule à la maison. J'enfile donc rapidement un maillot de bain deux pièces blancs avant d'enfiler un mini short et un t-shirt que je noue à la taille. M'emparant de mon sac et de mes petites baskets que j'enfile & fais appeler la limousine afin que l'on me dépose à la plage. Une fois tâche faite il me semble difficile de le trouver lorsque j'aperçois bon nombre de jeunes femmes fixer un homme. Alors, je ris doucement, il ne peut s'agir que de lui. M'avançant je le retrouve torse nu sur le sable et je me racle la gorge avant de lui dire : ❝ Je risque de faire des jalouses. Alors, comme ça tu ne peux pas te passer de moi ? ❞

La plage ... le soleil ... l'embrun de la mer ... l'odeur de cette eau salée, le son des vagues, l'astre solaire brillant de mille feux nous dominant en maitre. Le son des conversations, les rires des enfants, ceux des ballons de volley ball, les corps dénudés, la vie qui grouille autour de moi alors que j'ai cette détestable impression que la mienne c'est soudainement arrêté. Ils vivent tous à un rythme autre que le mien et parfois, j'en ai le vertige. J'aimerais être en phase avec eux, j'aimerais tant pouvoir être normal mais, je ne le suis pas. Quelque part quelqu'un à mis ma vie sur stop et je ne sais pas comment faire pour trouver le bouton lecture. Depuis que Charles est partie je lutte dans une vie qui me semble figer. Je ne sais comment arriver à repartir, à vibrer sous la même fréquence que toutes ces personnes se trouvant autour de moi. Heureusement Luck est là. Je sais que grâce à lui je vais passer un bon moment, du moins je l'espère et je ferais tout pour. Il ne sait rien de ma vie malgré notre lien si particulier et je crois que je ne préfère rien lui dire. Son regard changerait s'il savait un centième de mon passé. Généralement les êtres humains ne savent pas comment réagir face aux drames. Alors, j'esquisse un sourire, mettant une main devant mon front afin de me protéger du soleil. ❝ Tu as bien fais, c'était ça ou passer ma journée devant la télévision à regarder des téléfilms de pacotilles. Je te remercie, d'une certaine façon tu m'as sauvé ! Alors, le paresseux, tu te bouges et on fait quelque chose ou tu comptes rester allonger sur le sable pour faire bronzette ? Parce que je m'en vais si c'est le cas ! ❞

Le son des vagues a quelque chose d'apaisant. L'odeur de l'eau iodée aussi. Est-ce parce que je me trouve en compagnie de Luck ? Sans doute. Il est l'une des seules personnes avec qui j'arrive à me sentir bien. Je n'ai pas besoin de faire semblant, mes sourires sont vrais, emprunt d'une véritable envie d'être avec lui. J'aime être à ses côtés bizarrement et je sais que nous nous comprenons sans même piper mot. Il est inutile de dire que ce genre de relations n'est pas fréquente et je suis heureuse de pouvoir la partager avec quelqu'un comme lui. Pourtant, quelque part dans ma tête je ne fais que de penser à Charles, mon défunt fiancé qui me manque terriblement chaque jour. Le sourire que j'arborais alors sur mon visage se fane à sa pensée et je m'assois à ses côtés, peu désireuse d'être sujette à une perte d'équilibre. Alors, je l'écoute, posant mon regard de biche bleutée au-delà de l'océan et je noue mes bras autour de mes jambes, déposant le somment de mon menton sur mes genoux. J'esquisse un sourire lorsqu'il aborde le fait qu'il m'ait sauvé, puis il s'élargit lorsqu'il me propose l'activité du jour. J'ai presque envie de rire lorsque j'accroche mon regard dans le sien et que je lui dis : ❝ Il y a seulement un léger détail presque insignifiant, je ne sais pas nager mais, je suis sûre que tu es vraiment très doué et que tu arriveras à m'apprendre les deux en une journée. ❞

J'aime sentir cette chaleur sur mon corps. Je ferme doucement mes prunelles bleutées pour redresser mon visage afin de profiter au maximum du soleil mais, bien sûr je ne resterais pas ainsi durant des heures. Premièrement parce que je n'ai pas apporté de crème solaire et que je risque de brûler au soleil mais, aussi parce que je sais que mon caramel nous a prévu bons nombres d'activités. Cela me changera et m'occupera, je ne peux rien craindre surtout en sa compagnie. Alors, je souris doucement lorsque je l'entends parler. Je sais que je peux avoir confiance, je l'ai tout de suite su lorsque je l'ai rencontré mais, cela me fait du bien de l'entendre le dire. Après tout ce n'est pas tous les jours que nous rencontrons des personnes avec qui nous nous sentons aussi bien. ❝ Je sais bien caramel, j'ai hâte et sache que j'ai confiance. ❞ Je lui dis alors en déposant mes prunelles dans les siennes. & puis, je me lève en lui tendant une main afin de l'aider à se lever lui aussi. Une fois tâche faite, j'ôte mon t-shirt et mon petit short afin de me retrouver en maillot de bain deux pièces blancs. ❝ Le premier à l'eau pourra demander ce qu'il veut à l'autre ! ❞ Je lui dis en courant déjà pour y arriver avant lui. Un sourire fend mon visage et je me surprends même à rire. Luck mon caramel a décidément le don de me donner envie de vivre.

