Aaron&Luna

Il était clair que j'avais envie de sortir de là. De m'échapper de cet amphithéâtre, et de me sauver, de courir pieds nus dans la rue, de m'enfuir, et d'aller chanter à tue-tête dans les bois. Non pas que le cours d'histoire architecturale ne soit pas intéressant, au contraire, mais c'était un de ces jours creux où rien ne pouvait combler le vide que je ressentais. J'étais ailleurs. Je nageais dans une eau turquoise, et tiède, entourée de poissons tous plus colorés les uns que les autres. Je mangeais des sushis au Japon avec un de mes frères. Je... N'avais aucune envie d'aller en cours, en tout cas. Discrètement, du haut de l'amphi dans lequel je me trouvais, j'ai sorti mon portable de ma poche. Il était neuf heure vingt. Encore dix minutes à tenir et je pourrais me sauver. J'ai envoyé un message à mon frère.
Je savais bien qu'il n'aurait pas cours à cette heure-ci. Et j'avais terriblement besoin d'un thé.
Quand le professeur nous a enfin libérés, j'ai vissé mes écouteurs dans mes oreilles, une vieille chanson à fond. Ça recommençait. Ces envies presque irrépressibles. J'avais envie de danser, là, per exemple. De courir, de sauter, et d'emporter tout le monde avec moi. « Wake me up, before you go go ! » chantait mon Ipod.
J'ai traversé le campus en courant, pleine de l'adrénaline que provoque la course, souriante, et entraînée par la musique. C'est terriblement agréable de prendre une telle vitesse. C'était grisant, même. Tellement grisant, que je ne sentais même pas la morsure froid ambiant sur ma peau claire. Quand je me suis arrêtée au passage piéton, néanmoins, je me suis empressée d'enfiler mon manteau. J'ai traversé la rue, et suis entrée au Starbuck. Il faisait bien plus chaud, ici. J'avais certes envie d'un thé, mais quand la jeune femme derrière le comptoir m'a demandé ce que je désirais, j'ai commandé un chocolat chaud. Rien que l'idée de la chantilly épaisse, et du goût sucré, j'en avais l'eau à la bouche. Je me suis ensuite assise à une petite table, et j'ai posé mon manteau sur le dossier de ma chaise, réchauffant mes mains sur ma tasse en attendant Aaron.

Aaron&Luna

Et ben merde. J'allais certes en avoir pour cher, les garçons le savaient très bien. Une règle primordiale avait été imposée dès le début. Pas. Ma. Chambre. Arthur allait en voir de toutes les couleurs. Et pas des couleurs pastels. Et puis, ce sweet, il est hyper confortable. Et j'ai de la chance, parce que je sais que peu importe quels vêtements d'Arthur ou d'Aaron je met, il ne vont pas aller mettre les miens.
Roh. J'étais pourtant certaine qu'il était à mon frère quand je l'ai enfilé ce matin ! Ma chambre. Ma pauvre chambre. Oh, remarquez, bordélique comme je suis, elle ne doit pas être dans un état pire que celui dans lequel elle était à mon départ ce matin.
J'ai joins mon rire à celui d'Aaron. Mais Arthur allait prendre cher, au moins autant que moi pour porter son pull si précieux.
J’ai dit, une fois mon rire calmé. J’ai poussé ma tasse encore fumante vers mon frère en souriant, non pas après en avoir bu une gorgée. Le liquide absolument sucré et brûlant était délicieux. Juste comme je l’aimais. J’ai demandé à Aaron :
J’ai scruté le visage de mon frère, qui n’était pas génétiquement le mien. Il avait les traits tirés. Des cernes bleues sous les yeux. Les paupières violacées. Il n’avait pas pris la peine de se coiffer, ni de se raser. Il allait me détester de faire ça, mais je n’ai pas pu m’en empêcher.