Le soir commençait déjà à tomber. Et si la petite blondinette marchait ici en ce début de soirée, c'est parce qu'elle avait besoin d'air. Sortir de chez elle, se rendre dans un endroit où elle risquait peu de rencontrer quelqu'un qu'elle connaissait. Et y aller seule. Oui, oui, c'était bien elle, l'allergique à la solitude, qui se l'était pourtant imposée. Il faut dire, aussi, qu'en ce moment ses relations avec les autres étaient plutôt compliquées et qu'elle ressentait comme l'envie d'une pause. Bref. Elle avait donc décidé de se rendre à Legoland. Son âme d'enfant était toujours charmée par cet endroit, qui respirait une naïveté dont elle aimerait encore se bercer et se servir comme d'une excuse. Elle se souvenait la première fois que son père l'avait emmenée ici. Elle avait six ans, et elle avait voulu visiter le parc d'attraction en entier, rien que pour admirer les constructions en lego. Vous savez, quand on est gosse, c'est fascinant ces trucs-là. Bien que ça la fascine toujours un peu même aujourd'hui, preuve qu'au fond, elle était restée cette enfant. Elle tournait sur elle-même pour pouvoir tout voir, et ferma les yeux quelques courtes secondes pour s'inspirer des rires d'enfants qui résonnaient, et des cris des adolescents qui appelaient leurs amis pour aller essayer la toute nouvelle attraction. Avant qu'elle ne puisse les rouvrir, elle avait foncé dans quelqu'un. Forcément, hein ! Même les yeux ouverts elle rentrait dans tout le monde, à croire qu'elle ne regardait jamais où elle mettait les pieds, madame tête en l'air ! Elle rouvrit les yeux, prête à s'excuser avec son sourire angélique comme toujours, quand elle dévisagea l'inconnu pas si inconnu que ça dans lequel elle était rentrée. Bon sang. « Adonis... » murmura-t-elle simplement sans pouvoir cacher un léger soupir. Elle était contente de le voir, en vérité. Si si, je vous assure ! Mais bon. Entre eux c'était comme ça. Et elle était bien trop fière pour l'admettre. La première fois qu'elle l'avait vu, il portait encore des couches et elle aussi. Et les voilà, quinze ans plus tard, toujours pas perdus de vue. A croire que le destin était plus fort que leurs fiertés et que leurs nombreux différents.

Adonis. C'était le genre de type qui l'avait toujours insupporté. Ils se connaissaient depuis des années, et jamais, depuis le jour où elle avait quinze ans et qu'il lui avait demandé de but en blanc de coucher avec elle, elle n'avait réussi à l'apprécier à sa juste valeur. Son jugement avec lui était peut-être hâtif, il était un peu fondé néanmoins. Et pourtant... jamais elle ne pourrait lui faire de mal. Elle le connaissait si bien qu'il lui semblait qu'il appartenait à sa propre famille. Et Noë était trop bien élevée pour lui en vouloir à mort & puis c'était pas dans son caractère de garder de la rancune à vie. Elle fronça les sourcils sans répondre à sa pique. Ben cette maladresse, c'était sa principale caractéristique. Mais il la reconnu assez vite & elle afficha un sourire narquois. Son ton n'avait pas l'air si sympathique que ça. « Eh bien, j'me promène. Tu me surveilles ? » demanda-t-elle avec un léger rire ironique. Elle haussa un sourcil, passant sa main dans ses longs cheveux blonds. Elle soupira, observant la soirée qui tombait doucement. « Et toi, c'est ton genre d'endroit de trainer ici ? » Elle reposa ses yeux bleus foncés sur le jeune homme, curieuse de savoir ce qu'il venait si bien faire ici lui aussi. Peut-être n'avait-il aucune raison en fait. Un peu comme elle. Bien sûr, il avait fallu qu'ils se croisent, au hasard.