Cela fait longtemps que je ne me suis guère sentie ainsi. J'ai l'impression d'être une gamine de neuve ans, qui court et rit sans se soucier de ce qu'il risque d'arriver dans la seconde qui suit et cela me fait étonnement du bien. Je me trouve quelques années plutôt, heureuse comme je l'étais avec Charles. Insouciante, rieuse mais, surtout femme-enfant. Je me plais ainsi et je sais que je suis ainsi grâce à mon caramel. Alors, une fois les pieds dans l'eau, je m'arrête l'attendant. D'habitude j'ai peur de l'eau et j'admets que l'immensité se dévoilant devant moi me fille soudainement la trouille. Alors, je m'en vais vers lui, m'accrochant à sa nuque afin de ne plus avoir peur. Je sais qu'il me protégera quoi qu'il arrive et c'est avec un sourire mutin sur les lèvres que je lui susurre au creux de son oreille : ❝ Hum ... je veux ... je veux ... que tu me fasses rire. Raconte-moi une blague super drôle sinon tu devras en passer par les chatouillis de la mort ! ❞ M'apprêtant à le chatouiller, je m'accroche un peu plus à lui lorsqu'une vague nous arrive aux jambes. Je pousse un petit cri en sautillant sur place, heureuse de partager cet instant avec lui.

J'ai l'impression que l'eau est terriblement froide, surtout lorsqu'une vague vient nous heurter pour nous tremper quasiment entièrement. Toutefois, je ris et je sautille, sachant que je suis en sécurité dans les bras de mon caramel. Heureusement, il n'est pas tout moue d'ailleurs je songe à le nommer caramel dur puisqu'il faut dire qu'il est musclé ! Ou peut-être devrait songer à le nommer ma tablette de chocolat ... du moins il serait toujours une sorte de gourmandise et cela me donne la soudaine envie de le croquer tout cru ! Mais, ce n'est sans doute pas le bon moment étant donné que nous sommes dans l'eau et que je ne sais pas nager. Alors, je souris, gardant mes bras toujours autour de sa nuque. Nous sommes proches l'un de l'autre, nos corps sont collés-serrés mais, cela ne me dérange nullement. Nos regards se confondent et je me sens en confiance tout contre lui. Délicat, attentionné et doux, il dépose un tendre baiser sur ma joue que je lui rends dans le creux de son giron et je dépose ensuite ma tête sur son épaule doucement. Mon souffle chaud se heurte contre sa nuque et je garde ma prise. Je sens ses mains sur mes hanches et je me sens bien. Cet instant est absolument parfait, nous n'avons pas besoin de quoi que ce soit d'autres hormis de nous deux. Nous sommes dans notre bulle loin du reste du monde. Puis, un sourire malicieux nait sur mon visage et je redresse ma tête doucement. Passant mes mains dans ses cheveux, j'ancre mon regard dans le sien lorsque je lui dis avec un demi-sourire : ❝ Comment appelle t-on un escargot sans sa coquille ? ❞ J'attends un petit instant avant d'éclater de rire. ❝ Si tu n'as pas la bonne réponse je me verrais dans l'obligation de te chatouiller mon caramel dur ! ❞

Le soleil nous surplombe et je commence à me réchauffer. Est-ce parce que je suis contre mon caramel ou bien est-ce parce que je m'habitue à la température de l'eau ? Je ne le sais vraiment. Je sens tout simplement une chaleur grandir en moi et pour une fois cela ne m'angoisse pas. Et puis, un sourire se fend sur mes lèvres, arrivera t-il à trouver la réponse à ma devinette ? Sans aucun doute. Il ne faut pas sortir de Saint Cyr pour connaître la réponse. Alors, me mordant la lèvre inférieure légèrement, mon regard toujours encré dans le sien je lui réponds avec une petite moue adorable : ❝ Ce n'est pas juste caramel ! Elle était trop simple de toute façon ! Attends voir que j'en trouve une un peu plus compliqué ! ❞ Je lui dis alors, réfléchissant à une nouvelle devinette. Perdu dans mes pensées je caresse doucement ses cheveux trempés, fixant un point au-dessus de lui, quelque par dans l'immensité de l'océan. Nos corps sont l'un contre l'autre mais, cela ne me gêne nullement. Je continue à réfléchir quand, je me recule prête à lui sortir une nouvelle devinette mais, il me parle avant que je ne puisse le faire. Il désire un câlin, sinon je serais victime d'un attaque de chatouillis. Je ris doucement, me demandant si j'arriverais à courir assez vite pour lui échapper et puis, je me rends compte que non étant donné que je suis dans le creux de ses bras. Alors, le regard emplis de malice, j'approche mon visage du sien avant de lui souffler doucement : ❝ Il faudrait déjà que tu m'attrapes pour me chatouiller. Certes, je suis dans le creux de tes bras mais, n'oublie jamais qu'une petite brindille comme moi peux toujours s'échapper ! ❞ Alors, je ris une nouvelle fois, sachant qu'il a peu de prise sur moi, ayant seulement déposé ses mains sur mes hanches et je m'enfuis en courant vers le sable, ne sachant pas nager pour une nouvelle course effrénée.