Je sautille. Il faut bien dire que si le sautillement était un sport je gagnerais aux jeux olympiques ! Personne d'autre ne sait sautiller aussi bien que moi. Même caramel il peut vous le dire ! Je suis une vraie petite "sautilleuse", c'est un peu ma marque de fabrique. Je ne marche pas, je sautille, je ne cours pas je sautille ... je ne reste pas sur place, je sautille ! Je passe ma vie à sautiller, comme si j'étais pressé alors que ce n'est pas le cas. J'ai simplement besoin d'être en mouvement et généralement quand je sautille c'est de joie, ou de stress et aujourd'hui je crois bien que c'est un peu des deux. Je ne me suis toujours pas remise de la terrible vague qui s'est abattu sur nous bien qu'elle n'était pas immense mais, elle m'a quand même fait peur et en y repensant je suis encore prise par une crise de frissons. Oui, les crises de frissons ça existe ... Alors, je sautille pour oublier la vague qui nous a frappés de pleins fouets mais, aussi le vendeur de glaces qui me semble être un psychopathe kidnappeur de petites brunettes de mon genre. Du coup je me sers un peu plus contre mon caramel dur, pour montrer au charmant monsieur au sourire qui fait peur que je ne suis pas seule et que c'est un malabar ! Bawi, il est musclé et il pourrait le ratatiner en deux secondes ... enfin j'espère. Du coup je continue de sautiller nerveusement en attendant nos dites glaces. Je la dévore déjà lorsque le glacier me la tend. Je ne m'étais pas rendu compte que j'avais aussi faim. Alors, je rougis, regardant mon caramel qui doit se demander depuis quand je n'ai pas mangé. Moi-même je n'ai pas la réponse et je lui dis en bredouillant : « C'est qui qui paye ? » avec mes énormes billes d'enfant emplis de scintillement semblable à de la poudre de fées.

Je sautille encore et toujours. Des fois les personnes qui m'entourent se demande si je suis sous électricité ou non. Petite pile électrique je passe ma journée à m'activer du lever au coucher et je sautille donc en quasi permanence. Les seules fois ou ce n'est pas le cas - ce qui est relativement rare - c'est lorsque je suis malade ! Ou alors mal à l'aise, sinon je sautille. C'est une sorte de marque de fabrique et je continue donc à sautiller sur place, près de mon caramel. Je dévore ma glace, ne prenant même pas le temps de la déguster. J'admets que je n'en ai pas dégusté depuis longtemps, en fait c'était une sorte de rituel que nous avions Charles et moi. Nous dégustions des glaces en regardant des films sur notre immense téléviseur et cela datait d'un petit mois déjà. Sinon je m'en mangeais jamais. M'en rendant compte je manque de m'étouffer et je sautille encore plus rapidement pour faire passer la glace. C'est avec des larmes dans les yeux que je regarde mon caramel. « Manger trop vite ! » Je lui dis alors, lui mentant. Mon caramel ne sait rien de mon passé et je n'ai vraiment pas envie de l'embêter avec cela. Alors, je cesse de sautiller un instant, tapotant légèrement ma poitrine avant de lécher de nouveau ma glace. « Merci pour la glace ! » J'écrase alors un baiser gelé sur sa joue, riant à gorge déployée.

Spoiler:

J'adore donner des baisers qu'ils soient sucrés ou encore salés ou simples. J'adore donner des baisers tout court en fait. J'aime montrer mon amour, être câline. Je le suis depuis que je connais Charles, il a réussi à me rendre plus ouverte envers les autres. Il faut dire que lorsqu'il m'a trouvé dans les rues de Paris je venais de me faire violer pour la énième fois ... et mon père m'avait tabassé. Il a dû s'armer de courage et de patience pour que je m'ouvre et à présent je suis câline avec toutes les personnes que j'aime. C'est grâce à lui au fond, je lui en serais toujours reconnaissante je crois. Caramel devrait l'être lui aussi mais, il n'est au courant de rien. Peut-être devrais-je le lui avouer un jour ? Je sais que je peux lui faire confiance mais, j'ai peur qu'en connaissant mon passé il m'abandonne. Je n'ai pas envie d'être jugé ... j'ai peur de perdre les personnes que j'aime et mon caramel dur en fait partie. Alors, je le fixe avec mes énormes billes emplies de scintillements mais, j'hésite. Il lèche sa glace et me regarde, je fais de même avec la mienne, sautillante de nouveau sur place. Je prends alors sa main pour que l'on retourne à l'endroit où se trouve nos vêtements et je m'assois sur le sable en posant mon regard sur l'horizon. Serrant sa main doucement, par petit coups de pressions je lui dis tout en continuant de mettre des petits coups de léchouilles sur mes boules glacées : « Tu sais je n'étais pas comme ça avant. On croit que je suis heureuse mais, je suis brisée ... » C'était sans doute le mot qui me définissait le mieux depuis que Charles était partie ...