Ils avaient une relation des plus étranges. Entre frères & amants en fait. Mais non, non, je vous rassure, ils n'avaient jamais fait crac-crac ensemble. Bien que cela faisait des années à présent que le Adodosurmonbidot ben il voulait. Ouais, elle le soupçonnait parfois de la surveiller mais en même temps, elle avait toujours apprécié cette protection, mais elle ne l'avouerait pour rien au monde sans doute. Ben parce qu'elle avait une fierté, qui ressortait décuplée quand elle était en compagnie du jeune Powell. Faut dire qu'il était plus jeune qu'elle d'un an mais qu'elle l'avait toujours considéré comme plus vieux. :ROOHH: Étrange toussa. :HAN: Bref. « Ah c'est une bonne chose à apprendre, j'suis enfin grande ! » répliqua-t-elle avec un regard mauvais, sous-entendant qu'il l'avait toujours rabaissée. Son genre ? Pas du tout, mais elle n'avait pas envie de le contredire encore, c'était lassant là. :pi: Elle lui adressa un sourire de Barbie – vous savez, le sourire figé, faux et complètement égocentrique qui nous berne tous dans notre enfance ? – exagéré. « Alors, c'est que tu me connais bien mal, Keynon. » Alors oui, ce que vous devez savoir, c'que appeler les gens par leurs deuxièmes prénoms c'était le passe-temps favori de la blondinette. Elle lui adressa un regard peu amène avant de le contourner, comme si elle allait continuer sa visite toute seule. Puis d'un coup, elle fit volte face, revenant vers lui pour ne s'arrêter qu'à quelques centimètres, le regardant droit dans les yeux. Elle laissa son souffle s'échouer sur son visage. « Tu m'sers de guide, Powell ? Histoire que tu serves à quelque chose. » Bon sens, ils n'arrêteraient jamais, pas vrai ?

En plus de tout ça, Adonis ne lui facilitait pas la tâche. Parce que ce crétin était plus qu'attirant et qu'au fond, refuser ses avances pour ce genre de chose n'était pas chose si aisée que ça pour la blondinette. Mais elle tenait bon, se débattant comme elle pouvait en contrattaquant à chaque fois. Leur moyen de jouer. Oui, au fond, c'était ça n'est-ce pas ? L'un comme l'autre avait besoin de jouer. De s'amuser. Et ils avaient trouvé parfait adversaire avec qui le faire, faut-il croire. Elle ne prit même pas la peine de lui répondre. Eh bien quoi, que devait-elle dire ? Il mentait quand il disait ça, et elle le savait. Qu'il l'affirme pourtant avec autant de véhémence la laissait blanche de frustration, mais elle refusait de lui donner la satisfaction délicieuse qu'il aurait en la voyant se vexer. C'était leur passe-temps : trouver comment blesser l'autre. Aller plus loin encore dans leurs propos saillants et provocateurs. Ah, la provocation. L'arme parfaite qu'utilisait Noë avec lui. Elle haussa un sourcil en l'entendant. « Te payer ? » répéta-t-elle avec un sourire amusé, curieuse d'entendre et de savoir comment il voulait qu'elle le paye. Elle le suivit alors, comme s'il était vraiment un guide, silencieuse et docile. Elle fronça les sourcils, se demandant quel était ce lieu sombre, reculé, désert et ... attrayant par tout ça. Il lui prit la main pour la tirer en avant et elle frémit, se laissant emporter alors. « J'croyais vraiment que tu me connaissais assez après toutes ces années, Powell, pour savoir que moi non plus, j'ai pas grandi. » déclara-t-elle du tac au tac en le talonnant de près. Finalement, elle s'arrêta, observant les alentours, se découvrant une âme d'aventurière et ayant presque envie d'adrénaline. Elle avait envie de jouer, oui. Elle se tourna vers lui, croisant son regard et lança, d'un ton amusé et plein de défi : « Ok, on fait un cache-cache ? Ou bien on se lance des défis ? » 'fin elle voulait faire un truc quoi. Et elle savait qu'avec Adonis, aucun risque qu'il la prenne pour une gamine.