•• Aujourd'hui, c'est un de ces jours où il faut faire semblant. Il faut avouer que, depuis le lancement de ce défi – un peu stupide soit dit au passage – faire semblant avec cette jolie demoiselle est devenu une habitude. Cette jolie demoiselle s'appelle Morgane, elle est terriblement jolie, et si je tiens dans cette histoire de faux couple avec elle pendant deux semaines, mes idiots de potes me donneront deux places pour le parc d'attractions. Ouais, ça a beau être un peu con, ben c'est attrayant comme prix quand on est un gamin comme moi. Bref, aujourd'hui, ça fait bientôt une semaine et demie. Bientôt, le jeu sera fini & j'dois avouer que j'me suis attachée à la petite Hallinger. Today, elle a voulu aller faire du shopping. :pi: C'est pas trop mon truc, perso, mais autant lui faire plaisir non ? Après-tout, elle a bien accepté de jouer le jeu. Je l'attends devant l'immense centre commercial qui se tient dans mon dieu. Bon sang, comment font les femmes à ne pas se perdre dans ce truc ? Moi il me faudrait une carte et une boussole pour m'y retrouver. J'enfouis les mains dans mes poches en regardant ma montre. Je suis à l'heure, pourtant.

•• En effet, le pari prend bientôt fin & c'est ça qui est bon ! Même si j'avoue que la petite Momo va me manquer, parce qu'elle est drôlement jolie & que j'pourrais plus profiter de ses douces lèvres. Mais bon, toute bonne chose a une fin. La voilà qui arrive enfin. J'adore la regarder avancer vers moi, parfois elle semble si innocente avec son minois de petite fille que je lui donnerais douze ans. Je la laisse venir jusqu'à moi et me faire la bise, bien que je sois ravi qu'elle se rattrape au dernier moment. Merde, 'doit y avoir un espion. Ces crétins aussi, ils me suivent maintenant. J'suis un peu déçu du mini bisou qu'elle me donne mais ne dis rien, en bon garçon bien poli. Je jette un léger coup d'oeil vers la gauche & aperçois alors un de mes "potes" – le plus stupide d'entre eux, à croire qu'ils ont envoyé le plus simplet – qui détourne immédiatement le regard en croisant le mien. « Ouais, mais viens, on sera plus tranquille une fois à l'intérieur. » Je lui prends la main tout naturellement, et l'attire avec moi dans l'intérieur climatisé du centre commercial géant. J'aime pas trop cet endroit, j'me sens comme une fourmi dans une ruche d'abeilles. Je tourne la tête vers elle, esquissant un sourire. « Alors, comment tu vas ? » Ben ouais, je l'affectionne beaucoup quand même cette petite demoiselle.

•• Moi aussi je trouve ça drôle. C'est pas tous les jours qu'on peut jouer un rôle comme celui-ci, et puis faut avouer que c'est un plaisir de jouer au prince charmant avec si belle princesse. Je remarque néanmoins que pour une fois, la petite Hallinger n'est pas dans son état normal. Elle semble nerveuse, presque anxieuse. Est-ce qu'un tueur à gage la traque ? Elle serre ma main de plus en plus fort mais pas politesse, je ne dis rien. Pas encore, néanmoins. Je ne suis pas convaincu par sa réponse & c'est ce que je m'apprête à lui dire quand elle me devance. Elle se met à parler en français, avec un léger accent, et ça me fait drôle, puisque je n'ai plus vraiment l'habitude de parler cette langue, surtout ici en fait. Je comprends que c'est parce qu'elle ne veut pas être comprise des autres, mais pourquoi ? Bon, trop de questions tuent les questions. Elle a beau me dire de ne pas le prendre mal, au fond, ... je le prends mal. Je détourne le regard en lui lâchant la main, me mordillant la lèvre. Moi aussi je lui réponds en français. « Hmm non, ils sont coriaces. Mais tu sais, si t'en as tant marre que ça de moi, on peut arrêter, après-tout, ce ne sont que de simples places pour un parc d'attractions hein. » À la fin de ma phrase je tourne la tête vers elle en esquissant un demi-sourire se voulant convainquant. D'un autre côté, à penser qu'elle me supporte peut-être plus – me semblait ne pas avoir été trop chiant pourtant – ça me fout un coup. :pi: Mais je respecterais sa décision. J'me suis trop attaché à elle pour la contrarier. Sans deviner la vraie raison de sa question & de sa nervosité.

•• Son silence me fait peur je l'avoue. Au fil des jours, au fil de ce jeu stupide certes mais amusant, je me suis attaché à elle, et si elle me sort un truc du genre « ben en fait t'es vraiment un petit ami de merde » je le prendrais super à coeur. Elle quitte le français pour l'anglais. Cela n'a aucune différence pour moi, ça fait bien longtemps que je suis bilingue. C'est pas du tout ça ? Ah bon mais c'est quoi alors ? J'avoue que j'ai du mal à comprendre là. Je lui lance un regard interrogateur pour qu'elle s'explique, bien décidé à ne pas rester sur cette explication fade. Puis elle me balance enfin son explication. Que ça aille plus loin ? Hein ? Mais de quoi qu'elle cause la Hallinger là ? On a pourtant tout bien défini, elle & moi sachons que c'est tout à fait faux et il n'y a jamais eu trace d'une quelconque ambiguïté dans nos démonstrations strictement liées au défi. On pourrait croire que je vais comprendre de travers, mais en fait, c'est plutôt le contraire : je ne la crois pas du tout. Je me place face à elle. « Non non, j'oublie pas. Morgane, j'suis pas ton frère, ni ton père, ni ton mec, donc tu peux quand même me dire ce qui cloche non ? » je demande, toujours aussi franc et direct dans mes propos. Je sens que quelque chose ne va pas, et je lui caresse doucement la joue avec un fin sourire, comme pour la persuader qu'elle peut me dire ce qu'il y a. De toute façon, elle commence à me connaître j'imagine, donc elle doit savoir que je n'abandonnerais certainement pas si facilement. Et puis je sais pas comment vous dire mais... j'me sens "apte" à comprendre, vous voyez ?