Il était tard quand je quittais mon appartement en bord de mer. Je jetai un dernier coup d'oeil à mon miroir avant d'appeler Edgard, l'homme qui était chargé de me coiffer. Je pris donc place sur un tabouret en face de mon miroir et secoua la sonnette qui se trouvait sur un bureau. Quelques minutes plus tard, Edgard débarqua dans ma chambre armé d'une trousse. Il l'ouvrit et sortit le matériel nécessaire pour me coiffer.

«Faites-moi la coupe habituelle Edgard. Et par pitié, allez-y doucement sur le gel. Je ne veux pas ressembler à un caniche pour concours pour chiens.» dis-je d'un ton un peu abrupt. J'étais en général satisfait des coiffures d'Edgard, un des meilleurs coiffeurs sans nul doute. Mais j'étais quelqu'un de très exigeant et très dur à satisfaire. Il y'avait toujours un reproche de ma part, quelque chose qui n'allait pas. Après presque une demi-heure passée à me coiffer, je me regardai une dernière fois dans le miroir et esquissa un sourire de remerciement à Edgard. Après quoi, je descendis les escaliers en marbre qui menaient à un patio. Devant, se tenait une limousine où un chauffeur m'attendait la porte ouverte. Je me glissai dans la voiture en prenant soin de ne pas me décoiffer ou de ne pas froisser mes vêtements.

«Cocktail Lounge» dis-je d'un ton impérial. Sans plus attendre, le chauffeur quitta l'appartement puis se dirigea alors vers le centre-ville. Là-bas, j'attendais une de mes amies, Bianka. La relation entre Bianka et moi était fusionnelle. Nous étions deux incorrigibles fêtards. Parfois nous étions capables de tenue. Parfois, nous finissions dans un état lamentable et plus particulièrement moi. Bianka était la plus raisonnable et très souvent, elle réparait les pots cassés. D'un côté, je remerciais le bon Dieu de m'avoir fait croisé son chemin. Comment aurais-je fini avec quelqu'un de beaucoup moins raisonnable?

M'enfin, cela ne faisait pas d'elle une handicapé de la rigolade, loin de là. Elle était une fêtarde dans l'âme et elle aussi pouvait se retrouver dans des situations les plus embarrassantes que l'on puisse imaginer. Au moins, nous étions réunis dans notre folie, une folie à nous, une folie que les autres ne pouvaient pas toujours comprendre. Nous avions notre délire et c'est ce qui nous suffisait.

Je regardais les images de San Diego défilaient l'air un peu ennuyé. La limousine s'immobilisa. J'attendis que mon chauffeur descende et m'ouvre la porte. Après quoi, je sortis sans donner une directive de plus. Il savait à quelle heure, il devait revenir. Les mains dans les poches de mon costard, j'attendais la venue de Bianka. Il était hors de question que je boive sans elle. Je lançais des regards impatients par-ci par-là, m'attendant à n'importe quel moment à reconnaître la belle blonde..